Les négociations climat et forêt à Bonn : l’Europe devra durcir sa position avant Cancun

Alors que la conférence des parties à Bonn s’achève en demi-teinte, FNE attend que l’Europe s’engage fermement pour la réduction des gaz à effets de serre d’ici les prochaines réunions de préparation de la réunion de Cancun. Explications.

A Bonn, malgré une bonne volonté palpable de certains pays participants, il semble que la majorité des pays développés souhaitent des réductions volontaires des émissions en référence à l’accord de Copenhague (1) plutôt que le renouvellement d’une autre période d’application du Protocole de Kyoto (qui prend fin en 2012) (2).



Pour l’instant, selon une étude publiée mercredi par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK, Allemagne), les engagements pris à Bonn pour réduire ou limiter les émissions de GES, risquent d’entraîner une hausse des températures de 3°, alors que l’accord de Copenhague (décembre 2009) fixe une augmentation maximale de 2°C, qui aurait déjà des conséquences dévastatrices, pour les pays insulaires.



Pour Sébastien Genest, vice-président de France Nature Environnement, « L’Europe doit envoyer un message positif, clair et sans ambigüité. » Au cours des négociations de Bonn, les pays de l’Union Européenne n’ont pas montré une position ferme concernant la réduction des émissions de GES dans leur pays, ce qui est regrettable.



Imposer une réduction des émissions des gaz à effets de serre aux pays développés et gros émetteurs comme la Chine ou l’Inde, signataires de la convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques serait une solution envisageable. En effet, à la différence du protocole de Kyoto, la convention cadre inclut toutes les parties.



L’Europe doit être exemplaire



FNE attend que l’Europe se positionne fermement sur ce point lors des prochaines conférences des parties en août et en octobre, en vue de Cancun (décembre 2010). La France a également sa carte à jouer au sein de l’Union Européenne. Pour Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale à FNE, « L’Europe doit se montrer exemplaire et porter une position ferme demandant à tous les pays développés et en transition économique, émettant de fort taux de GES de se soumettre à des engagements contraignant de réduction des émissions. Cette préoccupation des pays en développement, qui se plaignent à Bonn d’un texte de clôture de la présidente ne reflétant pas leurs attentes, doit être prise en compte »



Financer REDD pour lutter contre la déforestation



Sans engagements fermes des pays développés sur la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et le financement d’un fond pour REDD, la mise en place d’un mécanisme de lutte contre la déforestation et la dégradation forestière (REDD) sera impossible. Parmi les avancées, de nouveaux pays se sont dits prêts à s’engager sur les financements REDD plus, mécanisme qui prend également en compte la conservation des forêts et l’amélioration des stocks de carbone. Eglantine Goux : « Les pays développés doivent également s’engager concrètement sur des financements permettant la réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation des forêts (REDD). »



FNE attend des engagements précis de la France et de l’Union Européenne.



(1) A Copenhague, il a été décidé entre 125 pays la mise en place d’un fond global finançant les activités REDD

(2) Le Protocole de Kyoto est né de la 3ème conférence des parties (UNFCCC) et impose aux pays de l’annexe 1, des engagements de réduction totale de 5% de leurs émissions par rapport à 1990 au cours de la période de 2008 à 2012. Les Etats-Unis n’ont pas ratifiés le protocole de Kyoto. qui imposait aux pays de l’annexe 1, des engagements de réduction totale de 5% de leurs émissions par rapport à 1990 au cours de la période de 2008 à 2012).



(3) REDD : mécanisme de Réduction des Emissions liées à la Déforestation et la Dégradation des forêts. Pour en savoir plus :
www.fne.asso.fr
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