
Concertation publique sur l’énergie et le climat : portez les solutions pour un monde vivable
Mis en ligne le 29 novembre 2024 - mis à jour le 21 février 2025
Vos factures d’électricité et vos impôts financeront-ils les énergies renouvelables, le nucléaire ou la rénovation ? Quelles alternatives propres seront offertes pour ne plus condamner à l’usage de la voiture, avec des pleins toujours plus couteux et un air toujours plus pollué ? Climat sera-t-il conjugué avec biodiversité ? Donnez votre avis !
La concertation publique sur les projets de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et de Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) du gouvernement est désormais ouverte jusqu’au 16 décembre 2024. Ces deux documents fixeront les objectifs et orientations de la France en matière d’énergie et de climat, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
France Nature Environnement vous décrypte les enjeux et vous donne des clés pour demander une véritable transition énergétique respectueuse de l’environnement, de la biodiversité et des citoyen·nes.
La PPE, de quoi s’agit-il ?
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe tous les 5 ans et pour une période de 10 ans les choix de la France en matière de mix énergétique, d’approvisionnement et de réduction des consommations par la sobriété et l’efficacité énergétique. Le projet de PPE actuellement en concertation porte sur la période 2025-2035.
La SNBC, de quoi s’agit-il ?
La Stratégie Nationale bas-carbone (SNBC) est la feuille de route de la France pour lutter contre le changement climatique et faire ainsi en sorte que notre planète demeure vivable. Sur la base de scénarios de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES), elle définit des budgets carbone pour une période de 3 fois 5 ans pour chaque secteur d’activité (transports, industrie, agriculture…) et identifie des mesures permettant de respecter ces budgets, tout en visant la neutralité carbone en 2050.
En savoir plus : Comment se décide la politique énergétique de la France ?
Cette concertation est l’occasion de faire entendre votre avis sur la politique énergétique et climatique du gouvernement et la manière dont elle se décide ! Votre soutien est important pour l’améliorer.
Notre analyse
Les choix inscrits dans ces documents n’ont pas été débattus démocratiquement. France Nature Environnement contribue depuis plus de deux ans à la préparation de la future Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC). Des débats sur le mix énergétique ont déjà eu lieu, mais dans des conditions que nous jugeons non satisfaisantes (informations lacunaires, absence de médiatisation, choix imposé sur le nucléaire et ses impacts), ce qui n’a pas permis d’aboutir à un projet consensuel, ni à satisfaire aux exigences de démocratie participative.
En quelques mots : Ce document de projet de “PPE” reflète un choix politique qui n’a pas été débattu par le Parlement, sans fondement scientifique et sans évaluation des impacts environnementaux, économiques, sociétaux de ce choix.
Les moyens sont insuffisants pour tenir les promesses. Au regard des coupes budgétaires récentes dans tous les secteurs, nous sommes très inquiet·es sur la possibilité de mettre en œuvre les mesures proposées par les projets de PPE et de SNBC.
Le scénario 100 % énergies renouvelables doit être sur la table ! Pour nourrir la réflexion et éclairer les choix possibles, plusieurs organismes ont présenté en 2021 des scénarios de prospective pour atteindre la neutralité carbone (RTE, négaWatt, Ademe, Shift). Tous ces scénarios ont en commun un développement massif des énergies renouvelables. Ils démontrent aussi qu’un mix énergétique 100 % renouvelable est possible techniquement et économiquement. De plus, les travaux de l’Ademe démontrent que les scénarios avec davantage de sobriété et d’énergies renouvelables (EnR) facilitent l’atteinte des objectifs climatiques, permettent de préserver les ressources naturelles et la qualité de nos cadres de vie (moins de pollution de l’air, de l’eau, des sols), contrairement aux scénarios nucléaristes et technosolutionnistes. Pourtant, tous ces chemins possibles ont été écartés jusqu’à présent sans raison et sans débat avec les Français·es. La concertation doit porter sur l’ensemble des alternatives. C’est d’ailleurs une obligation légale dans les débats publics.
Bilan de la concertation préalable
Des avis convergents avec nos analyses
La concertation préalable du public a pris fin le 16 décembre 2024. Plusieurs instances se sont saisies du projet de programmation énergétique et ont rendu des avis, notamment le Conseil national de la transition énergétique (CNTE), l’Autorité environnementale et le Haut conseil pour le climat (HCC).
La CNDP a rendu son bilan de la concertation le 24 janvier. Une partie conséquente de ces avis souligne notamment les enjeux du bouclage physique de la PPE notamment sur le “bouclage” lié à la biomasse, des objectifs insuffisants de réduction des consommations, des mesures trop générales, des objectifs nucléaires sans marge de manœuvre, et des objectifs ENR non régionalisés… autant d’alertes qui résonnent tout particulièrement avec le cahier d’acteurs soumis par FNE.
Que disent les instances ?
L’Avis du CNTE
Le CNTE a été le premier à rendre son avis le 12 décembre 2024. Il déplore l’absence de Loi programmatique encadrant les documents constituant la stratégie énergie Climat, et que l’évaluation environnementale du projet de PPE n’ait pas fait partie du dossier de la concertation, empêchant une juste information des citoyen·nes.
Le CNTE pointe également un manque d’ambition tant dans les objectifs que dans les mesures – en particulier pour le volet sobriété - et l’assortiment de moyens budgétaires dédiés jugés insuffisants, ainsi que la nécessité de mettre en adéquation la PPE avec la stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique.
L’Avis de l’AE
L’Autorité environnementale a rendu son avis le 19 décembre, un avis sévère accompagné de 40 recommandations. Elle constate des faiblesses sur le volet sobriété dont les objectifs sont insuffisants (d’au moins 12%) pour respecter les engagements européens « Fitfor 55 » et les mesures inexistantes et relevant davantage de l’efficacité énergétique, tout en étant peu prescriptives.
Elle préconise tout comme FNE qu’un « plan B » soit précisé si la relance du nucléaire n’est pas au rendez-vous ou que les réacteurs existants vieillissants rencontrent des défaillances. Elle pointe également l’incohérence des objectifs de mobilisation de la biomasse avec les fortes tensions auxquelles elle est déjà soumise. Enfin, les objectifs de régionalisation et le suivi du développement des ENR sont absents tout comme une vision claire des financements associés aux actions de la PPE3.
Retrouvez l’avis de l’Autorité environnementale
Le Haut conseil pour le climat
Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a présenté un avis sévère sur le projet de PPE 3 le 30 janvier. Il pointe à l’instar de l’Autorité environnementale plusieurs faiblesses au projet de PPE 3 dont l’absence de loi programmatique sur l’énergie et le climat (LPEC), tel que prévu par la loi climat et résilience, pour encadrer le décret de PPE, fragilisant ainsi sa valeur juridique.
Le HCC alerte également sur la difficulté du bouclage entre demande et production d’énergie du fait de tension sur la biomasse, sur la mobilisation insuffisante de politiques de sobriété, et constate que les moyens nécessaires sont en décalage avec les ambitions et à ce stade ne sont pas garantis.
Le bilan des garants de la CNDP
Les garants relèvent que de nombreux acteurs ont souligné l’absence de Loi programmatique et de débat parlementaire. À une concertation jugée trop courte au regard de l’importance du sujet, s’ajoute pour de nombreux acteurs l’absence d’évaluation environnementale ou socio-économique des choix portés par le gouvernement.
Les garants formulent des recommandations relatives au cadre juridique, à la cohérence des documents et à la place accordée aux collectivités, ainsi que des précisions sur les incidences socio-économiques pour les ménages, les entreprises et les coûts de production.
Retrouvez le bilan de la concertation
Le gouvernement a deux mois à compter du 24 janvier pour répondre aux garant·es et préciser les modifications qu’il compte apporter au projet de PPE. La publication du décret est annoncée pour la fin du 1er trimestre 2025. Elle sera précédée d’une consultation du public.
La participation du mouvement FNE
France Nature Environnement (FNE) et son mouvement se sont mobilisés pour participer à cette concertation et porter la voix d’une transition énergétique misant sur la sobriété et les énergies renouvelables. Retrouvez nos cahiers d’acteur :

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