Agroforesterie : enjeux et perspectives face aux défis environnementaux actuels

En France, la surface d’un département disparait tous les 10 ans sous la pression de l’urbanisation et de l’artificialisation des sols. Dans ce contexte, il apparaît essentiel de valoriser au mieux le territoire en favorisant les pratiques assurant sa multifonctionnalité. Ainsi, la spécialisation entre espaces agricoles et espaces forestiers peut être en partie remise en cause. La réintégration de l’arbre dans le paysage et les pratiques agricoles français représente ainsi un enjeu majeur, à la fois pour l’agriculture, l’environnement, les territoires et les paysages. Le développement de l’agroforesterie (association sur une même parcelle d’arbres et de cultures ou/et d’arbres et d’élevage) peut constituer l’une des réponses à cette problématique, tout en confortant l’activité agricole par les bénéfices biologiques apportés. Le point avec Juliette Lakits, journaliste spécialiste des questions d’environnement et d’agriculture.

Quand on implante sur une même parcelle des arbres et des cultures agricoles, tout un ensemble de relations entre les deux « protagonistes » se met progressivement en place. La présence des cultures oblige les arbres à s’enraciner plus profondément. Or, les racines des arbres, en s’attaquant à la roche-mère, jouent un rôle clef dans la formation et la régénération des sols. La présence d’arbres sur les parcelles permet également de limiter les phénomènes d’érosion. Les arbres favorisent aussi le développement de la microfaune vivant dans la terre, jouant aussi un rôle déterminant dans le fonctionnement biologique des sols. Progressivement, à mesure que les arbres grandissent, le bilan organique du sol s’améliore et le recours aux engrais azotés peut être réduit. Les arbres offrent également nourriture et abri pour une foule d’insectes auxiliaires qui vont s’en prendre aux ravageurs des cultures, d’où un besoin moindre de recourir aux pesticides. Soit des résultats là encore très intéressants du point de vue de la biodiversité, de la qualité de l’eau, etc. Ce n’est pas tout. Dans les parcelles agroforestières, la production de biomasse est plus importante que dans les parcelles « classiques » : les arbres se développent mieux et plus vite, les cultures aussi.

Connue depuis la nuit des temps ou presque, l’agroforesterie est aujourd’hui l’objet d’un regain d’attention. Les projets expérimentaux n’ont jamais été aussi nombreux. Des agriculteurs se lancent ou sont tentés de le faire.

A l’heure où dans bon nombre de régions, les rendements agricoles se sont stabilisés voire ont commencé à baisser, tandis que le prix des intrants, directement lié au cours du pétrole, ne cesse d’augmenter, que les problèmes liés à la pollution des eaux par les nitrates, l’accélération  de l’érosion des sols, les effets néfastes des pesticides ne cessent de se développer, le recours à l’agroforesterie apparait une solution très intéressante.

Ces dernières années et principalement en 2010, des évolutions majeures ont d’ailleurs eu lieu sur le front de la réglementation et du droit qui devraient donner un coup d’accélérateur au développement de projets agroforestiers. Longtemps le statut des parcelles agroforestières a été flou : entre statut forestier ou statut agricole, la situation était très complexe. Progressivement, on s’est orienté vers une reconnaissance du statut agricole de l’agroforesterie. La reconnaissance est complète depuis l’an dernier. Ainsi dans le calcul des surfaces agricoles ouvrant droit à des aides directes, il est désormais possible d’inclure les surfaces plantées en agroforesterie. Les parcelles agroforestières (jusqu’à une densité de 200 arbres à l’ha) sont maintenant intégralement admissibles aux DPU (droits à paiement unique) et autres aides compensatoires, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les investissements réalisés dans le cadre de projets agroforestiers peuvent également bénéficier de subventions (jusqu’à 80% des dépenses éligibles), tandis que d’un point de vue juridique et fiscal, les parcelles agroforestières relèvent désormais du statut agricole. L’arbre, planté en système agroforestier, est bel et bien en train d’être reconnu comme faisant pleinement partie du système de production agricole.

Pour en savoir plus sur le sujet, le bureau d’études Agroof vient de réaliser un film documentaire de 16 mn sur les enjeux et perspectives de l’agroforesterie face aux défis environnementaux et économiques actuels. Ce film est accessible gratuitement sur le site internet d’Agroof. http://www.agroof.net/agroof_edition/agroof_DVD_13.html

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Agroof a également réalisé un DVD complet qui reprend le film, fait le point sur les nouvelles mesures réglementaires et fiscales permettant d’accompagner les projets agroforestiers et propose des éléments techniques pour se lancer. Ce DVD est lui aussi gratuit (sauf frais de port). Pour le commander : http://www.agroof.net/  »>http://www.agroof.net/»>http://www.agroof.net/  

A lire également, la revue Agroforesteries, co-éditée par l’Association française d’agroforesterie (AFAF) et l’Association française des arbres et haies champêtres (AFAHC), http://www.agroforesterie.fr/agroforesterie.html

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