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Combien de loup en France ?

Publié le 11 août 2010

Chargé par le Ministère de l’Écologie du suivi du loup en France, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) vient de publier les résultats des prospections de terrain réalisées cet hiver 2009/2010. L’absence d’indice dans cinq zones de présence permanente et un nombre minimum de loups en baisse - 62 à 74 loups - mettent en évidence la précarité de la population de loups en France.

 



Le comptage à quoi ça sert ?


Les opérations de comptage de la population de loups sont organisées chaque hiver afin d’assurer un suivi démographique de l’espèce et d’évaluer les tendances de la population. Les voies dans la neige, la découverte des proies sauvages ou encore les crottes et poils sont autant d’indices permettant de détecter les zones où la présence du loup est avérée et d’évaluer une fourchette minimale des loups présents sur le territoire. Cet hiver rigoureux, avec des chutes de neige importantes et des périodes de froid prolongées, a offert aux équipes des conditions de suivi favorables.


Résultats


27 zones de présence permanente (ZPP) ont été relevées cet hiver, contre 26 pour 2008/2009. Les points marquants :



  • 21 ZPP confirmées avec la présence de meutes établies pour certaines.

  • 5 ZPP sans indice : Il s’agit de Lure dans les Alpes de Haute-Provence, de Taillefer-Luitel dans l’Isère, du Galibier-Thabor et des Bauges en Savoie et des Monts du Cantal. Sans nouvel indice dans ces secteurs l’année prochaine, ces ZPP seront déclassées.

  • 1 nouvelle ZPP a été mise en évidence dans les Hautes-Alpes : Céüse-Aujour.

  • 7 cas de mortalité ont été constatés, entre mai 2009 et mai 2010. Un loup en dispersion a été percuté par un véhicule dans l’Ain. Dans les Hautes-Alpes, le cadavre d’un loup dont la cause de mortalité reste indéterminée a été retrouvé et un autre a été braconné à Esparron. Dans l’Isère, un individu a été percuté par un véhicule à Pont de Claix. Un loup dont la cause de mortalité est inconnue a été retrouvé en Savoie près de Modane. Et enfin, en Haute-Savoie, un loup a été braconné et un autre abattu dans le cadre des opérations de tir officiel.


L’effectif minimal est estimé entre 62 et 74 loups, soit une tendance à la baisse des effectifs sédentaires.


Dans le détail


Pour Alpes de Haute Provence, les indices nombreux retrouvés pour les secteurs du Parpaillon-Ubaye, Monges et Grand Coyer confirment le statut de meute établie. Pour la ZPP du Haut-Verdon-Bachelard, il semble que la reproduction a échoué, seuls 2 individus ont été suivis.


Pour les Hautes-Alpes, la proximité des indices relevés sur le secteur Céüse-Aujour avec la ZPP de Durbon-Jocou et le nombre identique de loups repérés (4 individus) pouvait laisser penser qu’il s’agissait du même groupe. Un comptage simultané organisé début janvier sur ces secteurs a permis de démontrer la présence de loups sur chaque zone. Une analyse génétique semble également démontrer que les loups présents à Céüse-Aujour ne sont pas les mêmes que ceux du secteur Durbon-Jocou. Ainsi, Céüse-Aujour est considéré comme une nouvelle ZPP. Dans le Béal-Traversier, suite à la disparition de la femelle alpha due à une collision avec une voiture, la meute a éclaté et aucune reproduction n’a été relevée en 2009. Les loups, 2 à 3 individus, restent néanmoins présents. Pour Queyras-Pellice, si une baisse des indices de présence a été relevée côté français, une nouvelle meute est apparue versant italien dans le Val Varaïta. Des traces repérées du côté français, avec 5 loups, ont été aussi repérées du côté italien dans le Val Pellice-Val Lunga. Il est possible que l’on assiste là à une nouvelle organisation territoriale. Des analyses génétiques devraient permettre d’éclairer la situation. Pour la Clarée, seules des constatations sur des proies sauvages attestent de la présence du loup.


Dans les Alpes Maritimes, la ZPP de Haute-Tinée est occupée par 2 loups, venant confirmer l’absence de reproduction pour 2009. En Moyenne-Tinée, malgré une reproduction avérée en 2009, seuls deux individus ont pu être suivis. En revanche, en Vésubie Tinée, 7 animaux ont été comptabilisés et 4 pour Vésubie-Roya. Pour la ZPP du Cheiron, les indices relevés ont été faibles.


Dans le Var, sur le secteur de Canjuers, l’absence de neige ne permet pas de connaître avec précision la situation du loup. Si la reproduction a bien été constatée en 2009, les indices permettent de repérer seulement 2 individus. Aucun indice n’a été relevé pour le massif de la Sainte-Baume.


Dans la Drôme, le couple fondateur de la meute des Hauts Plateaux du Vercors semble avoir quelque problème de reproduction puisque la meute plafonne toujours à 2 individus. Sur le Vercors Ouest, 4 à 5 animaux ont pu être repérés.


En Isère, 3 à 4 loups ont été recensés, avec notamment des indices en limite avec la Savoie, où en Haute-Maurienne, la présence de seulement 2 individus a pu être relevée contre 4 l’hiver dernier. Un cas de mortalité de cause indéterminée datant de l’automne ou du début de l’hiver a été constaté à Modane. La génétique a revélé qu’il s’agit d’une louve présente depuis 2006 sur Valmeinier, puis en 2007 et 2008 sur Modane, Sollières-Sardières et Termignon, et en mars 2009 à Lanslevillard. Ces informations devraient permettre d’affiner les limites du territoire de cette meute qui s’étend a minima dans la vallée depuis Modane jusqu’en Italie.


En Haute-Savoie, le recensement a connu quelques difficultés faute de disponibilité des membres de l’équipe de suivi local. 2 à 3 loups ont pu être repérés contre 4 à 5 l’hiver dernier. Toutefois, une piste relevée au courant du printemps atteste de la présence de 3 individus. Cet effectif en baisse est sans doute lié à la déstructuration de la meute suite à un tir illégal intervenu début 2009 et à la disparition d’une femelle alpha gestante dans le cadre d’un tir officiel. Par ailleurs, la découverte d’un jeune mâle suite à une collision avec un véhicule dans l’Ain démontre la dispersion d’individu depuis cette meute.


Enfin, dans les Pyrénées-Orientales, seuls 2 indices ont été relevés dans la ZPP du Carlit posant ainsi des questions sur l’occupation territoriale de ce secteur par les loups. En effet, des indices de présence ont été relevés du côté espagnol, dans la Sierra del Cadi et le Valespir, laissant entendre une occupation transfrontalière. Une ZPP avec la présence d’une femelle a été définie côté espagnol dans le massif de Ripollès.


Dans les zones de présence temporaire


Des traces de présence du loup ont été relevées ça et là hors des ZPP dans les Alpes de Haute Provence, l’Isère, la Savoie. Dans le Var, deux observations visuelles ont été réalisées à Artigues au sud de la ZPP de Canjuers. Dans le Diois, si la constatation d’indices de présence se poursuit, ce secteur pourra être une prochaine ZPP. Enfin, dans le Jura, à Boudroux, la piste de 2 individus a été relevée, soit à peine à une quinzaine de kilomètres de l’endroit où le cadavre d’un loup percuté par une voiture a été retrouvé en mai 2009.


Le suivi met en évidence une tendance à la baisse des effectifs sédentaires de loups qui ne peut être expliquée par un biais méthodologique, les conditions de prospection ayant été bonnes et le nombre d’indices relevés important. Par ailleurs, aucun indice de présence n’a été relevé dans cinq ZPP. Sans tirer de conclusions hâtives de ces résultats, il ressort néanmoins que la population de loups présente sur notre territoire demeure encore très précaire, même si l’espèce semble effectivement étendre son territoire. Il convient de rester vigilant quant à la gestion du loup mise en place.



Sources : Bulletin Quoi de neuf ? n°23 - Juillet 2010 - ONCFS

Télécharger le bulletin Quoi de neuf en format PDF



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