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Canal Seine Nord Europe : pas seulement un problème financier...
Suite à l’annonce des deux candidats au dialogue compétitif [1] Bouygues et Vinci des difficultés financières rencontrées pour le bouclage du projet, le gouvernement a décidé de confier au CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable) et à l’IGF (Inspection générale des finances) « une mission d’analyse et de proposition portant sur la faisabilité financière » du canal Seine-Nord Europe, jeudi 30 août 2012. En effet, faute de rester à l’heure actuelle dans une enveloppe financière convenable, le projet du canal Seine Nord Europe est donc dans l’attente d’une nouvelle étude économique et de l’octroi de nouveaux financements… Décryptage de France Nature Environnement.
Lors de l’enquête publique de 2007, FNE avait souligné dans sa contribution les énormes risques financiers que ce projet engendrait : coûts très importants susceptibles de dérive, péages élevés, montage financier partenariat public privé (PPP) très risqué pour ce type d’investissements, sous évaluation des contraintes environnementales…
Nous soulignions que ce projet d’infrastructure ne pourrait être utile à la société qu’avec une véritable volonté de transfert modal vers les modes alternatifs à la route et des choix de mener une autre politique des transports conforme aux engagements du Grenelle[2].
Aujourd’hui tout est fait à l’envers pour justifier un tel projet d’infrastructure :
- Généralisation à venir des poids lourds à 44 tonnes ;
- Retard dans la mise en place de la taxe kilométrique poids lourds avec un niveau de perception très bas ;
- Nouvelle détaxation pour le gaz oil professionnel (part régionale de la TICPE) ;
- Aucune volonté en France de prise en compte des externalités des transports routiers malgré les possibilités données par la Directive Eurovignette ;
- Continuation soutenue du programme autoroutier.
Pour Gérard Allard, spécialiste transport de marchandises à France Nature Environnement : » En ne prenant pas les bonnes décisions orientant le transport de marchandises vers les modes alternatifs, les gouvernements successifs ont condamné d’eux mêmes toutes perspectives de développement massif des modes alternatifs que sont le ferroviaire et le fluvial. De ce fait, dans le contexte économique actuel, pourquoi investir 4, 5, 6 milliards et peut être plus dans une infrastructure de transport dont les capacités seront surdimensionnées avec toutes les incertitudes financières qui en découleront ? «
[1] Le dialogue compétitif doit permettre de définir l’attribution d’un contrat de partenariat portant sur le financement, la conception, la construction, l’exploitation, l’entretien, la maintenance et la régénération du futur canal Seine-Nord Europe et de ses aménagements connexes, dont la réalisation de l’infrastructure de quatre plates-formes multimodales.
[2] Atteindre 25 % de fret non routier d’ici 2022.