Actualité
Biodiversité

Dans nos montagnes, on veut des éleveurs et pas des braconniers

Publié le 4 septembre 2012

Le 17 juillet 2012, le député européen écologiste, José Bové, était interrogé par Radio Totem sur le loup et la prédation sur les troupeaux d’ovins. Sans aucune hésitation, il a invité les éleveurs à tirer sur le loup s’il attaquait leurs troupeaux.

L’ex paysan, désormais élu européen, s’est déjà exprimé par le passé et à plusieurs reprises contre le loup. En cas d’attaque du canidé sur son troupeau, il précisait à l’époque qu’il n’hésiterait pas à recourir au fusil. Mais cette fois, José Bové a trempé sa célèbre moustache dans la soupe servie et resservie par les démagogues en lançant carrément à l’attention des éleveurs un appel général à braconner.



Ecouter»>http://www.radio-totem.net/medias/news/Jose_bove_180712.mp3.mp3»>Ecouter les propos de José Bové sur Radio Totem le 17 juillet 2012



Par ces propos irresponsables, José Bové ne sert pas la cause des éleveurs, bien au contraire. D’éleveurs, il les invite à devenir braconniers. Il suggère faussement que la réglementation en matière de protection de la biodiversité placerait la nature sauvage au-dessus de l’homme et que cette réglementation ne laisserait pas d’autre choix aux éleveurs que de prendre leur fusil pour défendre les fruits de leur travail.



Or, dans nos montagnes, nous voulons des éleveurs et pas des braconniers et il n’est pas utile aux éleveurs de troquer leur bâton et leur chien contre le fusil et le poison.



Nous rappelons aux éleveurs que contrairement aux dires de José Bové, le loup peut faire l’objet de tirs autorisés dans certaines conditions et ce bien qu’il soit protégé par la Convention de Berne, la Directive européenne dite Habitats et la réglementation nationale.



En effet, le législateur a prévu la possibilité d’abattre des loups pour prévenir des dommages importants et récurrents sur les troupeaux. Ainsi, les éleveurs, pour défendre leurs troupeaux, peuvent être autorisés par le préfet à procéder à des tirs non létaux sur un loup qui viendrait attaquer leurs troupeaux. En cas d’échec de cette mesure, un tir de prélèvement qui vise cette fois à abattre le prédateur pourra être autorisé. De telles procédures sont actuellement déclenchées dans plusieurs départements.



Le législateur a également prévu que tout acte de destruction mené à l’encontre du loup hors de ce dispositif sera considéré par la justice comme un braconnage et donc un délit qui pourra être sanctionné par une amende de 15 000 euros et puni par 1 an de prison.



L’appel de José Bové constitue donc un appel à commettre un acte délictueux et ceux qui risquent d’en pâtir, c’est bien ceux qui suivraient cet avis irresponsable et détruiraient un loup hors du cadre réglementaire.



Une fois encore, nous avons à faire à un responsable politique qui choisit l’option de facilité.



Notre fédération appelle à la sérénité, seul gage du succès des prochaines discussions sur le nouveau plan d’actions sur le loup qui fixera pour les cinq années à venir les lignes directrices de gestion de l’espèce.



Mais pour y parvenir, il faudra que chaque acteur fasse preuve d’ouverture.



Prenons l’exemple des tirs. Ils sont autorisés depuis plus de dix ans, plus de 70 tirs de loups ont été autorisés et 7 loups ont été tués l’année passée, plus de 80 tirs de défense sont autorisés à ce jour cette année. Très sincèrement, des tirs supplémentaires l’année prochaine vont-ils améliorer la situation des éleveurs ? L’évaluation des dispositifs existants, leur amélioration nécessaire, pourront seules permettre une évolution positive à la situation créée par le retour naturel de ce prédateur.



Notre fédération souhaiterait que les réflexions à venir sur le nouveau plan d’actions s’inscrivent dans une démarche sereine, intelligente, novatrice, solidaire et ne soient pas inscrites dans les sempiternels refrains démagogues.



Pour cela, il faut tirer des enseignements des dispositifs qui ont été mis en œuvre jusqu’à présent. Il faut sans aucun doute, tester de nouvelles méthodes de protection comme nos voisins suisses sont en train de le faire. Il faut également parvenir à mieux valoriser les produits de qualité que nos éleveurs, par leur travail et leur savoir-faire parviennent à produire. Il y a sans doute d’autres pistes encore à explorer, mais pour cela il faut des esprits ouverts, inscrits dans notre époque, loin des solutions radicales de nos anciens.



Notre fédération ne veut pas de montagnes sans éleveurs ni moutons. Elle ne veut pas non plus de montagnes sans prédateurs, grand tétras, ni chauves-souris.



Septembre 2012




🦔📣 Faites un don et donnez une voix à la nature ! Défiscalisation possible jusqu’au 31 décembre 💚