Retrouver la nuit – Lutter contre la pollution lumineuse

C’est une pollution importante, qui revient chaque soir et contre laquelle il est pourtant si simple d’agir. Depuis de nombreuses années, les associations du mouvement FNE, de manière bénévole, notamment incarnées par Pierre Brunet, agissent pour préserver le monde de la nuit et contre la pollution lumineuse. Début 2021, FNE et plusieurs fédérations régionales ont lancé plusieurs actions coordonnées afin de lutter efficacement pour protéger l’environnement nocturne et les espèces qui en dépendent. Maraudes pour comptabiliser les éclairages illégaux sur l’ensemble du territoire français, alerte des médias, courriers pour interpeller les structures fautives : nous sommes passés à la vitesse supérieure !

Rencontre avec Julie Durand

Chargée de mission au Lien Fédéral de France Nature Environnement
 

Une pollution invisible, aux multiples impacts

Agir sur la pollution lumineuse, c’est crucial. D’abord parce que cette pollution a un impact énorme sur le cycle de vie de certains animaux, qui ont besoin de la période entre jour et nuit pour chasser, se nourrir, se reproduire… Pour des raisons financières et énergétiques aussi, parce que c’est un gâchis d’électricité. Mais aussi, et on l’oublie trop souvent, parce qu’elle a un impact sur la santé humaine, en perturbant le rythme jour/nuit et le cycle de sommeil…

Heureusement, nous disposons d’outils : d’abord, faire respecter la réglementation et notamment promouvoir les étiquettes environnementales sur l’éclairage nocturne. L’arrêté de fin 2018 sur le sujet, auquel nous avons largement contribué, est l’un des plus ambitieux, mais il reste à le faire appliquer. Ensuite, valoriser et développer les trames noires sur le territoire, et sensibiliser aux enjeux autour de la biodiversité. Et enfin, partager l’expérience au sein de la fédération, afin d’outiller toutes nos associations sur le sujet.

Mais pour bien commencer, il faut de la donnée : en 2021, partout en France, les associations du mouvement ont organisé plus d’une vingtaine de maraudes. Elles ont permis de repérer plus de 3 050 points lumineux en infraction. Nous avons compilé ces données dans une carte, identifié les 13 enseignes les plus souvent citées, pour les contacter directement par courrier et les rencontrer, afin d’essayer d’améliorer la situation et de faire respecter l’arrêté.

Un combat fédérateur dans tous les territoires

Ce qui est paradoxal, c’est que c’est très facile d’agir sur la pollution lumineuse. Pour l’arrêter, il suffit d’appuyer sur un interrupteur, contrairement à d’autres pollutions bien plus complexes à résoudre. C’est donc un excellent premier pas pour faire bouger les communes et les entreprises.

C’est aussi un sujet motivant pour l’ensemble du mouvement ! La grande majorité des actions viennent d’associations du mouvement. On ne réinvente rien : on valorise ce qui est fait dans les territoires et on partage les expériences. Il s’agit à mes yeux de ce qui fait la force de France Nature Environnement : nous sommes partis de ce qui se passait sur le terrain pour construire ce projet, avec l’optique de le faire financer ensuite.

Et surtout ça marche : nous avons interpellé une grande enseigne par courrier, qui nous a répondu très positivement et annonce éteindre plus d’une centaine d’enseignes en Loire-Atlantique !

Pour lutter vous aussi contre la pollution lumineuse, n’hésitez pas à vous rapprocher de la fédération de votre région pour participer à ses actions !