Actualité

Climat : fini le déni !

Publié le 11 août 2015

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueillera Paris Climat 2015, sommet des Nations unies sur le climat. Comment faire face au réchauffement planétaire ? Peut-on encore inverser la tendance ? Qu’organisent les associations du mouvement France Nature Environnement autour de cet événement mondial ? Nos réponses.

Obtenons un accord universel


L’adoption d’un nouvel accord international le plus large possible est une nécessité pour « lutter efficacement contre le dérèglement climatique » et  « accélérer la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone » et ainsi limiter la hausse globale des températures à + 2°C d’ici à 2100 par rapport à 1850, c’est-à-dire l’ère préindustrielle. L’enjeu est vital car le réchauffement de la planète menace l’ensemble de notre système : bouleversements météorologiques, hausse du niveau de la mer, aggravation des famines, disparition de 20 à 30 % des espèces, etc. Pour être significatif, cet accord devra être universel, et donc ratifié par les signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992 et qui rassemble aujourd’hui 195 pays et la Communauté européenne.


Et pourtant contraignant et ambitieux


Contraignant, en fixant des objectifs précis, chiffrés, sur les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre, par pays et par secteur, d’adaptation aux changements climatiques et leur financement, afin que les pays du Nord, responsables du réchauffement actuel, participent aux efforts  des pays du Sud, en particulier les plus vulnérables, qui ont la plus grande marge de progression. Le non-respect de ces objectifs devra être sanctionné. Ambitieux, parce que cet accord doit poser les fondements d’un engagement fort, associant l’ensemble de la communauté internationale et dessinant un nouveau modèle énergétique, qui nous sorte des énergies fossiles.


Tout en étant global, équitable, solidaire et ouvert à la société civile


Global et équitable, parce que tous les pays doivent participer aux efforts de lutte contre le réchauffement de la planète, en fonction de leurs capacités et responsabilités, dont les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (qui rechignent encore à s’engager) et les grands pays émergents comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil.  Solidaire aussi, en aidant les pays les moins avancés à faire face aux changements climatiques et aux pertes et dommages qui y sont liés. Enfin, cet accord doit reconnaître et valider clairement le rôle des acteurs de la société civile et des élus locaux pour élargir le champ de la décision démocratique en matière de lutte contre les changements climatiques. Les initiatives portées par des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux (collectivités, associations, entreprises…), réunies dans un « agenda des solutions » porté par la Présidence française, devront être prises en compte et fonder une mobilisation populaire.


 


Continuons à faire entendre la voix des associations


C’est le ministère des Affaires étrangères, avec l’appui d’une équipe interministérielle, qui participe au nom de la France aux négociations sur le climat. Celles-ci ont déjà débuté, après la COP20 en décembre 2014 à Lima, par des sessions de préparation. France Nature Environnement, déjà présente à Copenhague en 2009, Varsovie en 2013 et Lima, suit de près l’évolution de ces négociations en amont, où sont discutés les points techniques du texte. Nous travaillons depuis de longs mois aux côtés d’autres organisations internationales, comme le Réseau Action Climat, et nos associations de terrain, pour porter auprès des décideurs et de l’opinion publique notre vision de l’accord. Denez L’Hostis, président de FNE, et Jean-Baptiste Poncelet, coordinateur COP21, étaient ainsi à Lima au sein de la délégation française en décembre 2014, ce qui nous a permis d’aborder la question climatique avec Laurent Fabius, Ségolène Royal et les délégations présentes.


La France tenue à un devoir d’exemplarité


En tant que pays hôte, la France doit en effet se saisir cette formidable opportunité pour engager sa propre transition vers un modèle plus sobre, plus juste et décarboné, en fixant des orientations politiques nationales ambitieuses, en légiférant et en règlementant, en apportant des financements aux actions et aux filières les plus vertueuses. Nous défendons trois mesures qui nous semblent particulièrement déterminantes : la rénovation du parc immobilier de l’Etat d’ici 2030 – en commençant par le parc universitaire et social, l’application du principe pollueur-payeur dans le secteur des transports – premier émetteur de gaz à effet de serre avec 27,8 % des émissions nationales – et la fin de la destruction de zones humides, ces réservoirs de biodiversité, aujourd’hui menacés et qui jouent un rôle particulièrement important en termes d’atténuation des effets des changements climatiques (voir aussi Lettre du Hérisson n°256).   


Rassemblons-nous partout en France


Pour montrer aux citoyens et aux dirigeants politiques que la bataille contre le réchauffement planétaire est encore une chance, les associations du mouvement France Nature Environnement s’engagent. Une trentaine d’événements et actions, défis, café ou ciné-débats sont organisés d’ici décembre par le mouvement France Nature Environnement sur tout le territoire, aussi bien dans l’hexagone que dans les outre-mer. Un week-end de mobilisation nationale des associations est prévu les 26 et 27 septembre (voir encadré).


Dans de nombreuses villes de France, des associations de France Nature Environnement participent aux Alternatiba, une série de manifestations organisées par des citoyens de tous les horizons autour du climat. En Guadeloupe, début novembre, l’URAPEG-FNE Guadeloupe mettra en lumière les questions d’eau, d’énergie et de biodiversité.


Nous faisons également partie de la Coalition Climat 21, qui regroupe plus de 90 associations de solidarité internationale, d’organisations de défense de l’environnement, de syndicats, des mouvements citoyens et de jeunesse, des organisations et réseaux confessionnels, en somme des millions de citoyens de tous les horizons préoccupés par le réchauffement de la planète.  A l’approche du sommet, nous communiquerons d’une seule voix dans les médias nationaux.


Interpellons les dirigeants


Les quinze jours de Paris Climat 2015 seront le point d’orgue et le début durable de cette mobilisation pour le climat. Une marche pour le climat le 29 novembre nous permettra d’interpeller les dirigeants à la veille des négociations. L’année dernière, ils étaient plus de 400 000 dans les rues de New-York. Combien serons-nous à Paris ? Durant les deux semaines suivantes, les rendez-vous populaires se multiplieront pour faire de la France l’épicentre de la lutte contre les changements climatiques. France Nature Environnement et ses associations y contribueront.  


Témoignons


Pendant ce temps, le sommet officiel se déroulera au Bourget, au nord de Paris. Plus de 15 000 participants dûment accrédités sont attendus : les 196 délégations, les médias et la société civile (entreprises, ONG, scientifiques, les collectivités territoriales, les populations autochtones, les syndicats). Une fois de plus, France Nature Environnement sera de la partie. En tant qu’observateurs, nous assisterons à certains des débats. Cette dernière ligne droite avant la signature sera l’occasion de plaider encore et toujours la cause du climat auprès des décideurs, pour qu’ils prennent des mesures à la hauteur. Enfin, notre présence au Bourget sera l’occasion de faire connaître nos actions aux visiteurs, de témoigner des impacts locaux des changements climatiques et d’informer le grand public sur l’avancée des négociations.   


L’après-Paris


Après l’échec de Copenhague (voir encadré), le scénario d’un sommet sans accord hante forcément les esprits. Parce que le réchauffement climatique ne connaît pas de frontière, il est indispensable d’y apporter une réponse globale et concertée. L’urgence est là et plus le temps passe, plus l’avenir s’assombrit. Mais au-delà de l’accord stricto sensu, c’est au niveau local que résident des solutions concrètes, dont certaines sont déjà mises en œuvre. Les exemples foisonnent. Dans le domaine de l’énergie, on peut citer le premier parc éolien détenu par des citoyens, à Béganne, dans le Morbihan, ou bien le programme Habitat Solidaire et Durable lancé par le Conseil régional de Basse-Normandie pour mettre aux normes basse consommation 400 logements anciens. Revest-des-Brousses et Entrevennes, deux communes des Alpes de Haute-Provence confrontées à des problèmes d’approvisionnement en eau, ont su quant à elles revoir leurs stratégies de développement et orientent leurs réflexions autour de la ressource disponible et la préservation de cette dernière. Des pistes à généraliser, ce qui ne sera possible qu’avec de la volonté politique. mso-ascii-theme-font:minor-latin;mso-hansi-theme-font:minor-latin;mso-bidi-font-family:
«Times New Roman»;mso-bidi-theme-font:minor-bidi;font-weight:normal»>


Agissons chaque jour


De grandes décisions internationales pour le climat, venant des Etats et des entreprises, sont indispensables. Mais chacun d’entre nous peut aussi agir à son échelle. Changer ses modes de transport, en privilégiant la marche, le vélo, le train plutôt que l’avion, covoiturer ou éviter de prendre sa voiture, bien isoler son habitat, opter pour des appareils économes en énergie, limiter sa consommation de viande, choisir des fruits et légumes de saison et des produits locaux, réduire ses déchets : tous ces gestes simples et quotidiens contribuent eux aussi à la lutte contre les changements climatiques. Ensemble, nous pouvons encore refaire le climat.   


Bénédicte de Badereau

La Lettre du Hérisson, été 2015