DéchetsGaspillage alimentaire : l’Omerta
Jeudi 27 août, la ministre de l’Ecologie et les enseignes de la grande distribution alimentaire ont signé une convention d’engagement volontaire contre le gaspillage alimentaire. Pour France Nature Environnement, cet engagement n’aura pas l’effet escompté tant que le coût du gaspillage alimentaire ne sera pas réellement supporté par la grande distribution et qu’aucune transparence ne leur sera demandée.
Plus de transparence pour sortir de l’omerta
La grande distribution l’a martelé toute la journée d’hier : ils ne seraient responsables que de 5% du gaspillage alimentaire. La convention conclue hier reprend elle aussi cet ordre de grandeur, en insistant sur le rôle incitatif de la grande distribution sur l’amont et l’aval de la chaîne. Mais ces chiffres ne reposent sur aucune étude fiable quantifiant le gaspillage alimentaire produit par l’ensemble des acteurs, de l’agriculteur jusqu’au consommateur, et identifiant les produits gaspillés, puisqu’une telle étude n’a jamais été réalisée. La grande distribution estime faire beaucoup pour contribuer à l’atteinte de l’objectif de réduction de moitié du gaspillage alimentaire d’ici à 2025 :qu’elle nous le prouve. Que font les magasins pour réduire à la source leur quantité d’invendus, combien jettent-ils, combien donnent-ils, qu’est-ce qui est réellement distribué aux bénéficiaires, etc. ?
Le gaspillage rapporte aux acteurs économiques et coûte au citoyen
Aujourd’hui, la grande distribution ne perd pas d’argent quand elle gaspille. Cela lui coûte moins cher de jeter une palette de fruits que de payer un salarié à trier ceux qui sont abîmés. La grande distribution, qui préfère risquer d’avoir des invendus plutôt qu’un rayon vide, répercute le coût des aliments jetés sur le prix final payé par le consommateur à la caisse. Ainsi, ce dernier paie le gaspillage de tous les acteurs avant lui : agriculteur, industrie agro-alimentaire et magasin. Même quand le magasin donne à l’aide alimentaire ses invendus et reçoit un chèque de l’Etat en contrepartie (défiscalisation de son don), c’est le contribuable qui paie, quand bien même seule la moitié de ce qu’il donne peut être distribuée aux bénéficiaires. Par ailleurs les magasins sont dédommagés par l’Etat de la TVA non perçue quand un produit n’est pas vendu.
Pour Denez L’Hostis, président de FNE : « Si nous voulons diviser par deux le gaspillage alimentaire d’ici à 2025, il faudra que chacun en prenne sa part. Exigeons de connaître ce que chacun gaspille pour pouvoir nous fixer des objectifs atteignables. Par ailleurs, tant que le gaspillage alimentaire rapportera de l’argent, il sera difficile à combattre. Commençons par le rendre onéreux pour ceux qui le provoquent. Ce coût ne doit pas être assumé par le consommateur. »
