Projet Riverains : Dialoguer pour mieux protéger

Depuis juillet 2018, France Nature Environnement a pour ambition la sortie des pesticides le plus rapidement possible. Il est devenu plus qu’urgent d’apprendre à travailler sans pesticides. Si notre action dans ce domaine s’est illustrée en 2021 par des décisions de justice historiques, comme l’annulation par le Conseil d’Etat des pesticides dans les zones Natura 2000, dans les territoires, un équilibre reste à trouver entre les agriculteurs et les riverains. Pour répondre à cette question, 2021 a vu le déploiement d’un projet original pour la fédération : le projet Riverains. Son objectif : amener les différents habitants d’un territoire à dialoguer sur ce terrain miné, clivant, pour trouver ensemble des solutions satisfaisantes.

Rencontre avec Thibault Leroux

Chargé de mission au réseau Agriculture de France Nature Environnement
 

Faire dialoguer tous les acteurs en bonne intelligence

La genèse du projet Riverains, c’est 2018 : la loi Egalim venait de passer, et elle prévoyait enfin une protection des riverains, via un dispositif appelé Zones de Non-Traitement. Nous étions curieux de voir comment allaient se passer les concertations pour délimiter ces zones.

Très vite, on a constaté qu’elles étaient menées essentiellement par les chambres d’agriculture et les acteurs agricoles, sans impliquer d’autres acteurs. Nous nous sommes donc dit que les associations étaient tout aussi pertinentes pour mener une concertation entre les riverains et le monde agricole. Et nous étions parfaitement légitimes à mener de telles démarches : par notre présence dans les territoires, notre expertise, mais aussi parce que nous sommes un acteur reconnu des institutions.

En construisant ce projet, on voulait impliquer des acteurs agricoles nationaux, ouverts à ce type d’expérimentation, ainsi que des acteurs représentatifs du terrain : 4 associations territoriales de notre mouvement, et 2 coopératives agricoles.

«Très tôt, on a eu le souci de savoir qui serait présent, de s’adresser à l’ensemble du monde agricole, et je pense que c’est ce qui a fait le succès du projet.»

Enfin, ce n’est pas parce qu’on est impacté par un sujet qu’on le connait bien. Pour qu’une telle concertation réussisse à impliquer toute la variété des acteurs d’un territoire, il fallait s’assurer que tout le monde ait le même niveau de connaissance du sujet.

Le projet Riverains, c’est donc une méthodologie de dialogue territorial, d’abord, mais aussi un ensemble de supports pédagogiques. Très tôt, on a eu le souci de savoir qui serait présent, de s’adresser à l’ensemble du monde agricole, et je pense que c’est ce qui a fait le succès du projet.

Une démarche basée sur la confiance et le dialogue

Le premier jet du projet, conçu en 2020, a été un succès lors de sa phase pilote, dans le Doubs. L’expérience de FNE Doubs, qui a réalisé l’ensemble de la démarche, constitue une précieuse base pour répliquer le projet, connaître les écueils à éviter et les atouts à poser.

Lycée agricole, riverains, associations environnementales, élus et agriculteurs : toutes sortes d’acteurs ont accepté de participer à la démarche, hormis un agriculteur qui a refusé. Au départ, les agriculteurs étaient très méfiants, mais au fur et à mesure des réunions, ils ont compris que FNE Doubs n’était pas dans une démarche d’opposition. Cela a permis de créer un vrai lien de confiance.

Le sujet des pesticides était une porte d’entrée qui a ouvert le dialogue et permis d’élargir le débat à de nombreux autres sujets : protection des cours d’eaux, transition agricole, épandage de pesticides, difficultés des agriculteurs à changer de pratiques, gestion des haies…

Mieux encore, ce projet a permis de créer de nouvelles relations, de nouveaux liens entre élus, riverains et agriculteurs : un nouvel espace de confiance où chacun peut s’exprimer sur sa conception de la commune, où chacun peut exprimer ses difficultés.

Pour répliquer ce projet dans votre région, contactez-nous !