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Loup : gestion ou régulation ?
Conformément aux textes européens, la réglementation française autorise le tir du loup pour prévenir les dommages importants et récurrents sur les troupeaux, mais à la condition qu’il n’y ait pas d’autre solution satisfaisante. Dans ce cadre, la France met en place un protocole visant à encadrer ces tirs. À quelques semaines de la montée en estive des brebis, le dispositif pour la saison 2010/2011 vient d’être présenté.
Un dispositif complexe
Ce qui choque tout d’abord, c’est la complexité du dispositif qui risque de mettre en difficulté les services déconcentrés de l’État dans l’application des conditions de mise en œuvre ou encore de les soumettre à des possibilités d’interprétation. Ces disparités dans l’interprétation risquent de déclencher des tensions entre départements, selon que l’interprétation aura été jugée plus ou moins laxiste. Les associations devront donc rester particulièrement vigilantes quant à ces conditions de mise en œuvre et s’assurer que ces tirs seront bien conduits en dernier recours.
Des tirs dans les nouvelles zones de colonisation
FNE n’est pas opposée à la mise en oeuvre de tirs de défense au sein des Zones de Présence Permanente en cas de dommages importants et récurrents, et à la condition que toutes les mesures de protection aient été effectivement mises en oeuvre. En revanche, elle ne peut accepter l’autorisation de tirs, de défense et de prélèvement, dans les futurs nouveaux territoires de présence de l’espèce, comme cela est pourtant prévu dans le projet d’arrêté. FNE a attiré l’attention de l’administration concernant ces zones de colonisation, d’abord parce qu’elles constituent une faute politique dans la gestion de la présence de l’espèce mais aussi parce qu’elles ouvrent la voie à des contentieux au niveau européen.
D’autres points noirs à modifier
- l’évaluation de la «protégeabilité» des troupeaux qui resterait de la compétence des DDAF et du préfet, pourtant soumis aux pressions locales des éleveurs. Ceci ouvre la voie à des tirs non légitimes, sur des troupeaux non ou mal protégés.
- le déclenchement d’autorisation de tirs de prélèvements sans période de défense préalable : ce sont les services déconcentrés, soit au plus proche des pressions de lobbies locaux en faveur de tirs létaux, qui seraient chargés de déclencher les prélèvements sans passer par des tirs de défense. Comment croire que ces services pourront prendre sereinement une telle mesure sans que ne soit défini de façon précise et encadrée, les critères d’une impossibilité de tir de défense mais d’une possibilité de tir ?
- le prolongement des autorisations de prélèvement hors de la présence des troupeaux : à la fin des estives s’il n’y pas eu destruction d’un loup avant le terme d’une autorisation de tir de prélèvement et si des dommages importants et récurrents persistent, le préfet peut, pour prévenir la survenue supposée de nouveaux dommages l’année suivante, autoriser la mise en oeuvre de tirs de prélèvement. Cette disposition doit être impérativement supprimée. Outre qu’elle n’est pas compatible avec la possibilité de dérogation, autorisant une destruction de loup en l’absence de dommages aux troupeaux, elle ouvrirait la voie à des abus et des situations ingérables en période de chasse dans les massifs où elle serait ouverte.
Les autres demandes de France Nature Environnement
FNE a demandé que le dispositif qui interdit les effarouchements par arme (non létaux) dans les cœurs des parcs nationaux soit étendu aux réserves naturelles. La fédération a également demandé une évaluation de ces dispositifs de tirs de défense et de prélèvement afin de déterminer si cette gestion constitue une mesure efficace permettant une meilleure cohabitation entre les troupeaux et le loup.