FNE signe la déclaration de Leuenberg

Du 12 au 14 juin, s’est tenue à Leuenberg en Suisse, le Forest Movement Europe, un forum réunissant des ONG du monde entier dans le but d’échanger sur les aspects liés à la forêt. La déclaration finale signée par toutes les parties en présence a pour but de pousser les décideurs à prendre correctement la forêt en compte dans le futur accord sur le climat.

Le rapport Stern stipulait que la lutte contre le déboisement était un moyen relativement bon marché d’atténuer le changement climatique. Le mécanisme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation) s’est inscrit dans cette logique, c’est un système de réduction compensée : Il s’agit de donner la possibilité aux pays producteurs d’offrir des réductions d’émissions de carbone par la conservation des forêts, en échange de l’accès aux marchés internationaux pour le commerce des émissions.



Le débat se poursuit depuis Bali avec une rapidité relative au sein de la CCNUCC, au détriment de nombreux aspects méthodo, politiques et éthiques. Pour FNE et les ONG présentes en Suisse, l’imminence de Copenhague fait que l’on risque de manquer de temps pour rendre viable un système si complexe et de régler toutes les questions encore en suspens :

- Le système REDD vise à réduire les émissions liées à la déforestation, non à les stopper. Or, 20% des émissions totales de GES dans le monde sont issues de la déforestation et réduire les émissions liés à la déforestation est sensé être le moyen le plus économique de lutter contre le CC.

- Le mécanisme est basé sur une définition de la forêt qui inclut les plantations. Les grandes plantations d’arbres en régime de monoculture causent de graves problèmes écologiques et sociaux.

- Le REDD ne peut par essence qu’être financé par la vente de crédits de carbone forestiers sur les marchés réglementaires internationaux, c’est en effet le seul moyen d’abreuver le mécanisme des fonds nécessaires à son fonctionnement. Or, si le système était financé par le biais des compensations de carbone, les pays de l’annexe 1 ne seraient pas tenus d’atteindre les réductions en remettant en cause leur mode de production à forte intensité de carbone.

- Le système serait soumis aux aléas du marché et de la spéculation ; les pays pourraient voir réduite leur souveraineté sur leurs ressources naturelles car des investisseurs étrangers pourraient acheter les services des forets

- Le REDD remet au gout du jour une question que l’on se pose depuis longtemps : a qui appartiennent les forêts ? Qui peut vendre des crédits forets ? Faute de droits fonciers bien définis dans la majorité des cas, les peuples indigènes e autres communautés tributaires des forêts ne seront pas en mesure de recevoir des incitations pour leurs « longs efforts de conservation » (qualification, problèmes fonciers…) . Il y a aussi un fort risque de sanctuarisation des forêts pour leur valeur carbone, interdisant du jour au lendemain à des populations de continuer à vivre des forêts.