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France : 24 000 décès attribuables à l'inaction face au Dieselgate
Il y a dix ans, le scandale du Dieselgate révélait que des constructeurs automobiles mettaient sur le marché des véhicules diesel émettant beaucoup plus de polluants que ce que la réglementation autorisait. La France aurait alors dû imposer aux constructeurs de rappeler ces véhicules ou rembourser les consommateurs floués. Cette inaction a eu, et continue à avoir, des conséquences sanitaires et économiques évitables et chiffrées, dont l’ampleur précise est révélée pour la première fois.
24 000 décès évitables et 146 milliards d’euros de coûts économiques
Des maladies et des décès en France et en Europe
Dans une étude inédite, le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) estime les impacts des sur-émissions de polluants des véhicules diesel soupçonnés d’avoir été équipés de dispositifs d’invalidation des systèmes de réduction des émissions. Il s’agit de voitures diesel vendues entre septembre 2009 et août 2019 sous les normes Euro 5 et 6 antérieurs au test RDE. Ces sur-émissions s’ajoutent aux émissions « légales », et n’auraient jamais dû polluer l’air que nous respirons.
Au total en France métropolitaine, entre 2009 et 2040, les émissions domestiques excédentaires du Dieselgate pourraient causer :
- 24 000 décès prématurés
- 26 000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants
- Un coût économique de 146 milliards d’euros (en raison des pertes de productivité, des soins, des décès prématurés…).
Les effets de la pollution de l’air sont bien documentés : maladies respiratoires, cardiovasculaires, cancers, diabète…provoquant des souffrances quotidiennes. 2,4 millions de jours de congés maladie seront imputables aux sur-émissions liées au Dieselgate entre 2009 et 2040, avec un impact direct sur les finances publiques.

Une partie importante de ces impacts reste à venir
Les sur-émissions des polluants par ces véhicules diesel ont déjà coûté la vie à 16 000 personnes entre 2009 et 2024. Si l’État agit dès aujourd’hui, il pourrait empêcher, d’ici 2040, la survenue de :
- 8 000 décès prématurés
- 8 000 nouveaux cas d’asthme infantile
- 45 milliards d’euros de pertes économiques
- 800 000 journées de travail perdues en congés maladie
Les sur-émissions du Dieselgate sont les plus dangereuses
Deux tiers du fardeau sanitaire et économique de la pollution émise par ces véhicules auraient pu être évités si l’industrie automobile avait respecté la loi.
En effet, 63% des émissions des véhicules suspectés d’avoir un dispositif d’invalidation sont des sur-émissions.

La France entière est touchée

Les sur-émissions de dioxyde d’azote sont réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain, et s’intensifient autour des axes routiers et dans les villes et métropoles. Les personnes résidant près d’un grand axe routier peuvent être 2 à 5 fois plus exposés aux polluants routiers, sans compter le bruit associé qui a également un effet sur la santé.
Des populations vulnérables plus impactées
Enfants, femmes enceintes, personnes âgées, mais également les plus précaires subissent davantage les conséquences de la pollution de l’air. Par exemple, Santé publique France a démontré que les enfants vivant dans les quartiers moins favorisés sont plus exposés aux risques de développer de l’asthme à cause de la pollution.
Les décès, les maladies et les coûts économiques liés à ces sur-émissions sont directement imputables à l’inaction des constructeurs automobiles face aux révélations de leurs pratiques délétères, et au laxisme des gouvernements français depuis de trop nombreuses années.
Toute l’Europe est concernée par l’inaction des États
Dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, les sur-émissions impunies du Dieselgate pourraient causer entre 2009 et 2040 :
- 205 000 décès prématurés
- Un coût astronomique estimé à près de 1 200 milliards d’euros
L’inaction des pays voisins alourdit encore plus le fardeau en France : les sur-émissions transfrontalières, générées dans les pays voisins mais transportées dans l’air jusque dans notre pays, ajouteront 7 000 décès prématurés entre 2009 et 2040, pour un total de 31 000 décès en France. Ceci confirme qu’une action doit être mise en place conjointement dans tous les pays européens.
Le Dieselgate : une injustice pour les consommateurs et la planète
Agir aujourd’hui pour sauver 8 000 vies et prévenir les souffrances des familles
La France doit agir sans attendre, des vies humaines, des souffrances et des milliards d’euros sont en jeu. À l’instar de l’action menée en 2015 aux États-Unis, le Gouvernement français doit contraindre les constructeurs à mettre en conformité, à leurs frais, les millions de véhicules concernés, ou rembourser les ménages lésés, si l’adaptation aux normes en vigueur est impossible.
Depuis 2020, la France a l’obligation de surveiller le marché automobile, or les véhicules non conformes n’ont toujours pas été massivement rappelés et mis aux normes. FNE avait alerté sur ce sujet et déposé une plainte auprès de l’État en 2023. Aucune action corrective de grande ampleur n’a été lancée depuis.
Comment les ménages ont-ils été enfumés ?
Dans les années 2000, les gouvernements européens avaient favorisé l’achat de véhicules diesel, soutenus par le lobbying de l’industrie automobile, malgré les émissions de polluants nocifs pour la santé.
Cependant, en 2015, l’International Council on Clean Transportation (ICCT) révélait que Volkswagen avait équipé des millions de véhicules diesel de dispositifs d’invalidation : c’est le scandale du Dieselgate. En 2023, une nouvelle étude de l’ICCT montrait que presque tous les constructeurs y avaient probablement eu recours entre 2009 et 2019. Sur les routes françaises, au moins 1 véhicule sur 10 est un diesel qui pollue nettement plus que la norme, car 77% des véhicules diesel vendus entre 2009 et 2019 en France génèrent des émissions suspectes.
En désactivant les systèmes de dépollution en dehors des conditions de laboratoire, ces véhicules ont non seulement rejeté dans l’air des quantités de polluants supérieures aux normes légales de pollution, mais ont également une consommation plus élevée de gazole que les déclarations des constructeurs.
Contraindre l’industrie automobile à réparer les dommages qu’elle a causés serait une mesure efficace pour les consommateurs, la santé publique et l’environnement.

Pour aller plus loin : Le poids total du diesel sur la mortalité des transports
En 2024, une campagne de FNE révélait que « Le diesel tue toujours ». Cette affirmation a été chiffrée par une étude internationale. En France, les véhicules diesel routiers (voitures, utilitaires et poids lourds) sont responsables de 65 % des décès attribuables aux émissions totales du secteur des transports. 8 % des décès sont causés par les autres véhicules routiers (essence, gaz, hybride, électrique). Les véhicules non routiers (BTP, agriculture…) causent quant à eux 13 % des décès et le transport maritime international 14 %.