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Ours en Béarn : des photos exceptionnelles d'un "monument en péril"
Le FIEP Groupe ours Pyrénées a complété ses outils de suivi de l’ours avec des appareils photos automatiques. De superbes photographies ont été prises cet été dans le Béarn. Des images qui doivent faire prendre conscience de la situation dramatique de l’ours dans ce secteur. Par Gérard Caussimont, président du FIEP Groupe ours Pyrénées
L’ours en péril en Béarn
Depuis 30 ans, le FIEP Groupe ours Pyrénées participe au suivi officiel du Réseau ours brun dans les Pyrénées occidentales où ne survivent plus que deux mâles.
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Le FIEP a complété ses outils de suivi de la biologie de l’ours brun avec quelques appareils photos automatiques. L’objectif de cette opération est double : améliorer la connaissance de certains aspects de la biologie de l’ours (notamment le suivi saisonnier et le marquage sur les arbres) et disposer de documents photos montrant la beauté de l’espèce afin de promouvoir sa conservation.
Sept séries de clichés obtenus entre mai et juillet 2013, en vallée d’Ossau (Béarn), entrent parfaitement dans le cadre de cet objectif.
D’abord, ce ne sont pas moins de 217 photos d’ours qui ont été obtenues les 9 et 10 mai 2013, sur un même arbre où l’ours marque sa présence.
- Une première série de 154 photos, prises entre 7h14 et 7h20, le 9 mai, montre un ours, au lever du jour, qui se frotte à 4 reprises sur un arbre frayoir, dans toutes les positions : à 4 pattes, assis, debout (de face, de dos), qui griffe l’arbre et qui le mord.
- Une deuxième série de 63 photos, prises entre 23h et 23h03, le 10 mai, montre un ours, en pleine nuit, venant se frotter sur le même arbre frayoir, dans diverses positions. Le deuxième ours semble plus corpulent que le premier.
Pour le FIEP, il semble qu’il s’agisse de deux ours différents, mais les avis sont partagés au sein du Réseau ours brun. Espérons que les analyses génétiques des échantillons de poils prélevés par les naturalistes du FIEP sur cet arbre frayoir et 4 autres arbres du même secteur permettront de le déterminer.
Quoi qu’il en soit, il s’agit de documents exceptionnels par la qualité des clichés comme par la longueur des séquences comportementales.
Ensuite, les 16 juin, 17, 18, 28 juillet, le même appareil a saisi 4 nouvelles séquences d’un ours très noir dont la corpulence et l’allure permettent de supposer qu’il s’agit de Néré. Les analyses de poils recueillis sur cet arbre par le FIEP permettront sans doute de le confirmer. Enfin, le 22 juillet, un autre appareil a saisi le passage d’un ours moins grand que Néré, peut-être Cannelito. Là aussi, la génétique permettra de confirmer.
Toutes ces photos permettent (avec le suivi indirect du Réseau ours brun piloté par l’ONCFS) de constater que les ours bruns peuvent être présents sur un territoire et passer inaperçus lorsqu’ils ne font aucun dégât aux brebis.
Recherchent femelle désespérément
Ce qui est clair, c’est que les deux derniers mâles des Pyrénées occidentales Néré et Cannelito, nés dans les Pyrénées, respectivement en 1997 et en 2004, cherchent désespérément une femelle, comme le montrent les marquages successifs sur les arbres.
Alors qu’il n’y a une que trois brebis indemnisées au titre des dommages d’ours en Béarn cet été (sur
80 000 en estive), ces séries de photos et les indices relevés cet été, notamment par les naturalistes du FIEP, démontrent la présence discrète mais constante de l’ours brun.
Sauvetage in extremis d’un patrimoine
En voyant ces photos, comment imaginer un avenir sans ce « monument écologique », patrimoine naturel et culturel du Béarn et de tous ses habitants, au même titre que le château d’Henri IV à Pau ?
Le FIEP Groupe ours Pyrénées attend avec impatience une réaction positive du gouvernement suite à sa demande de sauvetage de l’espèce par le renforcement d’une ourse en 2014 en Béarn.
C’est dans cette région que la plupart des dispositifs assurant la cohabitation avec l’espèce ont été créés en France puis développés dans le reste des Pyrénées et que les habitats de l’espèce ont été préservés.
Le renforcement dans les Pyrénées, une nécessité biologique incontournable
La nécessité d’un renforcement de femelles en Béarn et d’un mâle en Pyrénées centrales pour éviter la consanguinité est pourtant une évidence biologique incontournable.
L’Etat attend-il la saisine de la cour de justice européenne, après sa mise en demeure par la Commission européenne pour « manquement à ses obligations de protection de l’ours brun », notamment en le laissant disparaître des Pyrénées occidentales qui représentent 50 % de son aire de répartition ?