ForêtMise à mal des forêts brésiliennes par le code forestier
A quelques jours des négociations internationales sur les changements climatiques, la déforestation et la dégradation des forêts (1), le Sénat brésilien a annoncé un revirement total de son code forestier. Le Brésil, qui possède 63% de l’ensemble de la forêt amazonienne, vient, en effet, de trancher pour l’allègement de son code forestier suite au vote du Sénat le 22 novembre. Explications.
Menaces sur la forêt amazonienne
Premier grand bassin forestier tropical, l’Amazonie (7 millions de km2) remplit des fonctions environnementales capitales pour l’équilibre de la planète, qu’il s’agisse de l’approvisionnement en eau douce, de la biodiversité qu’elle abrite ou des fonctions de régulation du climat.
Au Brésil, depuis de nombreuses années, les forêts subissent d’importantes pressions dues directement aux exploitations agricoles industrielles de bovins et de soja : plus de 60 % des zones déboisées dans la forêt amazonienne au Brésil servent pour faire paître le bétail. Si bien que les données satellites ont montré que 719 000 km2 de forêts sont partis en fumée en 2008 et la déforestation du Brésil a augmenté en 2011, par rapport à l’année précédente.
Disparition des lois de préservation de l’Amazonie brésilienne
Pour préserver cette précieuse ressource, le gouvernement brésilien avait mis en place, en 1965, un code forestier qui permettait de se prémunir de la déforestation en instaurant, par exemple, des zones de préservation permanente (partie de la zone forestière placée en forêt de protection). De même, le code forestier exigeait un reboisement des surfaces déboisées au bout de quelques années.
Le vote des Sénateurs de mardi dernier remet complètement en cause le fondement du code forestier brésilien, en permettant aux exploitants agricoles de ne pas se soucier ni du reboisement ni de la préservation d’une partie de la forêt.
Les textes sont désormais entre les mains de la Présidente pour leur relecture finale.
A qui cela profite ?
Les Sénateurs ont délibérément cédé aux lobbies agro-industriels du pays.
L’Europe est le 4ème importateur mondial de viande du Brésil et achète environ un tiers de la récolte de soja du Brésil. Ces exploitations agricoles industrielles profitent aussi à la consommation de l’Union Européenne.
Pour France Nature Environnement, la mise en place de mécanismes internationaux de lutte contre la déforestation ne résoudra pas totalement le problème tant que nous ne nous serons pas penchés sérieusement sur la question de notre consommation de produits issus de la déforestation tropicale.
France Nature Environnement appelle à la réduction de la consommation des produits agricoles (viande, soja et agrocarburants induisant une déforestation indirecte) venant du Brésil.
France Nature Environnement est en contact avec l’association IJA (Instituto Justiça Ambiental), qui mène un combat sans relâche pour que les acquis écologiques en matière de préservation des forêts ne soient pas rayés du code forestier.
Pour plus d’informations :
/fr/le-bresil-taille-dans-son-code-forestier-a-la-hache.html?cmp_id=37&news_id=12286
Contacts : Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale à FNE : eglantine.goux»>mailto:eglantine.goux@fne.asso.fr»>eglantine.goux@fne.asso.fr
Christiano Pacheco, avocat environnementaliste d’IJA : cristianopacheco»>mailto:cristianopacheco@ija.org.br»>cristianopacheco@ija.org.br
(1): 17ème Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques à Durban du 28 novembre au 9 décembre 2011.
