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Les chiens patous efficaces contre les attaques de lynx
L’efficacité des chiens de protection face aux attaques de canidés comme le coyote, de l’ours noir ou encore le guépard, a été prouvé à de nombreuses reprises. En revanche, aucune étude n’avait été menée pour évaluer l’efficacité de ces chiens face au lynx. Le pôle Grands Prédateurs Jura livre les résultats d’une première étude qui démontre l’utilité des patous.
Avec le soutien du ministère de l’Écologie, le Pôle Grands Prédateurs Jura a pris l’initiative de conduire une étude visant à évaluer l’efficacité des chiens de protection contre la prédation du lynx boréal sur les troupeaux d’ovins et de caprins dans le massif jurassien français. Une étude qui en préliminaire a nécessité le recensement des éleveurs travaillant avec ces chiens. Ces informations sont malheureusement peu exhaustives, les informations afférentes étant éparses, parcellaires ou tout simplement inexistantes. Ce travail a également été mis à profit pour identifier les problèmes auxquels sont confrontés les éleveurs et leurs besoins quant aux moyens de prévention.
Qui du chien ou de l’environnement ?
L’efficacité du chien dépend d’abord de son aptitude physique et physiologique qui évolue selon sa taille, son âge ou encore son état de santé. Cette efficacité dépend aussi des facteurs environnementaux comme la topographie de l’alpage, la couverture forestière, les conditions météorologiques ou encore le prédateur. En clair, un chien qui présente de bonnes aptitudes à la protection peut se révéler inefficace selon l’environnement dans lequel il travaille. Évaluer cette part entre l’apport du chien et celui des facteurs environnementaux dans la diminution ou la disparition des dommages reste donc complexe. Elle est mesurée de manière indirecte par le biais de questionnaires ou d’enquête auprès des éleveurs. Une méthode qui ne permet pas en revanche de contrôler les autres facteurs comme l’évolution de la densité des prédateurs, l’expérience de l’éleveur, l’utilisation d’autres moyens de prévention…
Résultats
Des chiens jeunes. Dans les départements enquêtés (Ain, Jura, Doubs, Haute-Saône, Territoire de Belfort), 42 chiens ont pu être recensés, 29 mâles et 13 femelles, essentiellement de race Montagnes des Pyrénées, appartenant à 22 éleveurs possédant chacun de 1 à 7 chiens de protection, soit une moyenne de 1,9 chien par éleveur. Un tiers de ces chiens est âgé de moins de 18 mois et plus de la moitié est dans la force de l’âge. Ils sont surtout employés sur des troupeaux de brebis.
Une diminution significative des dommages. Les dommages relevés sur la totalité des exploitations enquêtées diminuent de manière significative avec l’introduction des chiens de protection. Une baisse de presque 71 % en moyenne. Ces dégâts sont principalement causés par des chiens domestiques, surtout de chasse. La moitié des exploitations est touchée par ce phénomène. Les attaques du lynx sont concentrées sur certaines exploitations. Seul un éleveur a subi deux attaques de loups lors de la saison d’estive en Savoie. Toutes exploitations confondues, les dégâts de lynx ont diminué de 86 % et les pertes dues aux chiens de 87 %. Quelques cas de prédation par le renard ou de vols d’agneaux ont également été constatés. Les chiens semblent inefficaces sur ces deux points.
Des éleveurs satisfaits de leurs chiens. Plus de 80 % des éleveurs estiment leurs chiens excellents et tous recommandent leur utilisation. La relation entre chiens de conduite et chiens de protection est estimée par les éleveurs comme étant bonne. Le temps consacré aux chiens de protection est estimé à 5 minutes. Ce temps est plus long au moment de la période d’apprentissage du chiot. Il est à noter que la moitié des éleveurs ont eu des conflits avec le voisinage à cause de la présence de leur chien de protection. Environ un tiers d’entre eux ont eu des conflits avec les chasseurs et un autre tiers avec les voisins à cause des aboiements. La majorité des chiens n’a jamais mordu. Deux cas néanmoins ont été notés. Un chasseur a voulu caresser la chienne et s’est fait pincer (pas de blessure). Dans l’autre cas, une personne s’est introduite dans la bergerie malgré les panneaux d’interdiction. Le chien a attrapé cette personne par la manche (pas de blessure).
Conclusion
La présence d’un chien de protection sur l’exploitation diminue clairement la prédation et apaise aussi bien le troupeau que l’éleveur.
Les auteurs de l’étude précisent qu’elle mériterait d’être complétée par une meilleure prise en compte des facteurs intervenant sur l’efficacité des chiens. Il conviendrait également de confronter ces résultats avec la présence du lynx et la pression de prédation. Il faut aussi relever que les pratiques pastorales jurassiennes diffèrent de celles des Alpes. Les animaux ne partent pas en estive, mais sont divisés en lots répartis dans plusieurs parcs ce qui ne permet pas toujours d’avoir un chien dans chaque parc. Ceci contribue donc à augmenter la vulnérabilité de certaines exploitations. Il est également à relever que les dommages subis dans le massif jurassien restent assez limités par rapport à la prédation du loup dans les Alpes ce qui ne justifie pas forcément une dépense supplémentaire pour la prévention.
Télécharger l’étude «Efficacité»>http://www.polegrandspredateurs.org/wp-content/uploads/2010/10/Efficacit… des chiens de protection contre la prédation du lynx dans le Massif jurassien»