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Extraction des matières premières : organisons la sobriété

Publié le 18 avril 2025

La consultation du public sur la politique nationale des ressources et des usages du sous-sol (PRUSS), prévue à l’article 68 de la loi « climat et résilience », a pris fin le 16 avril 2025. Cette politique a pour objectif de formuler la stratégie de l’État en matière de gestion des ressources, des usages du sous-sol national et de ses approvisionnements en matières premières.

Où est la sobriété dans les conclusions du rapport ?

Les conclusions et orientations proposées dans le rapport de la PRUSS ne sont pas à la hauteur des enjeux. FNE demande la révision du rapport en incluant la notion de sobriété matières, conformément à la logique de la séquence Éviter-Réduire-Extraire, ainsi que l’élaboration d’une stratégie nationale de sobriété matières en parallèle de cette politique nationale extractiviste, incluant une trajectoire de réduction de la consommation de matières pour la France.

Le rapport tourne autour de la gestion et de la valorisation de matières, sans que ne soient déclinées la sobriété ou la réduction. Les orientations qui y sont proposées passent en effet à côté d’une réduction indispensable des besoins afin d’être réaliste vis-à-vis des limites planétaires. Il convient de rappeler que la consommation de matières exerce une pression sans précédent sur les écosystèmes et de graves impacts sociaux, sanitaires et environnementaux :

  • émissions de CO2
  • pollutions et destruction des milieux
  • perte de biodiversité
  • artificialisation des sols
  • atteintes à la santé publique et à la démocratie environnementale

Une consommation de matières premières à des niveaux records

Le contexte ne peut être ignoré : la consommation de matières a explosé à l’échelle mondiale. Elle a été multipliée par 4 en moins de 50 ans, atteignant 100,6 milliards de tonnes en 2017 contre 27 milliards de tonnes en 1970, et pourrait atteindre 180 milliards de tonnes en 2050 si elle se poursuit au rythme actuel(le lien est externe).  

La France doit se doter d’une trajectoire de réduction de la consommation de matières, et la surconsommation de matières doit indispensablement être intégrée aux réflexions en cours sur la sobriété énergétique et les mobilités durables afin d’adresser en toute cohérence la réduction de l’empreinte écologique.

Relocalisation : des impacts importants persistent sur les milieux naturels, sans les endiguer dans le reste du monde

La relocalisation des chaînes de valeur que le texte appelle de ses vœux aura pour conséquence principale de générer des impacts environnementaux élevés en France, sans pour autant diminuer d’une quelconque manière les impacts environnementaux de l’extraction dans le reste du monde.

Si la transition écologique nécessitera effectivement des quantités de matières supplémentaires, dont des matières premières critiques, elle ne doit pas servir de prétexte à l’autorisation de tous les projets d’extraction. Au regard du lourd passif minier de la France, l’absence totale de l’après-mine dans le rapport et dans les orientations nationales présentées est étonnant, alors même qu’une partie de la population française paye encore le prix des pollutions engendrées par l’extraction passée.

Le besoin d’une stratégie nationale tournée vers la sobriété

Au regard de la gravité et de la transversalité (eau, biodiversité, santé, pollutions…) des impacts de la surconsommation de matières, le seul constat réaliste est le suivant : il n’y a pas de stratégie nationale possible sans sobriété matières.

Une stratégie nationale de sobriété matières est un préalable indispensable à toute stratégie d’extraction. En effet, il faut d’abord orienter l’effort national à la réduction des besoins nationaux pour pouvoir appréhender les besoins résiduels d’extraction.

Adopter une stratégie nationale de sobriété matières est indispensable pour réduire effectivement notre dépendance vis-à-vis des autres pays, pour limiter l’impact socio-environnemental de notre consommation de matières et gagner en souveraineté matières.

L’avis de Guyane Nature Environnement sur la stratégie PRUSS

Pour Nolwenn Rocca, le juriste de Guyane Nature Environnement, “La stratégie PRUSS établie pour la Nation au titre de la loi Climat et résilience, et qui concerne en partie la Guyane où plus de 80% des mines actives sont situées sur ce territoire, ne répond pas d’une stratégie climatique. En effet, les services ministériels chargés de la mine ont une analyse erronée de l’économie guyanaise.

Les éléments qui ressortent de cette analyse erronée conduisent à une orientation visant à soutenir la mine en Guyane en raison de son rôle exagéré sur l’économie. Pourtant, la mine en Guyane aujourd’hui n’est qu’aurifère légale (métal ni critique, ni stratégique) et génère chaque année la déforestation de 500 ha de forêt amazonienne.

Soutenir une activité source de déforestation dispensable revient à aller à l’encontre de la lutte contre le réchauffement climatique car cela conduit à détruire un puits carbone et à relarguer une partie du CO² stockés dans l’atmosphère.

Cette stratégie est encore plus en inadéquation avec les objectifs de préservation de la biodiversité puisque qu’une déforestation éparse en Guyane génère, sur un rayon de 30km, la disparition de 41% des mammifères et de 25% des espèces de poissons selon l’étude «Vigilife Sentinel Rivers» publiée dans Nature Communications le 7 juin 2022.

C’est donc dans le sens contraire à la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’érosion de la biodiversité, deux limites planétaires déjà bien fragilisées et dépassées, que décide sciemment d’aller le Ministère chargé de la mine.”

Pour en savoir plus

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C'est la multiplication d’utilisation de matières premières minérales métalliques et non métalliques en moins de 50 ans.
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