Stratégie nationale pour la mer : du mieux, mais les inquiétudes persistent.
Hier au soir, à l’issue du Comité interministériel pour la Mer (CIMer), la Stratégie nationale pour la mer et les océans a été définitivement adoptée par le gouvernement.
Principale avancée de cette ultime mouture, une postface a été finalement ajoutée, qui lève l‘ambigüité entre les deux « Livres bleus », celui du gouvernement, et celui des engagements du « Grenelle de la Mer » ratifiés par l’ensemble des acteurs. La différence de nature et la complémentarité des deux documents ont été cette fois précisées, l’un ne pouvant se substituer à l’autre. « La démarche de suivi du Grenelle de la mer doit se poursuivre en parallèle ». Le processus de mise en œuvre des engagements du Grenelle de la Mer continue donc, condition sine qua non de la participation des les acteurs sociaux et associatifs dans les 18 nouveaux chantiers opérationnels qui s’ouvrent.
FNE apprécie qu’un certain nombre d’engagements soient clairement pris : développement des connaissances, protection « résolue» de l’environnement marin, important réseau d’« aires marines protégées », effort conséquent en direction de l’outre-mer, redevances sur les usages et taxations sur les pollutions de la mer, etc.
Toutefois, deux éléments essentiels demeurent très préoccupants quant aux orientations réellement retenues et aux suites concrètes qui seront données.
La juxtaposition des deux discours ne permet pas de résoudre la contradiction latente entre une volonté affirmée de protection de l’environnement et la volonté d’exploiter au maximum et au plus vite toutes les ressources marines atteignables selon un principe de « mer ouverte »
Nulle part n’apparaît clairement le besoin d’un scénario de rupture partant du constat d’une exploitation et d’une pollution passées souvent désastreuses tant au plan social qu’environnemental. Alors même que cette forme d’exploitation se poursuit encore aujourd’hui : extraction mal maîtrisée des ressources minérales, rejets de boues de dragage en mer et pollutions agricoles, multiplication de ports de plaisance remplis de bateaux qui ne naviguent pratiquement pas et autres aménagements dommageables.
Pour Christian Garnier, vice président de FNE : « Pour donner corps à cette stratégie, on ne voit guère poindre les moyens financiers et humains indispensables à la concrétisation d’une nouvelle politique, ni un rôle clairement affirmé pour les partenaires sociaux et les associations environnementalistes. Le renforcement des moyens de contrôle dont dispose l’Etat, Outre-Mer comme en métropole, constitue l’un des enjeux majeurs d’une politique vraiment soutenable pour la mer et les océans, or la stratégie nationale en parle en des termes incantatoires. »
FNE restera vigilante pour que les avancées du Grenelle de la Mer de même que celles des Assises de la pêche, autrement plus claires et plus ambitieuses que celles énoncées dans la Stratégie Nationale pour le Mer et les Océans, s’imposent et ne soient pas rangées au magasin des accessoires.
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