Communiqué de presse
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Route littorale de La Réunion : en faire un viaduc pour la nature
Publié le 25 juillet 2013
Communiqué de presse – 25 juillet 2013
Route littorale de La Réunion : en faire un viaduc pour la nature
Le projet de nouvelle route littorale de La Réunion a été examiné le 26 juin dernier par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) qui a rendu un avis défavorable en raison des impacts conséquents sur la biodiversité exceptionnelle de ce « hot spot » de la biodiversité. France Nature Environnement et son association réunionnaise, la SREPEN/Réunion Nature Environnement (RNE), partagent cette analyse et appellent les élus de l’île et l’Etat à soutenir et mettre en oeuvre l’option d’une route totalement en viaduc.
Trop d’incertitudes en matière d’impacts
En raison des destructions engendrées par le projet sur la faune et la flore protégées, l’avis du CNPN était requis. Cette instance qui a pour mission de rendre un avis au ministre de l’écologie, a estimé qu’une réalisation en digue de la route aurait des conséquences très dommageables sur les populations animales marines menacées, notamment le Grand dauphin et la Baleine à bosse. La digue, en modifiant le flux des embruns, engendrerait également la disparition de la flore protégée installée dans la falaise et dont la pérennité est liée à la salinité. La Réunion constitue de plus un hot-spot de la biodiversité mondiale, en abritant nombre d’espèces et d’habitats endémiques et de systèmes écologiques originaux et spécifiques. Elle est en effet reconnue comme bien naturel au patrimoine de l’humanité.
La réalisation de la digue mobiliserait de plus des quantités impressionnantes de matériaux. « Trouver plusieurs millions de m3 de matériaux non prévus par l’actuel schéma départemental des carrières impliquera d’en ouvrir de nouvelles, y compris dans des espaces à la biodiversité exceptionnelle et endémique, indique Bernadette Ardon, présidente de la SREPEN/RNE, or ces impacts connexes n’ont pas été étudiés, ce qui équivaut à présenter un dossier notoirement insuffisant et incomplet et non envisagé dans sa globalité (« saucissonnage »). Il demeure face à ce projet exceptionnel beaucoup d’incertitudes sur ses véritables impacts en dépit de nombreux inventaires et études. L’éventualité d’ouverture de carrières dans les périmètres d’aires protégées et labellisées n’est pas acceptable.
En conséquence, le CNPN a rendu un avis défavorable et recommande de reprendre le dossier en étudiant notamment la possibilité de réaliser la route totalement en viaduc, solution qui présenterait des dommages moindres sur la biodiversité terrestre et marine.
Seul le viaduc est acceptable
FNE et la SREPEN/RNE se prononcent pour une réalisation du projet totalement en viaduc. « Nos associations ne remettent pas en cause l’utilité de cette route littorale qui offrira plus de fluidité pour les usagers notamment face aux éboulements, avec une liaison plus rapide et pratique entre Le Port et Saint-Denis », précise Michel Dubromel, responsable du Réseau Transports et Mobilités durables de FNE, « mais l’option la moins nuisible pour la nature doit être choisie, et c’est pourquoi nous mettrons tout en oeuvre pour une réalisation en tout viaduc ». La réponse aux besoins de déplacements doit aussi être repensée dans le cadre de la transition écologique promue par l’Etat et du débat sur la transition énergétique, avec le développement adapté et renforcé des transports en commun.
Les associations invitent donc les élus de La Réunion à suivre les recommandations émises par les experts du CNPN. « La persistance de la Région à maintenir le projet actuel ne serait pas comprise », poursuit Bernadette Ardon, « et serait un très mauvais signal dans ce territoire où certaines espèces animales et végétales ne sont présentes qu’en cet endroit du globe ». Les associations invitent également le gouvernement à tenir face aux éventuelles pressions qui s’exerceraient pour passer outre l’avis du CNPN.
Et Jean-Claude Bévillard, vice-président de FNE de conclure : « Nous rappelons aussi aux aménageurs qu’une infrastructure aujourd’hui ne peut plus être pensée sans intégrer au plus tôt la biodiversité comme variable et qu’il est ainsi possible de réaliser des projets qui allient à la fois une utilité publique et une plus-value écologique ».