Le Scaphandre : l’accessoire tendance du printemps ?

Nous sommes tentés de vous conseiller de prendre une grande inspiration avant de lire cet article, mais puisque France Nature Environnement tient à vos poumons, nous vous le déconseillons en cas de pic de pollution. Pourquoi la France a-t-elle connu de tels épisodes ces derniers jours ? Qui mettre en cause ? Quels sont les risques mais surtout quelles sont les solutions à mettre en place du point de vue politique ? France Nature Environnement fait le point.

Particules fines PM 10, PM 2,5… De quoi s’agit-il ?

Ces cartes de pollution atmosphérique produites par Prev’air»>http://www2.prevair.org/»>Prev’air, organisme national de référence en matière de suivi de la pollution atmosphérique, sont sans appel : il n’y a que sur l’île de beauté que l’air s’avérait à peu près respirable en France le 20 mars 2015, au plus fort de l’épisode de pollution atmosphérique. Les taux de PM 10 (à gauche) et PM 2.5 (à droite) atteignent des niveaux records. Mais que désigne ce langage aux allures techniques ? PM signifie en anglais » particulate matter «, soit particule fine, un terme générique englobant l’ensemble des composants solides de très petites tailles transportés par l’air. Plus ces particules sont fines, plus elles s’infiltrent facilement dans les corps et deviennent dangereuses. Deux mesures sont retenues par la règlementation européenne : les particules fines dont le diamètre est inférieur à 10 microns (PM10) et celles inférieures à 2,5 microns (PM2.5). Et si une part des particules fines est d’origine naturelle (iode, incendie, éruptions volcaniques, poussière minérale…), l’Auvergne n’a pas vu ses volcans se réveiller et aucun grand incendie n’a enflammé la France en ce mois de mars, il s’agit donc d’une pollution d’origine humaine. Mais laquelle ?

Non, toute la faute n’est pas à mettre sur le dos des Allemands

Dernièrement, les centrales à charbon allemandes ont été mises en accusation. La France serait-elle donc la malheureuse victime des pollutions de ses voisins ? Les Français innocents dans ces épisodes de pollution atmosphérique ? Même si les centrales à charbon contribuent à la dégradation de la qualité de l’air, la faute ne peut pas être systématiquement reportée sur les autres. D’autant plus qu’en termes de pollution du voisinage, la France est loin d’être exemplaire : elle exporte 56 % de sa pollution atmosphérique du fait de vents dominants allant d’ouest en est.

Le printemps, propice aux pics de pollution, n’est pas le responsable

Mais si l’Allemagne n’est pas entièrement fautive alors qui ? Un épisode de pollution atmosphérique est survenu l’année dernière à la même période, n’est-ce donc pas le printemps qui est à mettre en cause ? Les pics de pollution atmosphérique du printemps risquent en effet de devenir une tradition si la question n’est pas sérieusement prise en main. Car la pluie fait tomber les particules fines au sol et le vent les disperse : deux variables souvent absentes en début de printemps. Le soleil, lui, favorise la réaction dans l’air des polluants et contribue même à former des polluants secondaires, non émis directement par les activités humaines, comme l’ozone. Accuser la météo ? Si elle peut accélérer le phénomène, elle n’en est pas à la source . Mais alors, à quoi la France doit-elle s’attaquer ?

Les vrais responsables : transport, agriculture, industrie, feux de cheminée à foyer ouvert et brûlage

A l’échelle du territoire national, la première source de pollution de l’air au début du printemps vient de l’ammoniac, polluant émis à 97 % par l’agriculture. Avec les épandages de printemps et sans pluie, celui-ci s’évapore, composant 62 %[1] des émissions de PM 2,5. Les autres principaux émetteurs sont la combustion de biomasse (chauffage au bois et brûlage de déchets), l’industrie puis les transports. La circulation alternée à Paris serait-elle donc une vaste fumisterie, en ne s’attaquant pas au cœur du problème ? Là encore, non. Car dans les grandes villes le trafic est bien la première source de pollution, celle qui expose le plus grand nombre de personnes. Afin d’apporter un nouveau souffle à notre air, France Nature Environnement porte donc des solutions attaquant la problématique sur tous les fronts.

Face au cocktail de pollution, le cocktail de solutions

Avec différentes campagnes et plaidoyer dont celle»>http://rendezmoimonair.fne.asso.fr/»>celle intitulée » Rendez-moi mon air » France Nature Environnement alerte mais propose également. Quelles solutions face à cet air irrespirable ?

Pour réduire l’impact de l’agriculture

Les principales pratiques en cause à cette période de l’année sont les épandages d’engrais en sortie d’hiver et les travaux du sol. L’ensemble des acteurs concernés doivent se réunir pour trouver ensemble des solutions partagées et adaptées à la situation du territoire, comme par exemple :

• à court terme, en période de pic de pollution, se mettre d’accord pour répartir dans le temps les travaux agricoles sur les zones concernées


• veiller aux bonnes pratiques d’épandage et à l’équilibre de la fertilisation. L’incorporation rapide des effluents (4h après) réduit de 80 à 90 % des émissions d’ammoniac.


• sur le long terme, promouvoir les pratiques agroécologiques qui permettent de réduire la pollution de l’air : diversifier les cultures afin d’étaler l’activité agricole en sortie d’hiver et limiter le recours aux engrais grâce à l’introduction, dans la rotation, de légumineuses qui permettent d’enrichir le sol en azote, améliorer la teneur en matière organique du sol afin de limiter les émissions de particules au moment du travail du sol.

Du côté des transports…

Si la mise en place de mesures d’urgence est nécessaire, la seule véritable solution durable pour limiter ces pics de pollutions dans les villes sont à mettre en place tout au long de l’année (voir également notre dossier transports et mobilités de demain) :

• développer les circulations douces (piéton, roller, vélo…)


• encourager les mobilités durables (réseau de transports en commun développés, développer les parkings à l’entrée des villes, covoiturage, autopartage…)


• réduire le besoin en transport à la source (télétravail, pratique de la marche à pied, développement des plans de déplacement à l’échelle de l’employeur)

Au niveau de l’industrie :

Les divers secteurs industriels français émettent également leur lot de particules fines. Afin de les réduire, la France peut :

• Rénover le parc industriel français qui est vieillissant, en utilisant les meilleures techniques disponibles. Par exemple, réduire les émissions en apposant des filtres en sortie de cheminées


• Abaisser les Valeurs Limites d’Emissions définies par la législation nationale et européenne, pour imposer une réduction progressive des émissions des industries


• Améliorer la performance énergétique des installations industrielles afin qu’elles soient moins gourmandes en énergie fossile (qui engendre elle-même une pollution atmosphérique lors de la sa production).


• Renforcer les contrôles de l’État dans les installations industrielles, tout au long de leur fonctionnement.

[1] Résultats relevé par le»>http://www.notre-planete.info/actualites/3976-origine-particules-polluti… site Notre planète.com d’après les données de mars 2014 de l’observatoire»>http://sirta.ipsl.fr/»>l’observatoire du SIRTA

http://sirta.ipsl.fr/»>
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