Pollution de l'air : l'asphyxie ne vient pas seulement des transports

L’air extérieur est cancérigène et c’est le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui l’affirme. Malheureusement, les ministres européens ne semblent pas en passe de réduire drastiquement ce fléau de la pollution de notre air. En effet, ils pourraient exempter le premier secteur émetteur d’ammoniac et de méthane : l’agriculture.

A ce jour, 92% des citoyens européens sont exposés à un air dont la teneur en polluants atmosphériques dépasse les seuils acceptables définis par l’Organisation Mondiale de la Santé. S’ils causent la mort prématurée de 42 000 Français chaque année, ces polluants affectent également notre qualité de vie avec son lot d’allergies, asthme, bronchites chroniques, maladies cardiovasculaires… Les transports sont légitimement pointés du doigt mais d’autres secteurs sont également responsables. Parmi eux, l’agriculture, premier secteur émetteur d’ammoniac en Europe avec 95 % des rejets mais aussi de méthane (40 %).



La rencontre du 15 juin entre tous les ministres de l’environnement européens ne semble pas de bon augure pour réduire ces pollutions. Objet de la réunion : de premiers échanges pour définir de nouveaux seuils réglementaires sur l’air. Seulement, les ministres évoquent une sortie de ces polluants agricoles de la règlementation… une aberration pour notre santé et l’environnement.

Ammoniac : un responsable des pics de pollution printaniers qui acidifie sols et eaux.

L’ammoniac est un des principaux responsables de l’acidification des sols, des eaux mais aussi un facteur favorisant les pluies acides. En tant que polluant de l’air, il joue un rôle prépondérant dans la survenue des pics de pollution du printemps. A la sortie de l’hiver, les cultures reçoivent en effet des engrais minéraux qui libèrent de grandes quantités d’ammoniac. Ce gaz rencontre alors les oxydes d’azote émis par le transport routier pour former des particules fines particulièrement durables pouvant parcourir de longues distances. Des particules agressant nos poumons et notre santé.






Téléchargez cette infographie en PDF

Méthane : un polluant de l’air 23 fois plus réchauffant que le CO2

De son côté, le méthane est un puissant gaz à effet de serre 23 fois plus réchauffant que le CO2. A la rencontre d’autres gaz, il forme de l’ozone, un polluant atmosphérique irritant les voies respiratoires. Réduire ses émissions est « un puissant levier pour réduire à la fois le réchauffement climatique et la pollution de l’air » souligne d’ailleurs l’Union Américaine de Géophysique, association réunissant quelques 41 000 géophysiciens. Et 40 % des émissions en Europe proviennent de la digestion du bétail et de l’épandage ou du stockage des effluents d’élevage (lisiers, fumiers).

Il est possible de réduire ces polluants : ministres européens, ne les oubliez pas !

Pourtant, ces pollutions à l’origine de graves problèmes de santé (atteinte des capacités cérébrales, maladies cardiovasculaires et pulmonaires, diabète…), notamment chez ceux qui travaillent à l’extérieur  (dont les agriculteurs eux-mêmes) peuvent être réduites. Des solutions existent : elles n’attendent que d’être mises en place. Diminuer la pollution de l’air passe par une action combinée sur tous les secteurs émetteurs : France Nature Environnement milite depuis longtemps pour cette approche multisectorielle. Nous appelons donc les ministres de l’environnement à ne renoncer à aucun des leviers disponibles : ne sortons pas les polluants agricoles de la règlementation.