BiodiversitéHommage à Gilbert Simon
Gilbert Simon, grand défenseur de la nature en général et de l’ours , du loup et du lynx en particulier, président - entre autres - de l’association Ferus, est mort le 28 janvier. Jean-Pierre Raffin, président d’honneur de FNE, se souvient de lui.
«En évoquant Gilbert Simon, je pense à «Bourru, l’ours brun», l’un des albums du Père Castor qui furent mes premiers livres de lecture. Il y avait du bourru chez Gilbert et il consacra beaucoup de son énergie à la sauvegarde d’une espèce symbolique d’une protection de la nature réussie, espèce pour laquelle il bataillait encore ces temps derniers comme président de Ferus.
J’ai eu la chance de le rencontrer en 1981, lors de l’Assemblée générale de la FFSPN où se bousculaient les ministres désireux de rencontrer les associatifs. Il y représentait M.Mermaz, en charge de l’Equipement et des Transports. Depuis j’ai côtoyé Gilbert en de multiples occasions au sein du groupe Ours dont il fut membre puis lors de la conduite d’un Plan Ours (1984) dont il fut l’initiateur. Il dût alors s’employer à combattre l’hostilité des services des ministères de l’agriculture et de l’équipement, de l’Office national des forêts puis du président du Conseil d’administration du Parc national des Pyrénées, élu en 1989, le député Jean Lassalle; lorsqu’il assumait la direction de la nature et des paysages (1992-1996) dont il fut honteusement chassé sous le gouvernement de M. Juppé. C’était l’époque où agriculteurs, chasseurs, forestiers et pêcheurs se liguaient contre Natura 2000. Le franc parler de Gilbert Simon ne pouvait que leur déplaire même s’il était lui-même chasseur et pêcheur. Mais il connaissait trop bien les dessous souvent peu reluisants des organisations cynégétiques ou halieutiques.
C’était lorsque Gilbert Simon était DNP que s’est élaboré et concrétisé le premier renforcement de population d’ours dans les Pyrénées avec des animaux venus de Slovénie. Et puis il y avait eu auparavant la création, en 1983, des Zones de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain (ZPPAU) ; les tentatives de restaurer un dialogue protecteurs-chasseurs lors de l’élaboration du rapport Colin sur la modernisation de la chasse (1985) après que M. Crépeau, mal conseillé, eut provoqué, par des initiatives malencontreuses, une rupture d’une concertation fructueuse entamée en 1980 ; son action comme conseiller technique au cabinet de M. Lalonde (1988-1992) pour que sortent les décrets d’application de la loi littoral et, bien sûr, pour la sauvegarde de l’Ours brun.; la création de l’Institut d’Ecologie générale et de Biologie et l’installation du Centre thématique européen pour la Conservation de la nature au Muséum, etc.
Après son éviction de la Direction de la Nature et des Paysages, Gilbert Simon sera nommé inspecteur général de l’Equipement en 1997. Mme Voynet lui confie une mission sur le Marais poitevin en 1998 et il assure ensuite la direction du Conseil supérieur de la pêche de 1999 à 2003.
Il participe à la création de Ferus, association née de la fusion d’Artus et du groupe Loup et dédiée aux grands prédateurs : loup, lynx et ours.»
Jean-Pierre Raffin, président d’honneur de FNE
Photo : Gilbert Simon (au micro) lors d’une manifestation pour l’ours à Toulouse en 2006, (c) Ferus
