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Biodiversité

20 bougies pour le loup

Publié le 9 novembre 2012

Il en fait du chemin depuis ce mois de novembre 1992 où il a été vu pour la première fois dans le parc national du Mercantour. Aujourd’hui, 250 loups sont présents et leur territoire s’étend au-delà de l’arc alpin. Même s’il l’on ne s’attendait pas à une fête tonitruante pour célébrer cette bonne santé, on ne s’attendait pas à un tel tir de barrage.

Vers un plan de régulation de l’espèce ?

Le 16 octobre 2012, lors de la réunion du Groupe National Loup, les  conclusions d’une mission confiée à deux inspecteurs du Conseil Général  de l’Écologie et du Développement Durable ont été dévoilées par le  ministère. Pour les tirs, ces propositions sont en rupture totale avec  la logique qui prévalait jusque-là :


  • augmentation et «territorialisation» du nombre de loups «prélevables»,

  • dispositions pratiques avec fusion du tir de défense et de prélèvement,

  • constitution d’équipes spécialisées pour les tirs,

  • non décompte des loups braconnés dans le nombre du plafond annuellement autorisé,

  • généralisation de la prolongation hivernale des autorisations si les tirs n’ont pas été effectués,

  • imputation des dépassements éventuels du plafond autorisé au plafond de l’année suivante, etc.


Des propositions qui ont été construites hors de toutes considérations scientifiques, et uniquement fondées sur un point de vue » gestionnaire».



Il convient de préciser que ces propositions sont pour le moment celles des rapporteurs et non celles des ministères de l’écologie et de l’agriculture, mais cela laisse redouter dans le contexte actuel que plusieurs de ces propositions soient reprises dans le prochain plan national loup pour la période 2013-2017 (actuellement en cours de rédaction).



Deux propositions de loi demandent la facilitation des tirs et la création de zones d’exclusion du loup



Le 10 octobre 2012, une » proposition»>http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion0261.asp»>proposition de loi visant à protéger les élevages dans nos montagnes et territoires ruraux des attaques de loups » a été déposée par des députés de départements concernés par une présence historique du loup (Alpes Maritimes et Pyrénées-Atlantiques) ou par une arrivée récente du loup (Aveyron, Doubs, Jura, Lozère, Haut-Rhin, Vaucluse). Par cette proposition de loi, les tirs du loup se trouveraient facilités car il s’agirait de permettre à tout éleveur de tirer sur » tout loup menaçant les élevages «, et ce y compris dans les cœurs de parcs nationaux. Les éleveurs non titulaires d’un permis de chasser se verraient exemptés de l’épreuve théorique lors de leur passage de l’examen. Il est à noter quel’exposé des motifs de la proposition de loi pour démontrer l’augmentation des pertes dues au loup se base sur les chiffres d’un article du Figaro qui sont faux. Selon les députés, le cheptel national serait de 700 000 bêtes et non pas de 7,5 millions selon les chiffres du ministère de l’agriculture.



Le 16 octobre 2012, cette fois c’est un sénateur, Alain Bertrand (Lozère), qui dépose une «proposition»>http://www.senat.fr/leg/ppl12-054.html»>proposition de loi visant à créer des zones d’exclusion pour le loup «. Dans ces zones d’exclusion, l’abattage du loup serait autorisé indépendamment du prélèvement défini au niveau national. Ces zones seraient délimitées annuellement et un plafond de destruction spécifique serait déterminé pour chacune d’entre elles. Ces zones seraient constituées par des communes dans lesquelles les troupeaux subiraient des dommages importants » causant une perturbation de grande ampleur aux activités pastorales en dépit des mesures de protection «. Il est précisé que ces zones d’exclusion ne peuvent pas mettre en péril la présence du loup sur le territoire.



Des parcs naturels régionaux et nationaux anti-loup…



Le 18 septembre 2012, le bureau syndical du parc naturel régional des Monts d’Ardèche a voté, à la quasi-unanimité, une délibération déclarant que » compte tenu de l’incompatibilité avérée de cohabitation du loup  et des activités pastorales sur le territoire des Monts d’Ardèche et considérant que la présence du loup est une calamité agricole «, le parc choisit » d’exprimer un soutien prioritaire à l’élevage.»



Un mois plus tard, le parc national des Cévennes prend à son tour une délibération déclarant que la présence du prédateur n’est pas compatibleavec les techniques d’élevage mises en œuvre sur le territoire du parc et demande que le parc national devienne une zone d’exclusion du loup et que les tirs de défense soient autorisés en zone cœur !



Notre fédération ne laissera pas faire



FNE s’inquiète vivement de ces prises de position démagogiques. Instaurer des zones d’exclusion du loup est un non-sens biologique, écologique et politique.



Par ailleurs, si les acteurs locaux se posent la question de l’incompatibilité du loup avec l’agropastoralisme, nos associations tiennent à préciser que depuis longtemps, elles se posent la question de la compatibilité de l’agro-pastoralisme au sein d’une zone cœur de parc national. La présence parfois de centaines de milliers de brebis, le piétinement et le surpâturage d’alpages à la flore remarquable, les maladies ovines qui se transmettent à la faune sauvage, les traitements vétérinaires déversés dans les milieux, sont autant de dérives qu’il convient également de traiter.



FNE rappelle que c’est l’État qui a choisi dans la loi de 2006 de confier aux acteurs locaux la prépondérance dans la gestion de ces territoires d’exception, leur faisant ainsi confiance pour défendre l’intérêt général en assurant la conciliation de la protection de la nature et les activités humaines. Faut-il revenir sur cette confiance et songer à re-nationaliser les parcs nationaux ?



FNE estime que l’heure n’est pas non plus à la régulation de l’espèce. Les dérogations avec tirs de défense et tirs de prélèvement mis en place par l’État sont le seul dispositif que notre fédération puisse accepter, car c’est le seul permis par les réglementations, internationale, européenne et nationale. Notre fédération, comprenant que l’espèce peut engendrer sur certains territoires des pressions fortes pour l’élevage, est favorable à une gestion adaptative de l’espèce avec une plus grande souplesse selon les situations, mais elle

ne peut à ce stade cautionner un plan de régulation du loup.



Alors que tous les acteurs liés à la problématique » loup » se rassemblent pour travailler ensemble à la prochaine mouture du plan national d’action loup pour la période 2013/2017, il serait sans doute responsable que les acteurs politiques et syndicaux recherchent des solutions de long terme, qui tout en prévoyant une  gestion de l’espèce acceptent le principe de la co-habitation avec elle.


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