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Biodiversité

Nagoya, 26 octobre : les négociations sur le protocole APA piétinent

Publié le 27 octobre 2010

À trois jours de la fin de la dixième Conférence des Parties (COP 10) à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), les délégués ont poursuivi les discussions dans les groupes de travail, de contact et autres dans un climat tendu. Une séance plénière nocturne a examiné les progrès accomplis sur le protocole APA (Accès aux ressources et Partage des Avantages).

En plénière, le coprésident du Comité Consultatif Informel sur le protocole APA, Tim Hodges, a encouragé les Parties à développer leur esprit de compromis, afin d’aboutir à un texte finalisé d’ici vendredi.



Il est vrai que les délégués discutent de chaque détail du protocole, même de son titre et de sa qualification (doit-on parler de protocole ou de régime international ?). En attendant, les points clés du protocole restent en suspens, notamment :

- l’accès des savoirs traditionnels au public. Il s’agit d’éviter toute possibilité de «bio-piraterie» (développement de produits et dépôt de brevets à partir de recherches sur des produits locaux ou des remèdes traditionnels) ;

- l’accès facilité aux ressources génétiques en situation d’urgence ;

- le respect des obligations des utilisateurs des ressources génétiques. Sont particulièrement discutés les informations que devront fournir ces utilisateurs et les points de contrôle de ces informations ;

- l’utilisation des produits dérivés acquis sur des ressources génétiques non prélevées (par exemple, du venin de serpent, de la sève d’un arbre, etc.).



Le mandat du Comité Consultatif Informel est donc prolongé, mais les délégués sont partagés sur ses chances d’aboutir. D’autant que des liens toujours plus insistants sont faits avec les autres sujets en discussion. Un nouveau point aura lieu mercredi matin. Espérons qu’il apportera de meilleures nouvelles.



Parallèlement, le Groupe de travail I a examiné et adopté plusieurs projets de décisions concernant l’utilisation durable des ressources, la biodiversité des forêts (en lien avec le protocole REDD+ pour Réduction des Émissions provenant de la Déforestation et de la Dégradation des forêts, ce qui est de bonne augure pour la prochaine conférence de Cancún) et les terres arides et subhumides. Il poursuivra ses travaux sur les mesures d’incitation et les espèces exotiques envahissantes ce mercredi.



Le Groupe de travail II a également adopté un projet de décision, capital selon FNE, concernant la Plate-forme scientifique intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IpBes). Les Parties encouragent l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies à établir l’IpBes dans les meilleurs délais possibles.



Enfin, FNE note avec satisfaction les progrès sur le plan stratégique 2011-2020 puisque les délégués du groupe de contact se sont accordés sur plusieurs objectifs comme :

- l’intégration des valeurs de la biodiversité dans les processus nationaux et la comptabilité nationale «selon ce qu’il convient» ;

- l’élimination des incitations nuisibles à la biodiversité et au développement de celles positives ;

- la prévention de l’extinction d’espèces menacées et l’amélioration de «leur» état de conservation.



Des discussions âpres se poursuivent également en parallèle sur les biocarburants, la biodiversité marine et côtière et sur le respect des communautés autochtones et locales.



Parmi les événements parallèles de ce 26 octobre, nous retiendrons notamment la présentation du rapport «L’Amazonie vivante» par le WWF. Ce rapport indique qu’entre 1999 et 2009, plus de 1 200 nouvelles espèces ont été identifiées dans le bassin de l’Amazone, qui s’étend sur neuf pays. Cela concerne 637 plantes, 257 poissons, 216 amphibiens, 55 reptiles, 16 oiseaux et 39 mammifères. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’au moins 17 % de la forêt tropicale amazonienne ont été détruits au cours des cinquante dernières années. Les superbes images de ces «nouvelles» espèces décrites doivent donc inciter à l’action.



Mais c’est surtout l’acteur américain Harrison Ford, qui a fait sensation en venant fêter les 10 ans du fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) qu’il soutient. Ce fonds a permis de créer 10,8 millions d’ha de nouvelles aires protégées, associant les habitants et créant des emplois. «Nous sommes à un point de basculement, nous devons prendre des décisions courageuses et décisives» a-t-il lancé en direction des délégués afin qu’ils prennent les décisions collectives nécessaires d’ici vendredi soir.

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