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Quelles nouvelles des loups ? - Les dernières données sur la situation du loup en France

Publié le 10 décembre 2008

Chargé par le Ministère de l’Écologie du suivi du loup en France, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) vient de publier les résultats des prospections de terrain réalisées cet hiver. 58 à 67 loups ont été recensés, soit un mieux par rapport à l’hiver 2006/2007 où la fourchette se situait plutôt entre 50 et 55 individus.









Contrairement à l’année passée, l’enneigement de cet hiver a été satisfaisant dans les Alpes, avec des chutes de neige dès la mi-novembre, contrairement aux Pyrénées où la neige n’est arrivée qu’au printemps, mais en abondance. Ces conditions météorologiques ont permis de suivre les pistes dans d’assez bonnes conditions, dans le massif alpin tout du moins.



Des zones de présence permanentes accrues



Ce suivi hivernal a mis en évidence que sur les vingt-trois zones de présence permanente (ZPP) identifiées pendant l’hiver 2006/2007, vingt-et-une sont toujours actives et trois nouvelles zones de présence permanente apparaissent.

Dans les Alpes de Haute Provence, l’on retrouve les cinq ZPP toutes constituées en meute de 2 à 4 individus. Seul 1 individu a été repéré pour la ZPP Trois Evêchés-Ubaye. Il est à présent établi que les individus présents sur le secteur Haut Verdon Bachelard et Grand Coyer représentent deux meutes bien distinctes, déterminant ainsi un nouveau secteur de présence qui reste toutefois à confirmer par les prospections de l’hiver prochain.

Pour les Hautes-Alpes, si l’on retrouve bien la meute du Béal Traversier (4 ind. en 2007/08 contre 6 en 2006/2007) et les deux meutes transfrontalières Queyras-Pellice et Clarée-Bardonnechia (2 ind. chacune), des questions se posent quant au secteur du Dévoluy-Faraud-Durbon. Pendant deux hivers consécutifs, aucun indice de présence n’a été découvert pour le secteur du Dévoluy, ni d’ailleurs pour le Jocou contiguë (Drôme). En revanche, des indices nombreux, dont des observations directes, ont été repérés entre les deux secteurs concluant à la présence de deux individus installés dans une nouvelle ZPP Jocou-Durbon-Devoluy.

Dans les Alpes-Maritimes, les quatre meutes sont toujours présentes. La meute transfrontalière Haute Tinée-Haute Stura passerait de deux individus à cinq et la meute de la Vésubie-Tinée, la plus anciennement installée en France, est la meute la plus importante, étant composée de six à sept loups. De plus, une nouvelle ZPP a été identifiée sur le massif du Cheiron-Esteron. Depuis six ans, de manière sporadique, des indices de présence ont été relevés et des constats de dégâts dressés, ne permettant pas pour autant de mettre en évidence la présence d’une meute. Mais la pression accrue des prospections conduites cet hiver a permis de déceler la présence de deux individus, un mâle et une femelle.



Dans les Alpes du Nord, la meute des Bornes en Haute-Savoie se serait enrichie d’un nouvel individu, soit deux loups à présent. En Savoie, si les loups des Bauges (1 ind.) et de la Haute-Maurienne (2-3 ind.) ont à nouveau été repérés, en revanche, l’individu de la Tarentaise repéré les deux hivers précédents, ce qui a permis de désigner une nouvelle ZPP, n’a pas donné signe de vie. Les spécialistes restent également dubitatifs quant à la situation du Thabor-Galibier où aucun indice n’a pu être trouvé alors que trois individus avaient été repérés en 2006/2007. Toutefois, des indices ont été décelés dans les alentours. Un événement anthropique ou naturel inconnu a peut-être entraîné ce déplacement. Faute de nouvel indice la saison prochaine, les deux ZPP de la Tarentaise et du Thabor-Galibier seront déclassées.

Dans la Drôme, la meute du Vercors ouest compte un individu de plus passant ainsi à cinq loups et la meute des Hauts Plateaux du Vercors, à cheval avec l’Isère stagne à deux ou trois individus. En Isère, il n’y a toujours qu’un seul individu sur le massif du Taillefer-Luitel. Pour la meute de Belledonne, à cheval avec la Drôme, de un à trois individus seraient installés.

Alors qu’aucun indice de présence n’avait été découvert dans le Var lors du précédent hiver sur le plateau de Canjuers, les prospections de cette saison devaient déterminer si cette ZPP devait être déclassée ou non. Les analyses génétiques conduites en 2007, et ce après la découverte d’un cadavre d’un loup, ont révélé la présence d’un mâle, présence corroborée par un contact visuel.



Une échappée belle vers les Pyrénées confirmée



Enfin, du côté des Pyrénées, bien que des indices aient été relevés sur le massif du Carlit dans les Pyrénées Orientales depuis 2002, ce secteur n’avait jamais été considéré comme une ZPP, faute d’indices nombreux et récurrents. Mais grâce aux indices découverts le précédent hiver – deux excréments confirmant la lignée italienne – qui s’ajoutent aux éléments de cet hiver, le massif du Carlit devient la 25ème ZPP. Mais ce qui est surtout à noter c’est qu’il s’agit de la première zone de présence permanente hors du secteur alpin.



Au final, vingt-cinq ZPP sont comptabilisées dont seize abritant des meutes, sept ne comptant qu’un seul individu et deux où la surveillance est accrue car aucun indice de présence n’a été relevé pour le premier hiver.



Des indices encourageants …



La récolte d’autres indices (excréments, poils, dégâts, prédation, typage génétique) sont encourageants. Ainsi, la présence d’un loup a été repérée dans le bas Verdon (Alpes de Haute-Provence), un autre dans le Büech (Hautes Alpes) et enfin la prédation d’un chevreuil dans le massif du Ventoux (Vaucluse) laisse supposer la présence d’un loup. En Isère, dans les massifs de l’Oisans et de Grandes Rousses, depuis l’automne dernier, des indices de présence font leur retour. Il en est de même à la frontière avec la Suisse, dans le massif du Chablais (Haute Savoie). La carcasse d’un chevreuil retrouvée à Voissant (Isère) semble indiquer la présence d’un loup. En Savoie, de nombreux indices ont été découverts près de Modane, laissant néanmoins planer le doute quant à leur interprétation : s’agit-il soit de l’arrivée éventuelle de nouveaux individus, soit de la démonstration des mouvements de la meute du Thabor-Galibier ? Une observation d’un canidé dans le Diois a été jugée comme étant probablement du loup.

Hors des Alpes, dans les Pyrénées Orientales, outre la présence permanente avérée à présent dans le massif du Carlit, des indices ont été découverts dans le massif du Madres, côté audois, sur le Canigou et sur le Cadi (Espagne). Des observations et un cas de prédation dans le Tarn laissent là aussi penser qu’un loup est présent dans la Montagne noire. En revanche, si l’analyse génétique et des observations ont attesté du passage d’un loup dans le Cantal, seul le suivi permettra de déterminer s’il y a installation ou non.



… Mais la vigilance reste de mise



Les résultats des prospections de l’hiver 2006/2007 laissaient poindre une certaine inquiétude, quelque peu tempérée par le fait que les sorties de terrain avaient été compromises par le manque d’enneigement entraînant ainsi un biais dans les interprétations. Les conditions moins clémentes de cet hiver ont permis une recherche des indices plus efficace. L’analyse de ces résultats permet d’estimer la population lupine présente sur le territoire français entre 58 et 67 loups. L’on retrouve ainsi les estimations d’il y a deux ans qui donnaient entre 56 et 67 loups.



Mais difficile d’être totalement enthousiaste face à ces résultats. En effet, il faut se rappeler que six loups figurent au quota du nombre de loups qui peuvent être abattus dans le cadre du protocole de tirs (voir LH n° 230). Outre les collisions avec des voitures, qui ont entraîné la mort d’une dizaine d’individus, les actes de braconnage se poursuivent. Pour les faits les plus récents, rappelons le cadavre de loup retrouvé le 9 août 2006 sur le plateau de Canjuers ou bien encore le loup découvert le 26 janvier 2008 par des promeneurs en Savoie, sur la commune de Presle. Plus récemment, un loup abattu par deux balles a été retrouvé en Isère le 17 octobre 2008 près de Villars-de-Lans. Comme pour toutes les destructions de loup, la Mission Loup de FNE a déposé une plainte.



Sources : Quoi de neuf ? Bulletin d’information du réseau n°19, ONCFS, 2008



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