Cancun : de l’espoir pour le fonds global pour le climat et les forêts ?

Depuis, un peu plus d’une semaine, les parties de la convention discutent de l’avenir du climat à Cancun (29 novembre au 10 décembre). Les espoirs sont tournés vers la création officielle du fond global pour le climat et vers l’émergence de décisions concernant l’adaptation et la lutte contre la déforestation et la dégradation forestière (REDD). Qu’en est-il des négociations à 4 jours de la clôture de la conférence? FNE revient sur l’actualité des négociations en ce début de deuxième semaine, côté forêt et financements.

 Lien entre le fonds global et les forêts :

Communément appelé « green fond », le fond global pour la lutte contre les changements climatiques a vocation à appuyer financièrement les pays en développement (PED) dans la mise en place de mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES).

Le principe (acté à Copenhague en décembre 2009) est qu’une partie (50%) soit destinée à la mise en place de mesures qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces mesures se trouve la lutte contre la déforestation et la dégradation forestière (REDD). Ce mécanisme sera discuté tout au long de cette deuxième semaine.

FNE rappelle l’enjeu crucial de la mise en place de garde-fous (ou pré-requis) avant tout financement de projet REDD[1]. Le texte préparé par la présidente pour les négociations de Tianjin en octobre dernier, reprenait bon nombre de nos préoccupations. Aujourd’hui, un texte synthétique sert de base pour les négociations, faisant disparaître beaucoup de garde-fous (ex : la déclaration des nations unies des peuples autochtones ne doit plus être respectée, mais « notée »). S’il s’avère nécessaire de synthétiser les textes afin qu’une décision voie le jour à Cancun, il est vital de garder en tête que ces textes pourront (devront) être améliorés lors des sessions des parties à venir, en vue de l’accord global contraignant (en Afrique du Sud, en 2011).

100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 :

Le groupe consultatif officiel de l’ONU (AGF) a expliqué dans son rapport de novembre, comment, via la mise en place de nouvelles taxes (sur les transactions, sur les transports aériens et maritimes), il est possible de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. A l’heure actuelle ce rapport souvent mentionné par les parties, n’est pas encore reconnu officiellement par la COP (Conférence des Parties) mais cela est encore possible d’ici les prochains jours. Ceci marquerait un signal positif pour la réussite de Cancun.

L’architecture de ce fonds global est au cœur des négociations

Une question importante est celle du rattachement de la gestion de ce fonds à la convention cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) ou à un autre organe.

Les Etats-Unis ne souhaitent pas rattacher ce fond à la CCNUCC, mais plutôt à un organe constitué des ministres des finances et quelques experts.

L’Europe préconise également le recours à des experts, mais reste assez flexible et ouverte sur ce sujet. Dans cette architecture, la transparence et l’accessibilité des fonds doivent être une priorité. L’avantage de rattacher la gestion de ce fond global à la convention pourrait faciliter la transparence et les contrôles de la distribution des fonds.

FNE confiante ?

Pourquoi pas. Cela va dépendre de la volonté politique. A la veille du segment ministériel, l’Europe sur ce chapitre a un rôle de leader tout tracé. L’ambassadrice du Royaume-Uni (au Mexique) a déclaré hier (lundi 6 décembre), en side event (organisation d’événements parallèles aux négociations par les ONG et OIG), que la mise en place de ce fond doit reposer sur 4 piliers

• La connexion formelle des financements annoncés par les différents pays, à la CCNUCC (ce qui nécessitera la mise en place de guides).

• La représentation équilibrée entre les pays donateurs et les pays receveurs au niveau des membres du conseil qui auront en charge la gestion de ce fond.

• La mise en place de procédures simplifiées pour l’accessibilité de ces fonds par les pays en développement.

• La mise en place d’un fond vert « porteur » (promotion de l’équité, répartition équitable entre le financement de mesures d’adaptation et d’atténuation, etc.).

Pour France Nature Environnement, cette déclaration, qui devra être suivie par l’Europe, est un signal positif pour la création de ce fonds global pour les financements à long terme.

Ce signal positif devra être accompagné d’une décision concernant la mise en place de financements précoces (sur 2010-2012) et notamment le rattachement officiel à la CCNUCC des déclarations faites pour les financements précoces de projets REDD+ (dans le cadre du partenariat REDD+ initié par la France et la Norvège). De même, des efforts devront être faits pour garantir que les financements annoncés pour la lutte contre la déforestation et la dégradation forestière ne soient pas puisés dans l’aide publique au développement.

Ceci est à suivre dans les jours à venir…

Contact FNE sur place (à Cancun) : Eglantine Goux, chargée de mission forêt internationale. eglantine.goux»>mailto:eglantine.goux@fne.asso.fr»>eglantine.goux@fne.asso.fr. 00 33 6 31 10 25 97

[1] Voir notre dossier de presse : http://fne.asso.fr/sites/default/files/com/cp_en_pdf_2/dp-cancun-231110.pdf