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Communiqué de presse
Thon rouge : violence autour d’une catastrophe sociale et environnementale
Publié le 9 juin 2010
La fédération France Nature Environnement est consternée et choquée par les événements violents qui ont eu lieu au large de Malte et qui ont opposé physiquement Greenpeace à des thoniers-senneurs ayant amené à ce qu’un membre de l’ONG soit gravement blessé.
Si FNE et ses associations membres partagent totalement l’exaspération des ONG à l’encontre d’une pêche massive où beaucoup d’armateurs se comportent de manière inacceptable, tant sur le plan social que sur le plan environnemental, elle ne peut que regretter des incidents de ce type et craindre qu’ils ne dégénèrent en drame irréparable.
Pour Christian Garnier, Vice-président de FNE : « la question de la gestion du thon rouge de Méditerranée et de l’Atlantique est plus que jamais posée, au soir de la Journée mondiale des Océans qui s’est tenue ce 8 juin. La réponse ne pourra être que fondée sur des bases scientifiques et équitables ».
Cette gestion doit être réglée au plan international, et vite. C’est ce qui a justifié le soutien de FNE à Monaco, l’Union européenne et la France, afin que le dossier soit ouvert par la CITES[1] à Doha en mars dernier. Il s’agissait principalement de créer de nouveaux moyens de contrôle dans le cadre de la CITES, et de contraindre l’ICCAT[2] et tous les Etats riverains à sortir d’une attitude laxiste qui a fait la preuve de son irresponsabilité, pour aller vers une gestion sur de réelles bases scientifiques, assortie de contrôles et de sanctions réellement efficaces.
La pêche illicite, qui semble être aussi importante quantitativement que les quotas légaux, est la première chose à éradiquer. Pour la pêche légale, il s’agit de limiter les quotas aux capacités réelles de reproduction de l’espèce dans un écosystème déjà fortement dégradé.
En tout état de cause, un assainissement de toute la filière internationale qui alimente essentiellement le Japon (70 à 80% de la consommation mondiale de thon rouge) doit intervenir au plus vite. Compte tenu des profits considérables qu’elle engendre, elle attire naturellement des capitaux d’origine douteuse, par exemple pour les élevages en cage, et génère une forte corruption. Ainsi, des personnalités algériennes sont actuellement en prison pour leur implication, signe que l’Algérie est l’un des rares pays à avoir attaqué ces dérives mafieuses qui concernent pourtant la plupart des pays riverains des zones de pêche.
La France, quant à elle, semble tout juste prendre la question par une autre entrée, la fraude sur les cotisations sociales et le travail clandestin ou non déclaré, scandale enfin dénoncé dans le journal des professionnels de la mer (Le Marin du 4 juin 2010, en couverture). Il se trouve que cette saison de pêche, les bateaux français ont beaucoup de peine à capturer des thons et sont très loin des quotas qui leur ont été accordés pour 2010.
Denez L’Hostis, pilote de la Mission Mer & Littoral de FNE s’étonne que « les acteurs industriels n’aient exprimé qu’une demande de prolongation de la saison, sans s’interroger le moins du monde sur un possible impact d’une chute des populations de thon sur leurs maigres résultats du moment. »
Pour Christian Garnier : « le choix du gouvernement français est choquant, d’avoir attribué la totalité des quotas disponibles en Méditerranée aux seuls armateurs de la pêche industrielle, les senneurs. Les professionnels de la petite pêche côtière, qui représentent un enjeu considérable en termes d’emploi local et de vie du littoral, se voient donc interdire toute capture de thon rouge pour l’approvisionnement de proximité ».
FNE s’oppose d’autant plus à ce choix, qu’elle avait obtenu la reconnaissance, lors des récentes Assises de la pêche, du rôle essentiel de cette activité dans une exploitation des ressources côtières sur une base écologique. Il faut que dans les six mois, pour les prochains rendez vous de l’ICCAT, l’ensemble des acteurs concernés construisent une position politique à tous les niveaux (international et Etats) qui prennent enfin en compte les avis scientifiques et la nécessité d’une réorganisation plus équitable et respectueuse du droit.
[1] CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
[2] ICCAT : Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique nord
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