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« Nous avons toute notre place dans la gestion de la réserve de Molène »

Publié le 11 mai 2015

Depuis plus de cinquante ans, Bretagne Vivante s’occupe de la réserve d’Iroise, dans l’archipel de Molène. Mais en juin 2014, l’association a été évincée de sa gestion par le préfet et depuis, le dossier patauge. Les explications de Jean-Luc Toullec, son président.

Comment Bretagne Vivante est-elle devenue gestionnaire de la Réserve Naturelle d’Iroise ?


Jean-Luc Toullec : Bretagne»>http://www.bretagne-vivante.org/»>Bretagne Vivante gère un réseau de 120 sites. Des pionniers ont mis en avant la richesse et la nécessité de protéger le patrimoine écologique des îlots de l’archipel de Molène dès les années 60. On y trouve l’une des plus importantes colonies de reproduction de France de Pétrel tempête et de Puffin des Anglais, des oiseaux marins. Les eaux qui entourent l’archipel sont des zones de reproduction pour les phoques gris et les dauphins. C’est un milieu et un paysage extraordinaires. Dans les années 70, le Conseil général du Finistère a acquis certains îlots et nous en a confié la gestion. Et en 1992, la»>http://www.reserve-naturelle-iroise.org/»>la réserve est devenue réserve naturelle nationale, qui concerne trois îlots. Nous en sommes devenus logiquement gestionnaires.


Que signifie la gestion d’une réserve ?


J.-L. T. : Gérer un site, c’est d’abord en assurer la conservation des richesses et de la capacité d’accueil. Cela passe par le suivi des habitats, de la faune et de la flore, mais aussi par l’entretien, à travers des chantiers comme le débroussaillage ou le ramassage de macro-déchets, et par l’application de la réglementation. C’est un laboratoire scientifique à ciel ouvert, où de nombreux travaux sont menés, en particulier avec l’université de Brest, mais aussi un espace important de sensibilisation du public, y compris des habitants. Pour accomplir ces missions, l’association bénéficie d’une dotation financière de l’Etat de 100 000 € par an. Cela a permis l’embauche d’un garde-technicien, qui veille à l’entretien et la protection du site, et d’un conservateur, qui met en œuvre le plan de gestion. Ils sont aidés par des bénévoles ou d’autres salariés de l’association, qui apportent leur expertise et leurs bras. L’association bénéficie aussi de moyens matériels : un bateau et une maison, mise à disposition pour l’accueil du public.


En juillet 2014, vous avez été évincé de la gestion de la réserve. Pourquoi ?


J.-L. T. : Depuis trois ans, nous cogérons cet espace avec le Parc Naturel Marin d’Iroise, créé en 2008 et dont le périmètre englobe la réserve. Nous assurons toujours les suivis scientifiques, l’entretien du site, la sensibilisation du public, mais le faisons en lien direct avec le Parc, qui coordonne les missions de police. Ce partage des tâches a été mené à titre expérimental pendant 2 ans, avec quelques difficultés logiques de mise en place. Mais en juin 2014, le préfet a estimé que la cogestion ne marchait pas et a voulu y mettre fin, proposant de confier la gestion unique au Parc. On ne sait pas bien sur quels arguments il s’appuie puisqu’aucun bilan n’a été fait.


Quelle solution vous propose-t-on ?


J.-L. T. : Le Parc Naturel Marin ne nous laisserait que des missions d’expertise et d’animation, par convention.  Nous ne nions pas le rôle de coordination du Parc. Mais coordonner ne veut pas dire « faire à la place de ». Cela nous donne l’impression d’être de simples prestataires. En tant que gestionnaire historique, compte tenu de notre expérience, de nos compétences, nous avons toute notre place dans la gestion de la réserve. C’est à la fois une reconnaissance du travail associatif de Bretagne Vivante, et une garantie pour la conservation du site, surtout dans le cadre du projet d’extension.


Ce dossier a une ampleur nationale…


J.-L. T. : L’Iroise est en effet un cas d’école en matière de gestion des réserves naturelles, une gestion que l’Etat cherche à simplifier. Nous n’y sommes pas opposés par principe, mais il faut que la conservation de la nature soit garantie et les associations doivent être associées à ce processus. C’est aussi une histoire de vision : à Bretagne Vivante, comme dans beaucoup d’autres associations du mouvement FNE, nous voulons être des aiguillons et des lanceurs d’alerte, mais aussi des acteurs de la préservation de la nature. C’est notre manière de faire. Cela renforce notre légitimité lorsqu’il s’agit de dénoncer les problèmes.


Vous avez d’ailleurs porté ce dossier au plus haut niveau…


J.-L. T. : Nous avons sollicité directement le ministère de l’Ecologie et rencontré la ministre pour lui demander une médiation. Denez L’Hostis, en tant que président de FNE, a soutenu de manière très forte notre demande. Lors de l’Assemblée générale de France Nature Environnement, Ségolène Royal nous a confirmé son soutien sur ce dossier, ce qui conforte nos positions et nous rend plus forts dans la négociation. Nous sommes à la fois déterminés et ouverts au dialogue. Nous pouvons encore trouver une solution gagnant-gagnant pour la nature et chacun des partenaires.


 

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