Volet forestier du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt : la gestion durable des forêts, c'est pour quand ?

Depuis le début de l’année 2013, FNE s’est impliquée pour que le projet de loi d’avenir s’engage sur la voie d’une meilleure gouvernance en matière de politiques agricoles et forestières, de l’échelle nationale à l’échelle des territoires, ainsi que d’une prise en compte accrue des enjeux environnementaux dans les pratiques courantes des agriculteurs et sylviculteurs.

Après les réunions de concertation auxquelles nous avons participé, les échanges du comité de pilotage interne à FNE et le « brainstorming » associatif, que peut-on retenir ? En premier lieu, un cahier de propositions dans lequel nous exposions dès le mois de juin nos attentes et nos propositions pour que les politiques agricoles et forestières n’opposent pas de façon simpliste productions et écosystèmes, pour que les associations de protection de la nature et de l’environnement, défenseurs de l’intérêt général, puissent être associées aux décisions impactant ces filières. Ensuite, une réaction écrite au projet de loi présenté dans une version de travail au mois de septembre, pour avis du Conseil Supérieur de coordination et d’Orientation de l’économie agricole et agroalimentaire (CSO). Enfin, un travail, en voie d’achèvement, sur des propositions d’amélioration à soumettre aux députés grâce au relais de notre mouvement associatif.

Au final, qu’y a-t-il dans ce fameux projet de loi ? Ainsi que l’exprimait Hervé Le Bouler, responsable des politiques forestières à FNE, en novembre dernier, « Ce projet de loi devrait être l’occasion de témoigner d’une ambition forte : en forêt, les objectifs de préservation de la biodiversité, la satisfaction des attentes sociales vis-à-vis des espaces naturels et le développement économique des entreprises dans les territoires peuvent être atteints dans un même espace. Le chemin est encore long pour y parvenir »[1].

Fin 2012, le mot d’ordre du Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt était l’agro-écologie, ou comment concilier production agricole et préservation de l’environnement. Son pendant forestier, la multifonctionnalité, méritait lui aussi une ambition politique affirmée, afin de se concrétiser réellement dans les territoires, pour que la gestion durable des forêts s’appuie sur des engagements vérifiables, quantifiables et indiscutables. Fin 2013, il semble que le mot d’ordre soit plutôt « compétitivité des filières », c’est dans l’air du temps ; mais c’est oublier que les espaces agricoles et forestiers occupent environ 80% du territoire national et qu’ils sont soumis à des pressions croissantes : pollutions, urbanisation, changement climatique, gaspillage des ressources. C’est oublier également que le « redressement productif » des filières agricoles et sylvicoles ne saurait être viable s’il n’est pas durable, du fait même de l’ingrédient de base de ces productions, le fonctionnement des écosystèmes.

En cette fin d’année, nous formulons le vœu que l’ambition de ce projet de loi soit davantage affirmée, pour que celui-ci constitue l’impulsion réelle d’un changement de modèle productif, un modèle « écologie-compatible ».

[1] Voir notre communiqué de presse : /fr/il-etait-un-projet-de-loi-pour-la-foret-la-foret-n-offre-pas-que-du-bois-monsieur-le-ministre.html?cmp_id=33&news_id=13478&vID=1069