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Pharmacopée chinoise, quand l'ours en pâtit
Controverse en Chine, à l’occasion de la demande d’entrée en bourse d’une entreprise produisant de la bile d’ours dont l’extraction est une torture pour les plantigrades.
Utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise depuis des siècles pour ses vertus censées soigner les inflammations, réguler le cholestérol, dissoudre les calculs biliaires et rénaux, ou améliorer la vision entre autres, la bile d’ours fait l’objet d’un commerce très lucratif en chine aux dépens des animaux.
Lorsque l’entreprise Guizhentang spécialisée dans la production de bile d’ours, a voulu entrer à la bourse de Shenzhen pour pouvoir augmenter son parc de fermes et tripler son effectif d’ours, une immense vague de mobilisation s’est créée sur internet et dans l’opinion publique. Plusieurs personnalités chinoises et des milliers de cybermilitants ont adressé une pétition aux autorités boursières pour s’opposer à cette demande.
Sous la pression de plusieurs ONG défenseuses des animaux et de ces milliers de gens dénonçant les souffrances subies par les ours, l’entreprise s’est résignée à ouvrir les portes d’une de ses fermes de la province de Fujian. Lors d’une formidable mascarade, des journalistes chinois triés sur le volet ont pu, sans être autorisés à poser des questions, assister au prélèvement de bile d’ours par des techniciens en blouse et masque chirurgical dans des conditions aseptisées, bien loin de représenter la réalité des fermes d’ours du pays. La presse internationale s’est vue refuser l’entrée, elle n’était pas invitée malgré la promesse d’un transparence complète de la part de l’entreprise.
Le prélèvement de bile se fait deux à trois fois par jour, à l’aide d’un cathéter ou d’une fistule perforant l’abdomen des ours et reliés à la vésicule biliaire.
Le président de l’association de médecine traditionnelle chinoise, dont la société Guizhentang fait partie moyennant finance, a déclaré que prélever la bile d’ours revient à » tourner un robinet, c’est sans douleur naturel et simple «. Mais les associations de défenses des animaux ne sont pas de cet avis, ils dénoncent depuis longtemps cette technique barbare. Les ours sont enfermés dans des cages très étroites dans lesquelles ils peuvent à peine bouger, le prélèvement de bile cause de nombreuses infections et maladies aux ours, certains, lorsqu’ils survivent peuvent rester plus de 25 ans en cage rapporte Jill Robinson fondatrice de l’association Animals Asia. Environ 7 000 ours sont actuellement enfermés dans les fermes productrices de bile selon les chiffres officiels, mais les ONG en soupçonnent bien plus, ils seraient près de 20 000. La race la plus concernée par ce commerce est celle des Ours à collier.
D’autre part, d’après Jiang Qi, ancien Vice-président de l’Université Pharmaceutique de Shenyang des années de recherches ont permis de montrer que l’on peut fabriquer des substituts médicamenteux ayant les mêmes fonctions que la bile. Cependant les autorités gouvernementales n’ont pas encore accordé la mise sur le marché de ces médicaments de substitution.
L’opinion publique chinoise s’intéresse de plus en plus au bien être animal et, rejoignant la cause des défenseurs des animaux des dizaines de pharmacies en Chine ont retiré de leurs rayons les produits à base de bile d’ours. Souhaitons que ce phénomène prenne de l’ampleur dans un avenir assez proche.
Photo: Ours brun