FNE présente sa vision de la gestion durable des forêts à Genève

Le « stakeholders dialogue » organisé par PEFC council qui s’est tenu le 17 juin 2009 avaient pour but d’ouvrir le processus de révision des documents techniques (annexe 2 et 3) de PEFC et de les arrêter pour les 6 ans à venir. Ce moment d’échange a permis à toutes les entités gravitant dans la sphère PEFC de présenter leur vision de la gestion durable des forêts dans un contexte de certification internationale. Des partie-prenantes de tous horizons (secteur privé, entreprises de la filière bois, ONG, agence internationales, etc.) ont pris part aux discussions afin de faire une évaluation de l’action de PEFC sur la dernière décennie.

FNE a été le premier acteur à présenter à cette occasion sa vision de la gestion durable des forêts à l’international et la manière dont nous voyons le rôle de la certification, et de PEFC en particulier.

PEFC ayant choisi de s’orienter de manière stratégique vers les Sud Global (tropical + boréal), nous avons souligné la nécessité de faire évoluer les métastandards sur lesquels les critères PEFC se reposent dans les processus de reconnaissance mutuels.

En effet, il semble qu’aujourd’hui le PEOLG et certains des textes issus des processus gouvernementaux sont qualitativement insuffisants pour assurer la durabilité forestière dans certains pays, notamment dans le sud.

Aussi avons-nous demandé la prise en compte des paramètres suivants lors de la prochaine révision des documents techniques :

- Etablir une bonne définition des forêts. En effet, sur bien des projets internationaux, à commencer par le mécanisme onusien REDD, on considère les plantations à grande échelle en rang d’oignon comme des forêts. Or, il n’en est rien lorsque l’on prend en considération les aspects liés à la biodiversité, le cycle de l’eau et les capacités de stockage carbone. Certaines zones à haute valeur environnementale (forêts anciennes, zones humides, etc.) doivent être catégorisées dans un système d’approche intégrée.

- Les aspects sociaux doivent être pris en compte. Aujourd’hui, 1.6 milliards de personnes sont dépendants directement ou indirectement des forêts. 360 millions de personnes issus des peuples indigènes sont supposés avoir des droits sur les forêts où ils vivent. Dans plusieurs pays, le bois est une manne finançant la corruption et les guerres locales ou nationales. De plus, la question de la propriété n’est pas résolue, cristallisée par l’opposition frontale entre droit moderne et coutumier. Toutes ces questions doivent être prises en compte dans les processus de gestion durable des forêts.

- La question de la légalité et de la durabilité est aussi primordiale. Comme c’est le cas pour les droits de l’homme, les lois nationales ne sont parfois pas garantes de l’intégrité environnementale des territoires qu’elles régissent. Il est important de réinventer les mécanismes qui puissent assurer la durabilité quand le niveau de la légalité est faible.

- La conversion est également un défi. Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, les forêts ont jusqu’à très récemment souvent été vues comme des puits de carbone. Les plantations étaient considérées sous ce prisme et devaient jouer le même rôle que les forêts primaires. La conversion étaient donc vu comme une « best practice ». Aujourd’ hui, on sait qu’il n’en est rien et que les impacts en terme de biodiversité sont très négatifs.

- La représentation des partie-prenantes dans les organes de décision. La durabilité dans la gestion des forêts ne peut être acquise que lorsqu’un consensus est trouvé entre toutes les parties (c’est le cœur de métier de FNE). Il est important d’associer tous les groupes environnementaux, sociaux, économiques et politiques dans les processus d’élaboration des standards. Comme nous pouvons le constater dans les points précédents, de nombreuses questions nécessitent un point d’équilibre qui ne peut souffrir aucune absence dans les groupes d’interêt.

-PEFC doit inscrire dans ses processus de reconnaissance la marque des grandes conventions internationales garantes des piliers de la gestion durable des forêts : Convention sur la Biodiversité, Déclaration des UN sur les droits des peuples indigènes, etc.

- Protection des espèces menacées. Il est crucial de prendre en compte les listes noires et rouges de l’UICN qui font loi dans les critères internationaux de certification PEFC (métastandards).



FNE a déjà fait passer sous forme de note ses exigences et œuvrera dans la groupe de révision pour une réorientation des critères de gestion durable des forêts.