SantéVite, des zones à faibles émissions !
En Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Ile-de-France, Haute-Normandie et Lorraine au moins, les pics de pollution de l’air reviennent et avec eux, le débat sur les mesures d’urgence à adopter. Jusqu’à quand l’Etat et les collectivités locales se laisseront-ils piéger par des débats concernant les pics saisonniers prévisibles, alors que les vrais effets sur la santé des Français sont dus à la pollution que nous supportons toute l’année ? Nous devons travailler à la réduction des niveaux de pollution. Traitons les causes, c’est urgent !
En dehors des villes, industrie et agriculture ont leur part de responsabilité
Pour de nombreux agriculteurs, le retour des beaux jours est synonyme de reprise des travaux aux champs (labour pour préparer les sols et épandage d’engrais azotés sur les cultures d’hiver). La fertilisation des cultures relâche de l’ammoniac qui réagit avec les oxydes d’azote issus du trafic routier pour créer des particules fines. Notre modèle agricole est à l’origine de près de 95% des émissions d’ammoniac en France et en Europe. Une solution à court terme passerait par une meilleure répartition des travaux agricoles sur les zones concernées lors des pics de pollution. A plus long terme, c’est bien un changement de modèle agricole qui est nécessaire pour aller vers l’agro-écologie et diversifier les cultures, avoir un meilleur équilibre entre cultures et élevage sur chaque territoire…
Le secteur industriel est aussi une source de particules fines. Les installations françaises, sont vieillissantes et n’utilisent pas toujours les meilleures techniques disponibles. La qualité environnementale de la production devrait pourtant être un facteur de compétitivité de notre appareil industriel. Malheureusement les contrôles de l’Etat se font de moins en moins présents à la fois en ce qui concerne les effectifs mais aussi l’ampleur des opérations de surveillance. Le brûlage sauvage des déchets de toute nature est également source de particules fines.
Dans les centres urbains denses, les pratiques de transport doivent évoluer !
C’est avant tout dans les agglomérations densément peuplées qu’il faut agir, alors que jusqu’à 70% de la pollution aux particules fines provient du transport routier en ville. Près de deux cent zones à basses émissions existent dans neuf pays européens. Berlin expérimente ce dispositif depuis 2008 avec des résultats impressionnants (-14% de trafic entre 2002 et 2010, -19% pour les NOx entre 2007 et 2009 et -58% pour les particules en sortie d’échappement). Aucune n’a été encore mise en œuvre en France. Les solutions d’auto-partage, de covoiturage, de transports en commun devraient pourtant devenir la norme car elles font baisser les sources locales d’émissions.
Pour Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement, « Il faut regarder la pollution de l’air comme un problème de santé publique majeur, qui devrait faire l’objet de véritables campagnes de prévention. Si nous répétons à l’envi que chaque année 42 000 Français meurent prématurément du fait de la pollution de l’air, c’est également parce qu’à la source il y a un modèle économique basé sur les énergies fossiles. Si la France cessait d’importer du pétrole notre balance commerciale serait largement excédentaire. La lutte pour un meilleur air passe par un changement de paradigme à la fois économique, politique et sanitaire. C’est sans doute pour cela qu’elle génère autant de frilosité chez nos décideurs. »
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