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Eco-volontaire en Russie

Publié le 30 juillet 2009

La mission loup a décidé de vous faire partager le récit d’une « belle aventure humaine » au pays des loups, des ours, des élans… et des moustiques. Voyage au cœur de la Russie pour la sauvegarde du loup pour Fernand, naturaliste alsacien, passionné par les grands prédateurs, les vastes étendues sauvages et actif défenseur du loup en France.











Souvenez-vous dans le n°26 de La Voie du Loup, Laëtitia Becker faisait le point de la situation du loup en Russie. À l’époque cette jeune Alsacienne effectuait un stage à la station biologique de Chisty Les dans le cadre de sa licence de biologie. Elle a ensuite rejoint Vladimir Bologov pour étudier, dans le cadre de sa thèse de doctorat, l’adaptation à la vie sauvage de louveteaux élevés par l’homme.



Rendre les loups à la nature

Vladimir Bologov a déjà fait l’objet de nombreux documentaires. Son père se consacrait à la recherche de méthodes préventives pour la protection des troupeaux contre les attaques de loups et ce, dès le milieu des années soixante-dix. Vladimir, lui, a décidé qu’il rendrait à la vie sauvage les louveteaux retirés de leur tanière par les chasseurs en les élevant avec un maximum de liberté.

Mais au cœur de la taïga, dans un pays où le loup est encore considéré comme un nuisible, les moyens manquent et les conditions de vie sont difficiles. Aussi, Laëtitia a créé en 2008, l’association Lupus»>http://lupuslaetus.org/»>Lupus Laetus. Outre la vulgarisation de ses recherches, Laëtitia souhaite créer, grâce à cette association, un centre du loup dans une ancienne isba à Chistoe. Au programme du centre : recherches, informations et éducation.

Pour mener à bien ce projet, outre des soutiens financiers, Laëtitia a lancé un appel à volontaires pour aider à la construction de ce centre.



Un voyage éprouvant

C’est ainsi qu’au début du mois de juin, Fernand, accompagné de deux autres volontaires, de Laëtitia et d’une équipe de journalistes alsaciens, embarque à Stuttgart direction Moscou. Première surprise, les volontaires sont attendus à Moscou par une équipe de la télévision russe. Après un contrôle interminable et assidu des passeports et des visas par des douaniers zélés, coiffés de leur large casquette verte aux liserés rouges, les volontaires rejoignent les autres volontaires en provenance de Lyon et de Belgique. En route à présent vers la taïga. Un voyage de nuit en train qui dure près de neuf heures pour 450 kilomètres et émaillé de nombreux arrêts. Il s’ensuit encore un trajet chaotique en minibus 4X4 sur soixante-dix kilomètres de pistes. Un trajet éprouvant tant les côtes et les descentes se succèdent, une sorte

de « montagnes russes » naturelles qui achèvent des organismes déjà bien éprouvés. Fernand et ses compagnons seront accueillis à Toropets par un magnifique lever de soleil qui inonde cette ville de 10 000 habitants d’une douce lueur orangée. Mais les volontaires n’auront pas le temps de se promener sur les rives du lac Solomena et encore moins d’apprécier l’architecture des vieilles églises qui font la réputation de Toropets. Déjà, ils repartent pour rejoindre le camp de Belkovo où ils sont cette fois-ci, accueillis par Daniel, quadragénaire so british chargé de suivre les travaux, et par une nuée agressive de moustiques. Des bestioles particulièrement harcelantes qui profitent du moindre centimètre carré de peau laissée nue pour y pomper leur énergie et laisser en retour d’énormes bubons douloureux. Les tentes sont rapidement montées et chacun part à la découverte des alentours : la rivière qui fera office de salle de bain, les bois qui seront les toilettes. Les volontaires étaient prévenus, ici, c’est spartiate ! Le lendemain, tout le monde lève le camp pour rejoindre Chistoe, là où sera implanté le futur centre du loup. Les tentes sont dressées à l’intérieur de l’ancienne école. Ici, les moustiques et les taons se font moins remarquer.





Ampoules et courbatures

Les journées qui suivent sont rythmées par divers travaux : décapage des murs, peinture, construction des enclos pour les loups, maçonnerie, défrichement, … Les volontaires ne chôment pas et rendent peu à peu la vie à cet endroit laissé depuis si longtemps à l’abandon. Les moments de pause sont appréciés : balades, baignade, promenades en radeau, grillades, tarots le soir, et surtout le bania, version russe du sauna. Un véritable réconfort !



Enfin la rencontre avec les loups !

Le septième jour est celui tant attendu par les volontaires. Ils rejoignent la base à Belkovo, là où sont les enclos avec les loups. Même s’il n’est pas possible de les approcher, quel plaisir ! On ne se lasse pas d’observer les louveteaux recueillis par Miércoles, une louve qui n’a pas voulu rejoindre les siens.

Cette femelle est arrivée en 2007 au centre, encore bébé. C’est Laëtitia qui lui a servi de mère faute de louve adulte pouvant faire office de mère de substitution. Mais Miércoles n’a pas voulu rejoindre les loups sauvages. Peu importe, elle joue aujourd’hui un rôle primordial pour le retour à la nature des louveteaux : c’est elle dorénavant qui se charge d’élever les petits arrachés à la nature, évitant ainsi le risque d’identification à l’humain et optimisant les chances de réhabilitation des jeunes loups. Les volontaires font également la connaissance de Dourimar qui les rejoindra dans quelques jours dans l’enclos qu’ils ont construit pour lui à Chistoe. Petit, ce loup a vécu avec des chiens errants dans les rues de Moscou et a ensuite été adopté comme animal de compagnie.

La soirée s’achève par un barbecue partagé avec Laëtitia qui avait quitté le groupe pour poursuivre ses recherches. Un vrai moment de détente avant un retour à Chistoe et aux pinceaux sous les objectifs de la télévision nationale russe. Quelques jours plus tard, Laëtitia et Vladimir emmènent le groupe pour une sortie de terrain. Une plongée au cœur de la nature russe, avec la découverte d’une hutte de castors. Mais point de loups, ni d’ours, et encore moins d’élans. Fernand, naturaliste bricoleur est un peu frustré.



Une aventure humaine

Mais voilà déjà que les quinze jours de volontariat s’achèvent. Chacun boucle son sac. Les sentiments se mélangent : une envie de retrouver les siens et le confort de la vie moderne, un pincement au cœur de quitter cet endroit, certes loin de tout, mais si proche de la vie sauvage. Et puis il y a quelque part un peu de fierté et de satisfaction. Car oui, les volontaires sont satisfaits du travail accompli et fiers d’avoir participé à cette aventure humaine, fiers d’avoir servi la cause du loup. Et puis, il y a l’immense espoir de voir peut-être un jour le loup réhabilité dans cette Russie en mutation. De quoi occuper les pensées pendant les vingt-six heures de voyage qui attendent les compagnons avant de rejoindre leurs foyers.



Fernand, jeune retraité, a soixante-deux ans. Naturaliste alsacien, passionné par les grands prédateurs et les vastes étendues sauvages, il œuvre depuis plusieurs années maintenant pour faire découvrir le loup aux Alsaciens, un loup qui sera très probablement bientôt de retour dans cette région. Il s’investit aussi pour la protection de la faune et de la flore en initiant les plus jeunes aux splendeurs de la nature grâce à son implication dans le club des jeunes pour la nature de Nambsheim.



Lire l’article de Laëtitia Becker sur la situation du loup en Russie

Devenir volontaire pour Lupus»>http://lupuslaetus.org/»>Lupus Laetus

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