Mayotte : histoire de la naissance d’un réseau d’éducation à l’environnement

Publié le 8 décembre 2015

Le 2 décembre à Mayotte, avaient lieu les 1ères Assises de l’Education à l’Environnement et au Développement Durable (EEDD) organisées par Mayotte Nature Environnement. Une journée riche en rencontres et en échanges qui laisse entrevoir la constitution du premier réseau d’EEDD de l’île. Comment cela se passe-t-il ? Témoignage de Rachel Louiset, coordinatrice du réseau Education à l’Environnement de France Nature Environnement.

8h30 : plus de participants que prévu

Une fois n’est pas coutume, la réunion commence à l’heure. La bonne surprise, c’est que nous sommes plus nombreux que prévus, une bonne trentaine de personnes ne s’étant pas inscrites. 130 personnes sont donc réunies pour ces 1ères Assises de l’EEDD de Mayotte : beaucoup d’associations, mais aussi des collectivités, ainsi que quelques élu.e.s ou encore l’ADEME.

A l’initiative de la journée, Mayotte Nature Environnement (fédération membre de FNE) qui a organisé ces Assises grâce au FEADER[1] et au soutien de la DEAL[2], du Conseil départemental et de l’ARS[3]. Houlam Chamssidine, son président, nous accueille avec le sourire. Il propose que chacun.e fasse connaissance avec son voisin, sa voisine ; et ça fonctionne !

Un début plein d’attentes mais aussi de promesses

En guise d’ouverture, les partenaires rappellent à la fois leur attachement mais aussi l’intérêt des programmes d’EEDD.

Puis une vidéo réalisée pour l’occasion, dressent des portraits de nombreux acteurs de l’EEDD de Mayotte. A l’image de la biodiversité qu’ils défendent, les expériences sont aussi riches que diversifiées !

Plusieurs participants réagissent dans la salle : les associations manquent de moyens, d’outils, il y a de nombreuses associations mais pas assez de liens, pas assez de synergies. Une personne s’exprime en mahorais : « Celui qui ne se connaît pas son passé et ses origines, ressemble à un arbre sans racine » avant d’ajouter qu’il est important de former les jeunes et des professionnels d’animation à la nature. Lydia Ahamed Omar, animatrice des Naturalistes de Mayotte, répond alors qu’il existe une formation BPJEPS[4] à Mayotte, qu’elle a elle-même suivie.

Vient l’heure de la construction collective

L’heure des ateliers arrive. Il y en aura quatre en simultané : Déchets, Biodiversité, Santé-Environnement et Adaptation aux changements climatiques. Chaque atelier réunit une trentaine de participants. Les besoins de se connaître, se rencontrer, d’échanger, de partager les expériences, les outils pédagogiques, créer et agir ensemble s’expriment très nettement. L’envie de se mettre en réseau est belle et bien là.

Ça tombe bien, Monique Paternoster du réseau Granddir à La Réunion et François Lasserre du réseau Graine Ile de France, sont là pour présenter l’histoire, le fonctionnement et les actions de leurs réseaux respectifs. Ils possèdent des missions similaires et partagent un objectif commun : « Favoriser le faire ensemble » pour développer l’EEDD sur leurs territoires. De quoi inspirer le futur réseau EEDD de Mayotte.

Après l’émulation, vient la restitution des ateliers. C’est riche d’idées et d’envies : créer une plateforme et des espaces de rencontres pour échanger, multiplier les partenariats (avec les écoles, les associations culturelles et sportives, etc.), amplifier la formation et la sensibilisation des adultes (élus et habitants), développer le vélo électrique dans le milieu urbain, etc. Toute cette matière sera retranscrite dans les actes des Assises qui seront publiés au 1^er semestre 2016.

Une conclusion qui n’est que le début d’une histoire

Déjà 17h, le temps passe vite, il faut conclure la journée. J’ai la consigne de faire court ; la journée a été dense et la chaleur commence à avoir raison de nous tous. Je choisis de partager deux aspects.

Le premier, c’est que cette journée montre qu’il y a vraiment besoin de se rencontrer et d’échanger. Le nombre de participants l’a démontré. On voit bien là la nécessité de se mettre en réseau, pour mettre en commun les compétences, les expériences, les réussites, les outils pédagogiques, les difficultés rencontrées, les idées pour les surmonter, etc. La bonne nouvelle c’est que c’est en bonne route, c’est bien l’objectif juste après cette journée. Les personnes et les envies sont là.

L’éducation à l’environnement ne se termine pas avec l’enfance

Le deuxième c’est de ne pas oublier l’éducation à l’environnement auprès des adultes. On a beaucoup entendu pendant cette journée « il faut éduquer les enfants… sensibiliser les jeunes…. Ils vont porter la parole auprès des adultes (…) ».

Nous devons tous aller vers « Une éducation à l’environnement et à la nature, tout au long de la vie, dans tous les lieux de la vie (chez soi, en famille, dehors, dans les loisirs, sur notre lieu de travail, etc.) et surtout à tous les âges de la vie ».

Bien sûr, continuons à éduquer les enfants, et attachons-nous à développer leur capacité à s’émerveiller devant la nature, et surtout qu’ils ne la perdent jamais. Mais l’urgence est telle aujourd’hui qu’on ne peut pas attendre que ceux-ci deviennent les adultes responsables de demain, ce sont aux adultes d’aujourd’hui de prendre conscience et d’agir dès maintenant.

Me vient alors en tête ma propre capacité d’émerveillement. La veille, j’ai eu la chance de voir pour la première fois une tortue pondre, une expérience incroyable qui, du haut de mes 32 ans, n’a pas manqué de m’émerveiller.

La journée se termine sur une belle impulsion. Le tout nouveau réseau EEDD de Mayotte prend forme, porté par un enthousiasme partagé. Le prochain rendez-vous est pris en 2016 pour les actes des Assises.

[1] Fonds européen agricole pour le développement rural

[2] Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

[3] Agence Régionale de la Santé

[4] Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport