Actualité
Biodiversité Biodiversité

L'incroyable périple de l'ours polonais Iwo

Publié le 1 juin 2015

Iwo est un ours âgé de 5 ans. Équipé d’un collier émetteur dans les Tatras en Pologne il y a un an, ses déplacements et son comportement sont depuis suivis avec attention. Une étude riche d’enseignements.

Il y a un an, l’ours avait été capturé et équipé d’un collier émetteur par une équipe de chercheurs de l’Institut de conservation de la nature de Cracovie et du parc national des Tatras, ce massif montagneux à cheval sur la frontière entre la Pologne et la Slovaquie.



Un premier voyage d’entraînement

Au printemps 2014, l’ours avait effectué un grand voyage aller-retour de 80 km depuis ses montagnes polonaises d’origine vers l’ouest puis avait opéré un retour dans la région de Liptov dans le nord de la Slovaquie. Lors de ce déplacement, outre son endurance, l’ours avait montré des talents de grimpeur puisqu’à trois reprises, il avait traversé les montagnes Tatras allant jusqu’à des altitudes de 2 200 à 2 400 m.



Un second périple de près de 400 km


Fin avril 2015, Iwo a décidé de quitter le nord de la Slovaquie. Il a pris cap vers le sud sur 114 km et une semaine plus tard, le 3 mai 2015, il a traversé la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie. Après une semaine sur place, l’ours a rebroussé chemin, quittant la Hongrie et traversant à nouveau la frontière slovaque le 11 mai. Il a ensuite soudainement changé de direction pour se diriger vers le nord-est, débutant ainsi un nouveau voyage à travers la Slovaquie. Le soir du 19 mai, après près de 190 km parcourus depuis son départ de Hongrie, l’ours a atteint la Pologne dans partie orientales des Carpates près des montagnes de Bieszczady, et pas très loin de la frontière avec l’Ukraine. (Voir la carte des déplacements)

Le périple d’Iwo pourrait bientôt comptabiliser plus de 400 km. La plus grande distance de dispersion parcourue par un mâle en Europe est de 467 km, enregistrée dans la population d’ours scandinave.



Un voyage qui forme la connaissance

Le suivi a montré que lors de son périple de 190 km au travers de la Slovaquie, l’ours a surtout voyagé de nuit pour éviter les rencontres avec les hommes. Il est passé de massif forestier en massif forestier en traversant rapidement nuitamment des champs cultivés. Il a également traversé des habitats peu favorables aux ours, avec beaucoup de routes, de villages et de villes. Ce qui l’a parfois obligé à prendre des risques. Il a ainsi traversé l’autoroute D1 entre Kosiče et Prešov, probablement en passant sous un pont et a même nagé une centaine de mètres au niveau du barrage de Domaša sur la rivière Ondava.



L’autre avancée se situe au niveau de la connaissance des ours du nord des Carpates. Les précédentes observations de terrain et les études génétiques suggéraient que les ours des Carpates occidentales et orientales n’étaient pas vraiment connectés. Bien que des ours avaient été repérés entre les Tatras et les montagnes de Bieszczady et que l’habitat y est favorable, les ours n’ont été repérés que rarement dans ce corridor et aucune reproduction ou observation de femelles accompagnées de petits n’a été notée. Cet ours aura joué un rôle important dans la reconnexion de ces deux secteurs s’il parvenait à se reproduire avec une femelle de Bieszczady.



Le collier d’Iwo était programmé pour se détacher automatiquement au bout d’un an. Reste à voir les dernières informations qu’il pourra envoyer.



Coopération et intérêt du public

Tout au long de son parcours, l’ours a été suivi attentivement : chercheurs et gestionnaires des parcs sont restés en contacts étroits. En Hongrie, où l’ours n’est qu’occasionnellement observé dans la partie nord du pays, là où Iwo a passé quelques jours, la population a montré un grand intérêt pour le plantigrade, et sa présence a fait émerger des questions sur la conservation de cette espèce dans le pays. Bien que protégés en Hongrie, des ours ont subi quelques actes de braconnages ces dernières années dans cette région.



Le suivi d’Iwo, de l’initiative au départ entre le parc national des Tatras et l’Institut de conservation de la nature de Cracovie, a ensuite été rattaché au projet GLOBE, auquel participe également une équipe scandinave. GLOBE vise à étudier les effets des changements climatiques et anthropiques sur l’écologie des ours bruns.

Pour aller plus loin

barge à queue noire
Actualité
Biodiversité Biodiversité

Suspendons la chasse de deux espèces d’oiseaux menacées

Publié le 16 juillet 2024
Le ministère de la Transition écologique et solidaire a ouvert une consultation publique…
Votez le 9 juin !
Actualité
Biodiversité Biodiversité

Le 9 juin, choisissez l’Europe que vous voulez !

Publié le 10 juin 2024
Publié le 18 avril 2024 - Mis à jour le 10 juin 2024 Le 9 juin dernier, les électeurs et…
Zone humide
Actualité
Biodiversité Biodiversité

Consultation publique : donnez votre avis pour protéger les petites zones humides !

Publié le 5 juin 2024
Le ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires a mis en…
loup
Communiqué de presse
Biodiversité Biodiversité

La déraison d'Etat, ça suffit !

Publié le 23 mai 2024
Communiqué commun ASPAS, Ferus, FNE, Humanité & Biodiversité, LPO, WWF La dernière estimation…