Quand les forêts brûlent, c'est le climat qu'il faut regarder
A 3 mois des négociations de Cancun sur les changements climatiques et la préservation des forêts, les épisodes dramatiques pour ces écosystèmes se multiplient ; un signal inquiétant dans le contexte climatique et politique incertain actuel. Réaction de FNE.
Des épisodes dramatiques qui doivent donner l’alerte
Cet été a été marqué par une série d’épisodes qui ont touché aussi bien le Brésil, avec la récente tornade de feu, que la Russie qui a subi des feux de forêts sans précédent sur une surface forestière supérieure à celle de la corse. La sécheresse de cet été a atteint des records historiques, avec de lourdes conséquences sur les forêts alors même que leur maintien est vital pour la régulation du climat.
Les forêts puits de carbone : pour combien de temps encore ?
Une récente étude¹ a montré l’affaiblissement depuis 2000 de la capacité des forêts à stocker du carbone, très probablement sous les effets des épisodes de sècheresse répétés. Le phénomène est inquiétant car les forêts représentent le deuxième plus grand puit de carbone au niveau mondial, après les océans.
A l’aube de l’année internationale de la forêt, des décisions politiques devront changer la donne
Le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat) avait déjà anticipé ces épisodes dramatiques dans son rapport de 2007 alors qu’ils devraient s’intensifier dans les années à l’avenir.
La déforestation est responsable de 20 à 25% des émissions de gaz à effet de serre (responsable du dérèglement climatique). Créée lors de la conférence de Rio en 1992, la Convention Cadre sur les Changements Climatiques offre l’opportunité de prendre des mesures afin de » réduire les émissions à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique du système climatique» en intégrant la préservation des forêts dans cet effort de réduction des émissions. Les accords devront donc être à la hauteur des enjeux.
Pour Sébastien Genest, Vice-président de FNE, » il faut absolument qu’à la prochaine conférence, à Cancun en décembre prochain, la question des financements de la lutte contre la déforestation et celle de leur mise en oeuvre² avancent pour tendre vers un accord global mais surtout contraignant en 2011 en Afrique du Sud. »
Après les discours, des actes
Les 28 milliards ne doivent pas rester à l’état de belle promesse mais doivent servir, avant 2012, pour le financement de mesures de lutte contre la déforestation dans les pays en développement.
Pour Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale à FNE, » Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Des garde-fous sont indispensables pour se garantir contre des effets pervers prévisibles, comme le financement de plantation de palmier à huile ou d’hévéa à perte de vue, sous prétexte de reforestation ! »
¹ Drought-Induced Reduction in GlobalTerrestrial Net Primary Production from 2000 Through 2009, Maosheng Zhao and Steven W. Running, 2010
² Pour plus d’information : http://fne.asso.fr/sites/default/files/com/cp/dp-foret-300710.pdf