Dérèglement climatique : 3 mesures concrètes que peut mettre en place la France

COP21 : alors que les négociateurs discutent d’un potentiel accord international, que peut concrètement faire la France pour entrer dans une ère décarbonée ? Si la sortie des énergies fossiles, la réduction des déchets ou encore l’abandon du modèle agricole industriel sont des objectifs à moyen terme visés par France Nature Environnement, nous avons fixé, à court terme, trois priorités qui montreraient des effets bénéfiques rapidement et permettent d’enclencher la transition.

Arrêter la destruction des zones humides : 3 % à 4 % du territoire, elles stockent 25 % à 30 % du carbone.

Aires de rencontres entre l’eau et la terre, les zones humides sont des écosystèmes phénoménaux dont les caractéristiques s’avèrent précieuses face au dérèglement climatique. Des joyaux trop souvent méconnus et maltraités :  67% d’entre-elles ont disparu depuis le début du 20ème siècle selon un rapport datant de 1994.

Dans notre article « en quoi les zones humides sont-elles d’utilité publique ? » nous rappelions cinq richesses de ces lieux :
-  l’abri d’une biodiversité abondante : 30 % des espèces végétales remarquables et menacées y vivent, 50 % des espèces d’oiseaux en dépendent.
- un rôle de régulation des sècheresses et des inondations puisqu’elles fonctionnent telle une éponge qui stocke et relâche progressivement l’eau,
- la capacité de dépolluer de l’eau notamment grâce à sa végétation,
- le stockage de 25 % à 30 % du carbone responsable du dérèglement climatique alors que ces terres ne représentent que 3 % à 4 % du territoire.
- la limitation de l’érosion des sols, phénomène qui contribue notamment à la dispersion de la pollution.

Ces atouts considérables sont pourtant rongés par l’agriculture intensive, des projets d’aménagements hydrauliques inadaptés, la pression de l’urbanisation ou encore des infrastructures de transport.

Les sites de zones humides les plus connus ? La baie du Mont Saint Michel, la Camargue ou encore le marais poitevin mais aussi Sivens, Roybon ou encore Notre-Dame-des-Landes.

Ce que l’État peut faire concrètement aujourd’hui : un moratoire, c’est à dire une suspension provisoire, de toutes les autorisations de destruction de zones humides.

Augmenter la taxe carbone pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre

C’est combien ? A chaque achat, à chaque facture, c’est la question fatidique. Et la logique de la taxe carbone, aujourd’hui nommée contribution climat énergie (CCE), est simple : plus un produit est cher, moins il est consommé. L’enjeu est donc de fixer un prix, une valeur aux pollutions afin de rendre les produits énergétiques polluant moins attractifs sur le marché. Son principe a été décidé lors des accords du Grenelle environnement.

Seulement, alors que le taux de base préconisé était de 32 euros la tonne en 2010 avec une augmentation de 5 % par an, aujourd’hui la tonne affiche un bien faible prix : 14,5 euros en 2015. Un signal encore insuffisant pour impulser un changement de comportement. Et puisque les ressources financières tirées contribuent au financement des alternatives et de la lutte contre la précarité énergétique, augmenter cette contribution, c’est se donner les moyens d’accélérer la transition énergétique.

Ce que l’État peut faire dès aujourd’hui : revoir à la hausse le prix du carbone dans la loi de finance 2016 avec un prix de 60 euros la tonne en 2021.

Rénover le parc immobilier de l’État en commençant par les bâtiments universitaires

Les bâtiments universitaires, ce ne sont pas moins de 18 millions de mètres carrés en France, une partie du vaste parc immobilier de l’État. Et puisque la transition énergétique passe aussi par une diminution des consommations, la rénovation de l’ensemble de ces bâtiments s’avère indispensable. France Nature Environnement considère que les étudiants devraient être les premiers bénéficiaires d’une mise à niveau «bâtiment basse consommation». Une rénovation des universités mais aussi des cités U. En 2013  la France proposait plus de 165 000 logements de ce type et le loyer est le premier poste de dépense des étudiants. Ainsi, leur donner la priorité sur une rénovation énergétique est tant une mesure environnementale que sociale, en offre ainsi un cadre d’étude digne de ce nom.

Ce que peut faire l’État concrètement : lancer un grand plan de rénovation du parc immobilier national, en commençant par une mise au niveau « Bâtiment basse consommation » d’ici 2030 du parc universitaire avec une feuille de route comportant un calendrier et un plan d’engagement financier.