Biodiversité : fragiles coraux

A la fois abris, pouponnières, garde-manger et barrières contre les tempêtes, les récifs coralliens présentent l’une des plus riches biodiversités au monde. Mais ils sont menacés par les activités humaines et les changements climatiques.

Animal, végétal et minéral

Les Grecs croyaient que le corail était un végétal qui durcissait au soleil. Puis, jusqu’au 16ème siècle, on le confondait avec un minéral. Le corail est en fait un animal marin de la famille des anémones de mer, méduses et gorgones (Cnidaires). Il s’agit en réalité d’un polype qui présente un corps en forme de tube, surmonté d’une bouche entourée de tentacules urticants destinés à capturer la nourriture. Certains coraux sont mous, d’autres fabriquent un squelette en calcaire, on parle alors de coraux durs. Certains coraux vivent en symbiose avec des algues microscopiques qui leur donnent leur couleur et aident au développement du squelette. En échange, les coraux fournissent à ces algues les éléments nutritifs nécessaires à leur croissance et à la photosynthèse. Le polype peut vivre seul, mais la plupart des coraux vivent en colonies de milliers d’individus, formant alors des récifs.

Chaud ou froid, en surface ou en profondeur

Dans notre esprit, les récifs coralliens sont souvent associés aux mers tropicales qui abritent effectivement les formations les plus étendues, comme la Grande barrière de corail au large de l’Australie. Mais les mers froides abritent également de tels récifs. On en retrouve au large de la Scandinavie, de la Grande-Bretagne ou encore de la péninsule ibérique. Les récifs coralliens s’établissent de 0 à 4 000 m de profondeur, voire au-delà, comme au large de la Nouvelle-Zélande. A de telles profondeurs, les colonies grandissent moins vite du fait de l’absence des algues symbiotiques.

Branche, patate, table ou croûte

Les formes des coraux varient selon les espèces et leur environnement (lumière, profondeur, agitation de l’eau) et une même espèce peut présenter des formes différentes. Proches de la surface, dans les eaux calmes, ils sont le plus souvent « en branche ». En profondeur, leurs squelettes s’étalent en forme de table pour maximiser le captage de la lumière. Dans les zones battues par les vagues, les coraux doivent résister à l’arrachement d’où leur forme massive, en « patate » ou en « boule ». Il arrive même que les coraux recouvrent leur support, formant une croûte.

Des écosystèmes riches et productifs…

Les récifs coralliens abritent une biodiversité exceptionnelle et offrent un panorama sans pareil de la vie sous-marine : coraux, poissons, raies, tortues, requins… Près de 100 000 espèces, soit un tiers des espèces marines connues, vivent dans les récifs. Elles y trouvent de la matière organique produite par les coraux et indispensable au développement d’une chaîne alimentaire complexe. Ces coraux servent aussi de supports et d’abris à de nombreuses espèces animales et végétales.

A la merci des humains

Les coraux subissent de plein fouet les impacts des activités humaines. L’urbanisation du littoral, l’agriculture intensive et les défrichements entraînent l’érosion des sols. Les sédiments qui s’écoulent alors vers la mer provoquent l’étouffement des coraux. Les rejets d’eaux mal ou non traitées favorise le développement d’algues tandis que les pesticides et d’herbicides impactent les algues symbiotiques nécessaires à la survie des coraux. À ces menaces s’ajoutent la surpêche, le braconnage d’espèces menacées, la pratique non responsable de loisirs maritimes (plongées, plaisance…), l’introduction d’espèces exotiques, mais aussi les filtres chimiques contenus dans les crèmes solaires… A tel point que certaines réserves maritimes interdisent désormais aux touristes de se tartiner avant la baignade.

Climat détraqué, corail en danger  

Les changements climatiques provoquent quant à eux une augmentation de la température des eaux de surface et accentuent certains évènements climatiques naturels, comme El niño, qui perturbent les coraux, en faisant varier la température de l’eau ou le sens du courant.  Or une élévation de quelques degrés à peine provoque la mort des algues symbiotiques puis du polype. On ne voit alors plus qu’un squelette blanc : on parle alors de « blanchissement ». Le programme des Nations unies pour l’Environnement estime qu’un tiers des coraux aurait déjà disparu à cause du réchauffement des eaux tropicales.

Lutter contre les changements climatiques pour sauver les coraux

Il est indispensable de mettre en œuvre rapidement, du niveau local à une échelle plus globale, des mesures de protection et de gestion des récifs coralliens, en sanctuarisant certains espaces, en encourageant la pêche durable, en nettoyant les fonds marins, en sensibilisant touristes et pêcheurs au sort des coraux, etc.  La raréfaction, voire la disparition des coraux, a de lourdes conséquences pour de nombreuses communautés, qui comptent parfois parmi les plus pauvres, et qui tirent des récifs coralliens leur subsistance quotidienne.

Les trois vies sexuelles du corail

Premier cas, le corail est hermaphodite. Il est à la fois mâle et femelle, ou bien change de sexe une ou plusieurs fois dans sa vie. Chez d’autres coraux, les genres sont distincts : la fécondation peut se faire à l’intérieur du corps de la femelle, mais plus généralement à l’extérieur. Lors d’une pleine lune, les coraux d’un même récif émettent alors en même temps leur semence formant un nuage coloré. Un spectacle unique ! Troisième possibilité, une reproduction asexuée, par la libération d’autres polypes qui restent tous liés ou par division à des points fragilisés. C’est cette méthode qui est utilisée pour la transplantation de coraux.