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Pour une population d'ours viable : le compte n'y est pas !
Lundi 26 juillet 2010, la Secrétaire d’État à l’Écologie est venue exposer au Comité de Massif Pyrénéen sa politique pour la biodiversité pyrénéenne et notamment sa politique ours.
Les annonces du Ministère
La Secrétaire d’État a déclaré vouloir lancer une stratégie globale en faveur de la biodiversité pyrénéenne incluant pour l’ours un plan qu’elle a qualifié de » plan de conservation » et non de « plan de restauration ».
Extrait du discours : « L’objectif qui doit être poursuivi est de conserver une population viable, c’est à dire qui se reproduit naturellement sans besoin d’introduction. Aujourd’hui les conditions semblent réunies pour un accroissement naturel de la population d’ours. Gardons cette tendance même si elle est lente. Nous surveillerons l’évolution annuelle de la population d’ours. Ni plus, ni moins. Donc, pas de politique de réintroduction, mais dans le même temps, chaque ours mort accidentellement sera remplacé. Et si la population décroît nous envisagerons des réintroductions ».
Un lâcher d’une femelle a donc été annoncé pour 2011 en « remplacement » de Franska. *
Le Ministère a justifié son choix par le souci de permettre l’apaisement sur le terrain et la nécessité de remettre les acteurs autour de la table y compris pour parler ensemble de l’ours.
Un comité de suivi et d’élaboration de la stratégie biodiversité pour les Pyrénées sera mis en place par le Préfet de massif qui en arrêtera la composition permanente avec le Comité de Massif.
Toutes les annonces en ligne ici«>http://www.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_ar…
* Lors de la rencontre avec la secrétaire d’Etat FNE sur ce sujet a insisté pour qu’a minima Palouma soit également « remplacée », mais sans succès.
Commentaires
- FNE et ses associations pyrénéennes tiennent à rappeler que selon les scientifiques, la population d’ours brun dans les Pyrénées est au bord de l’extinction, sauf si et seulement si, de nouveaux ours sont réintroduits. Pour FNE, ces recommandations des scientifiques doivent rester le cap de toutes politiques ours et le Ministère ne peut pas l’abandonner. Compter sur le seul accroissement naturel c’est prendre le risque de ne pas assurer la viabilité de la population. Certes, il y a depuis 3 ans une reproduction chaque année mais même si elle se poursuivait le temps pour atteindre le seuil de viabilité sera bien trop long. Par ailleurs, le problème de la faible variabilité génétique de la population est à prendre en compte car la majorité des oursons nés ces 10 dernières années dans les Pyrénées ont le même père malgré la présence de 7 mâles dans le massif. La variabilité génétique de cette population ne peut, dans le contexte actuel, augmenter qu’avec l’apport de nouvelles femelles a minima.
- Le souci d’apaisement du Ministère est évidemment louable, on ne pourra assurer l’avenir de l’ours dans le conflit. A cet égard, l’idée de relancer un processus de discussion local est positif. Mais renouer le dialogue ne doit pas vouloir dire céder aux extrémistes minoritaires les plus durs, qui ne seront jamais satisfaits et visent des objectifs opposés à ceux de l’Etat et de l’Union européenne. Le processus de dialogue ne doit pas être une prime au moins disant mais doit démarrer sur une ambition politique forte. Or ce n’est pas le cas sur l’ours, et ce n’est pas le cas non plus sur la stratégie globale.
- En effet, l’idée de vouloir mettre en place une stratégie pour la biodiversité pyrénéenne est justifiée. Cette biodiversité en a besoin et est par ailleurs une opportunité majeure pour l’avenir du massif.
Mais cette stratégie doit être lancée par l’État sur la base d’objectifs qui soient ambitieux : FNE rappelle que l’objectif de stopper l’érosion de la biodiversité en 2010 reste à atteindre ! Or, on cherche cet affichage ambitieux, notamment en matière de protection des habitats qui doit être la clef de voûte d’une stratégie pour la biodiversité, l’entrée espèces ne pouvant suffire. Ambition qui pour l’heure n’existe pas concrètement, ni en matière de politiques forestières ni en qui concerne les mesures nécessaires pour assurer la cohabitation entre la chasse et l’ours.
Au final, le Gouvernement porte une lourde responsabilité celle de l’avenir de l’ours. Et malgré la compréhension de la nécessité de renouer le dialogue et de réfléchir globalement, ce que vise la méthode choisie, nous ne pensons pas que les objectifs annoncés permettent à ce stade de garantir l’avenir de l’ours et la qualité de la biodiversité du massif.
Nos associations si elles peuvent comprendre la nécessité d’une démarche progressive, et si elles soutiennent l’idée d’une mise en oeuvre locale, n’y souscriront que dans le cadre d’objectifs à la hauteur des enjeux : sauvegarder la biodiversité pyrénéenne dont dépend l’avenir du territoire et garantir la viabilité d’une population d’ours. Nous demandons à l’Etat de clarifier son engagement, veut-il initier une autre manière de faire pour atteindre ces objectifs de conservation ou veut-il masquer l’abandon du dossier ours ?
Par ailleurs pour FNE les élus locaux ont également une lourde responsabilité car la situation de blocage actuelle est largement de leur fait. Nous souhaitons donc qu’ils se mobilisent pour construire un avenir soutenable pour les Pyrénées. Cet avenir ne se fera pas contre la biodiversité mais bien avec elle, ce qui inclut la présence durable de l’ours.
Le Pôle Biodiversité et les associations locales travaillent aux suites à donner à ces annonces, et demandent dans l’immédiat au gouvernement de s’engager de façon précise sur la réintroduction de deux ourses, dans le Béarn.
Plus»>http://loup.fne.asso.fr/fr/actualites/»>Plus d’information sur l’ours