Rencontrez le mouvement : FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur

France Nature Environnement fédère aujourd’hui plus de 5800 associations au sein de 46 organisations adhérentes partout sur le territoire : un maillage territorial qui fait la force de notre mouvement ! Régulièrement, nous mettons en lumière une association en partant à la rencontre de quelques-uns de ses membres.

Quelle meilleure occasion de parler d’une association que le jour de son anniversaire ? En effet, c’est à l’occasion des 50 ans de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur que nous rencontrons Gilles Marcel et Nathalie Chaudon, respectivement président et directrice de cette fédération régionale.

Gilles a commencé à s’investir dans le milieu associatif via l’association NOSTERPACA, sur la défense des Transports Publics en région. Au fur et à mesure des luttes, il rencontre Pierre Aplincourt, alors président de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur (qui s’appelle encore URVN à l’époque, pour Union Régionale du Sud-Est pour la sauvegarde de la Vie, de la Nature et de l’environnement). Gilles nous explique que « dans les démarches que l’on faisait, nous n’avions pas une grosse visibilité, le fait d’avoir l’affiliation FNE nous rendait plus visible auprès des élus ». Ainsi donc son association adhère à l’URVN, l’implication au sein de France Nature Environnement était naturelle. Par la suite, il deviendra président de la fédération régionale, poste qu’il occupe depuis 6 ans.

Quant à Nathalie, elle est juriste de formation, et elle a découvert France Nature Environnement sur les bancs de la fac via une de ses professeures de droit spécialisée en environnement. À cette époque, elle s’investit pour représenter bénévolement FNE en justice. En 2007, elle intègre l’URVN en tant que cheffe de projet, avec des missions plus larges que celles de juriste : « au départ nous étions 1 personne et demi, on a commencé à bien se structurer avec le Grenelle de l’environnement, avec des partenariats pour se doter de moyens financiers. Aujourd’hui, nous sommes 9 salarié·es et nous comptons 10 réseaux thématiques avec plus de 95 bénévoles actifs. ».

50 ans de lutte(s) et de mobilisation

La naissance de l’URVN se fait en réaction à la dégradation latente de la Côte d’Azur en février 1971. C’est René Richard qui fonde l’association, auteur notamment du livre La Côte d’Azur assassinée. Il s’agit d’une région où l’industrialisation a été très intense depuis les années 70. C’est donc au départ une volonté de lutte, mais également une envie de fédérer les départements afin de préserver le littoral. L’association est composée de beaucoup d’expert·es : ingénieurs, fonctionnaires, scientifiques.

Au fil du temps, elle grandit et se donne 6 missions :
-    Alerter, en se faisant le relai des combats du national dans les régions et inversement, en faisant d’une lutte locale un enjeu national
-    Défendre, via le contentieux
-    Influencer, via le plaidoyer
-    Sensibiliser, via sa campagne coexistences sur les liens entre humains et biodiversité auprès des citoyens
-    Accompagner, notamment les collectivités pour mieux gérer leurs déchets verts
-    Fédérer et faire monter en compétences les associations.

FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur est donc à la fois dans les combats et dans la co-construction. Des combats, contre les promoteurs de Cannes-Marina (1976), contre le prolongement de l’A51 (1991), contre le projet Michelin dans la plaine des Maures (1992).

Depuis les années 2000, l’association a aussi lutté pour stopper l’artificialisation de la Crau par les plateformes logistiques 2017, a obligé la mise aux normes de l’usine Alteo (2020) et a gagné contre la bioraffinerie Total utilisant de l’huile de palme à la Mède (2021).

FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur participe également à l’élaboration des lois de 1976 sur les industries polluantes et la protection de l’environnement, ou encore à la création de parcs naturels comme le Verdon ou de réserves naturelles telles que celle du massif des Maures dans le Var. La fédération s’implique dans le Secrétariat Permanent pour la prévention des Pollutions industrielles (premier à s’être créé en région en 1972).

En ce début de juillet, comme un symbole après l’AG et les 50 ans de l’association, c’est une nouvelle victoire qui s’ajoute à l’histoire de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une victoire face à Arcelor Mittal, numéro un de la sidérurgie. Ce combat contre la multinationale commence avec France Nature Environnement en 2008, puis dans les années qui suivent avec de multiples assignations en justice pour pollution des eaux. En 2018, « après un travail de collecte d’informations environnementales concernant le site d’Arcelor Mittal à Fos-sur-Mer, les associations France Nature Environnement, FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur et FNE Bouches-du-Rhône déposaient une assignation devant le Tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence pour des manquements répétés à la réglementation. »

Le 6 juillet 2021, le tribunal condamne Arcelor Mittal pour 36 infractions environnementales et à une amende de 30 000€. Un bien beau cadeau d’anniversaire, mais surtout une victoire pour la santé des citoyens et la préservation de l’environnement.

Une histoire fédérale proche de France Nature Environnement

Nathalie et Gilles soulignent que l’ADN de l’URVN a toujours été proche de celle de FNE : un mélange entre dialogue et lutte, construction et alerte. D’ailleurs, l’association adhère à France Nature Environnement dès sa création en 1971, et c’est en 2013 que l’URVN devient URVN-FNE Provence-Alpes-Côte-D’azur. Aujourd’hui, FNE Provence-Alpes-Côte-D’azur fonctionne en réseaux thématiques (10), avec notamment un réseau Montagne ou un réseau Climat-énergie. L’association fédère des associations sur des territoires riches et variés, du massif montagneux à la côte d’Azur. L’acculturation à France Nature Environnement s’est donc faite naturellement.

FNE Provence-Alpes-Côte-D’azur est constituée de 6 fédérations départementales et 7 associations régionales, pour un total de 250 associations adhérentes et plus de 27 000 bénévoles dans toute la région, avec un Conseil d’Administration de 25 membres pour gérer la fédération.

La relation avec le national est une relation de confiance. S’il y a peu d’implication de la structure régionale au sein de la structure nationale, c’est qu’il y a une confiance sur les positionnements : « On essaie de regarder ce qui se passe. On est dans le peloton, plutôt que de s’impliquer de manière importante. Le choix est fait de dépenser des forces dans l’implication en région, faire vivre la fédération régionale et être un relai du national. »

Concrètement, ce lien à France Nature Environnement peut se traduire à 3 niveaux :
- Au niveau institutionnel, avec la conférence des Présidents, l’Assemblée Générale etc.
- Au niveau de la direction, avec le lien fédéral et les autres directeurs.
- Au niveau des réseaux thématiques,avec la participation des chargé·es de mission aux réunions des réseaux nationaux et de la communication.

À la fin de l’entretien, Nathalie et Gilles insistent sur la philosophie de France Nature Environnement et sur l’idée d’être uni et de fédérer : l’union doit faire la force. Ils soulignent l’importance de s’ouvrir aux autres, et pas forcément seulement aux associations de protection de la nature et de l’environnement, comme par exemple les syndicats ou les collectifs (tel le Pacte du pouvoir de vivre).

« Ce qui nous semble important, à nous, c’est d’être uni pour défendre un monde vivable : on est dynamique sur ce sujet global au local ».

Découvrir le site de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur