Législatives : décryptage des programmes

• Protection des milieux

Emmanuel Macron annonce vouloir « protéger toujours mieux nos littoraux, montagnes, forêts et espaces naturels ». Nous ne pouvons que saluer l’intention, mais très peu de mesures concrètes viennent démontrer cette volonté.

Pour les forêts, il veut planter 140 millions d’arbres d’ici la fin de la décennie (cela veut dire moins qu’actuellement !) et investir dans la filière française du bois.

Il prévoit aussi une grande stratégie maritime pour notre pays, sans mentionner les acteurs de la protection de l’environnement dans les acteurs à consulter. Cela laisse à penser que cette stratégie sera essentiellement économique et non-protectrice de ce milieu, pourtant fragile et en détresse.

Nous saluons néanmoins sa volonté de systématiser le recours aux Solutions fondées sur la Nature pour nous adapter au changement climatique, en fournissant des solutions de financement dédiées aux collectivités, acteurs importants de cette lutte.  

L’information claire au moment de l’achat sur l’impact environnemental des produits courants (cosmétique, vêtements…) qu’il annonce pourrait aussi aider à réduire l’impact de ces produits sur les milieux.

• Protection des espèces

Emmanuel Macron a annoncé vouloir couvrir par des plans nationaux d’actions toutes les espèces vulnérables ou en danger d’extinctions. Cependant, étant donné qu’il n’a pas réussi à appliquer l’obligation existante de le faire pour les espèces » en danger critique» ou » en danger «, durant son premier mandat, il n’est pas sûr qu’il tienne cette promesse… Le déploiement des Atlas pour la biodiversité communale annoncé est par contre une bonne mesure.

Il annonce aussi vouloir lutter contre la pêche illégale et déployer l’innovation permettant de diminuer les captures involontaires de dauphins. Cependant, son gouvernement a refusé de suivre les préconisations des scientifiques à ce sujet lors du précédent mandat.  

Par ailleurs, il a repris à son compte de nombreuses propositions des chasseurs, notamment celles de leur confier des missions de police de proximité, l’autorisation de détruire des espèces même non-chassables et de ré-autoriser les chasses dites « traditionnelles », bien souvent cruelles pour les animaux. Il refuse catégoriquement de prévoir des jours sans chasse pour permettre aux autres usagers de la nature (promeneurs, cyclistes…) de pratiquer leurs activités sans risquer l’accident de chasse.

• Elevage

Aucune proposition pour améliorer le bien-être animal dans les élevages.

• Artificialisation

Emmanuel Macron rappelle l’adoption lors du précédent quinquennat d’un objectif de zéro artificialisation nette des sols en 2050. Pour le prochain quinquennat, il annonce vouloir mettre en œuvre cet objectif grâce à la définition d’objectifs territorialisés, en agissant sur les documents d’urbanisme et en mobilisant les préfets. Ces mesures sont sans doute nécessaires, mais loin d’être suffisantes.  Nous aurions aimé que la loi foncière évoquée comporte des garanties que la relance de l’industrie ne se fasse pas en artificialisant des espaces naturels.

Emmanuel Macron a annoncé vouloir organiser une Fête de la nature, mais celle-ci existe déjà depuis de nombreuses années.

Transport

Emmanuel Macron veut développer les moyens de se déplacer (train, vélo, voiture électrique), continuer à investir pour devenir leader de l’hydrogène vert, produire le premier avion bas carbone et des millions de véhicules électriques abordables pour tous grâce à un « leasing social ». Ces dernières peuvent être utiles pour les déplacements contraints mais ne sont pas une panacée car ils accroissent notre consommation d’électricité. Nous regrettons qu’il n’y ait rien de concret sur le développement des transports en commun ou les mobilités actives, notamment le vélo. Emmanuel Macron affiche une vision techno-solutioniste, dont on sait qu’elle est très insuffisante pour relever le défi du changement climatique.

Logement

Emmanuel Macron vise 700 000 logements par an rénovés avec « des solutions proposées à tous les Français », dont certaines sans aucune avance de frais. Cet objectif est louable, mais aucune mesure concrète n’est pour l’instant proposée pour aller au-delà de ce qui a été fait lors du mandat actuel.

Energie

Emmanuel Macron a donné pour mission à sa nouvelle ministre de la transition énergétique de « faire de la France la première grande Nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon ». Pour France Nature Environnement, le pivot majeur de la transition énergétique est la sobriété. Or, si une « stratégie de sobriété énergétique » est mentionnée, aucune précision n’est apportée, notamment sur sa cohérence avec le développement massif des véhicules électriques.

Concernant les énergies renouvelables, Emmanuel Macron vise notamment la multiplication par 10 de notre puissance solaire et l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050, avec une planification déclinée dans chaque territoire. C’est une bonne chose car les spécialistes s’accordent à dire que leur développement est incontournable. Deux inquiétudes cependant en ce début de mandat : la loi de simplification annoncée en la matière tout d’abord. Développer les énergies renouvelables au détriment de la biodiversité serait une erreur, déjà commise dans certaines lois du précédent mandat. Et l’annonce de la nouvelle ministre de la transition énergétique qu’il n’y aura pas d’accélération en matière d’éolien terrestre, une des technologies pourtant les plus matures.

En matière de nucléaire, Emmanuel Macron prévoit de construire 6 EPR (“nouveau” type de centrales nucléaires), et d’étudier 8 EPR supplémentaires, alors même que leur coût est prohibitif, que personne ne maîtrise leur construction et que le nucléaire nous rend dépendant et vulnérable.

Industrie

Pour réduire massivement les exportations de déchets, Emmanuel Macron veut développer les filières industrielles françaises de recyclage, ce qui est positif mais loin d’être suffisant. Il manque des mesures sur le réemploi pour rendre notre économie plus circulaire.

Il veut également mettre en place une taxe carbone aux frontières de l’Europe, ce qui est positif mais déjà en cours de négociation au niveau européen. Mesure originale, il veut faire dépendre obligatoirement la rémunération des dirigeants des grandes entreprises du respect des objectifs environnementaux et sociaux de l’entreprise.

Nous notons une volonté positive de donner la priorité à la prévention mais aucun lien n’est fait avec la santé-environnement. Pourtant, selon l’ONU, les pollutions et les atteintes à l’environnement causées par l’homme sont responsables d’un quart des morts prématurées et des maladies à travers le monde. 

Emmanuel Macron a chargé sa première ministre, Elisabeth Borne, d’agir sur la qualité de l’eau, de l’air et l’alimentation. 

• Agriculture et alimentation

L’approche de l’agriculture d’Emmanuel Macron est très techniciste : robotique, numérique, sélection variétale (pour ne pas dire OGM)… La nécessité de développer l’agroécologie pour protéger notre santé et la biodiversité semble céder le pas devant la pression du lobby de l’agriculture conventionnelle.

Rien n’est annoncé notamment pour sortir des pesticides à part une vague promesse « d’investissement dans les solutions à l’utilisation d’intrant ». A noter néanmoins dans sa réponse à notre questionnaire : les agriculteurs qui s’engageront bénéficieront « d’un complément de rémunération » et « des contrats de transition agricole par filière pour définir les moyens, solutions et financements nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques et environnementaux ».  Mais le plan de déclinaison de la PAC que la France a présenté à l’UE ne va pas dans ce sens.

Il promet aussi la mise en place d’un diagnostic de la qualité des sols, la replantation de haies, et le renforcement des exigences de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE).

• Substances chimiques

En réponse à notre questionnaire, Emmanuel Macron a promis de faire de la France le leader de la recherche sur les perturbateurs endocriniens, l’évaluation des risques liés aux substances chimiques, et les risques d’émergence de maladies infectieuses zoonotiques.

La recherche est un aspect important mais nous aurions aimé des mesures plus ambitieuses, commep la généralisation de l’information sur la présence de toutes les substances chimiques (nanoparticules, perturbateurs endocriniens…) dans les produits de grande consommation.

• Qualité de l’eau

Rien à ce sujet.

• Qualité de l’air

Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un effort massif de purification de l’air dans tous nos bâtiments publics. Mais aucune mesure concrète pour préciser comment atteindre cet objectif, à part une aide aux collectivités pour équiper les salles de classe de ventilation mécanique (VMC). Et rien sur l’air extérieur.

Emmanuel Macron veut mettre en place une « planification écologique : pour chaque territoire, avec des choix locaux sur la décarbonation et les énergies ; pour chaque grand secteur économique, pour déterminer par la négociation les solutions de décarbonation, assurer l’investissement, et préserver l’emploi. ». C’est la Première ministre qui en sera directement chargée. A noter également l’intégration de la jeunesse au sein du Haut conseil pour le climat. 

• Education et formation

Des mesures intéressantes : éducation au développement durable pour tous, de la maternelle jusqu’au lycée ; 400 000 personnes formées en plus aux métiers de la transition écologique : énergie, industrie, recyclage et réparation ; tous les dirigeants (élus, administrations, entreprises, exploitations agricoles …) seront concernés via la formation continue.

• Moyens

Pour atteindre ses objectifs, Emmanuel Macron promet 10 milliards supplémentaires par an par rapport à la trajectoire du budget 2022. Il annonce également 8 500 magistrats et personnels de justice supplémentaires d’ici 2027 : bonne nouvelle ou chiffre en deçà des besoins ? Nous avons grand besoin de mieux faire appliquer le droit de l’environnement, pour que la justice aille enfin plus vite que les bulldozers.

• Rapport aux associations 

Elles ne sont quasiment pas mentionnées dans le programme d’Emmanuel Macron, mais il a évoqué le besoin de mettre en œuvre une “nouvelle méthode” lors de son discours d’entre-deux-tours à Marseille. Par la suite, la Première Ministre Elisabeth Borne a réaffirmé la priorité donnée à l’écologie et a mentionné les associations lors de son investiture. Puis, l’après-midi même du premier conseil des ministres, elle a échangé avec nous en présence de ses deux ministres et son secrétaire général chargés de la planification écologique.

Un premier rendez-vous bilatéral a aussi eu lieu la semaine suivante avec la ministre en charge de la planification énergétique. Actes symboliques et concrets à la fois, qui, selon les résultats des élections législatives, devront être confirmés par une régularité et des résultats probants.

• Suivi

Pas de nouveaux indicateurs prévus, on risque donc de garder la mesure de la croissance économique comme unique critère d’évaluation des politiques publiques.

• International/ Europe

il promet d’intégrer des « mesures miroirs » dans les échanges commerciaux pour imposer les mêmes standards de production aux produits importés. C’est une promesse importante, mais qui risque de ne pas suffire pour rendre exemplaire ces traités souvent très alarmants.

Ce qui nous met en boule 

Si la transition écologique apparait dans les discours, les mesures concrètes semblent encore trop timides ou imprégnées de la croyance que la technologie pourra tout sauver. Pour devenir cohérent avec le « devoir d’action » pour la planète plusieurs fois énoncé par Emmanuel Macron, les futurs parlementaires d’Ensemble ! devront aller au-delà.

Notamment sur la question des financements publics, sujet central sur lequel Emmanuel Macron est bien tiède : il attend les résultats d’une mission pour déterminer ses engagements sur la réduction des subventions dommageables à la biodiversité et annonce que le levier de l’éco-conditionnalité des aides, « pourra être activé » pour développer des pratiques plus vertueuses, sans réellement s’engager.  

Coups de cœur  

Peut-on se réjouir du fait qu’Emmanuel Macron annonce une convention transpartisane afin de moderniser nos institutions, pour plus d’efficacité et de vitalité démocratique ? Le cas échéant, il faudrait que cela soit l’occasion de la réforme sur la démocratie environnementale que nous demandons depuis longtemps, pour que le public soit davantage associé aux décisions impactant son environnement. Ceci d’autant plus que les régressions en matière de participation du public décidées durant ce quinquennat vont à contresens des attentes citoyennes. Le résultat de la convention citoyenne pour le climat peut cependant rendre méfiant quant à l’emploi de cette méthode. 

Hériscore global d’Ensemble

• Protection des milieux

Rien sur le nécessaire développement des aires protégées.  Concernant les océans, pas de mesures spécifiques. Les mesures pour baisser le plastique seront néanmoins bénéfiques : un fonds de transition plastique pour arriver à 100% de plastique recyclable ou réutilisable en 2025, une TVA réduite sur les produits fabriqués à base de plastique recyclé. Mais rien pour diminuer l’utilisation du plastique.  Rien sur la forêt qui n’est même pas abordée. 

Le programme prévoit la rénovation des réseaux d’eau et l’emploi des eaux usées pour l’irrigation, donc des mesures plutôt favorables à une baisse des consommations d’eau mais aussi de relancer les projets de stockage de l’eau pour l’irrigation, une fausse bonne idée. Nous regrettons aussi l’absence de mesure pour améliorer la qualité de l’eau.  Notons néanmoins la volonté positive d’augmenter les financements des Agences de l’eau.

• Protection des espèces

Rien sur le sujet. Les prises de position du parti sont régulièrement en faveur de pratiques de chasse néfastes pour la biodiversité.

• Elevage

Rien sur ce sujet.

• Artificialisation

Le programme LR aborde à peine le sujet et ne propose qu’un vague principe de protection des terres agricoles, sans mesures concrètes.

• Transport

Le programme LR annonce vouloir doubler la part du fret ferroviaire en France en passant de 9 % à 18 % d’ici 2030, avec la modernisation du réseau et le soutien au wagon isolé. Mais pas d’engagement clair à stopper les subventions aux camions de transport de marchandises les plus polluants, ce qui signifie que la route restera plus rentable que les autres modes de transports. La mise en place d’une incitation fiscale pour les entreprises qui privilégient le fret est néanmoins un premier pas intéressant.

Pour le transport de personnes : le programme LR mise clairement sur le tout voiture, notamment en promettant de ramener le prix à la pompe à 1,5€ le litre. Sans se préoccuper du fait que le transport est le premier secteur d’émission de gaz à effet de serre en France et que la pollution de l’air cause 48 000 décès prématurés par an. Aucune mesure pour chercher à offrir des alternatives moins polluantes : rien sur les transports en commun ni les mobilités actives comme le vélo.

• Logement

Le programme LR vise la rénovation de 430 000 logements par an. Cet objectif est insuffisant au regard de l’importance de l’enjeu d’une baisse de nos consommations d’énergie, pour atteindre nos objectifs climatiques et gagner en souveraineté.  Et peu de mesures concrètes pour l’atteindre. 

• Energie

Le programme LR prévoit l’ouverture de 6 nouveaux EPR et de réinvestir dans les centrales nucléaires existantes. Ce choix est clairement dangereux pour notre sécurité : il nous rend extrêmement vulnérable aux attaques terroristes, aux évènements climatiques graves ou en cas de guerre. Il est de plus coûteux pour nos portefeuilles : « le grand carénage », opération nécessaire pour remettre à niveau les centrales existantes, est évalué à plus de 100 milliards d’euros et les nouvelles centrales envisagées s’annoncent pire ; sans parler du coût de l’uranium, de la recherche, d’une catastrophe nucléaire que seul l’Etat peut assurer. Par ailleurs, le nucléaire est irresponsable : nous ne savons pas gérer les déchets radioactifs. Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires fait peser ce fardeau sur les générations futures, ainsi que celui des futurs démantèlements d’installations nucléaires. En espérant que tout se passera bien et qu’il n’y aura aucun problème les 100 000 prochaines années.  

Concernant les énergies renouvelables, si nous partageons la nécessité d’améliorer la concertation autour de ces projets, nous déplorons l’annonce d’un moratoire sur l’éolien terrestre lorsque les projets ne font pas l’objet d’un consensus politique local. Pourtant, quels que soient les choix à venir sur le nucléaire, les spécialistes s’accordent à dire que leur développement est incontournable. Attention aux mauvaises solutions comme les agrocarburants qui peuvent entrer en concurrence avec l’alimentation.

• Industrie 

Des mesures bénéfiques pour rendre notre économie plus circulaire : une TVA réduite sur les produits éco-conçus, la généralisation d’une tarification incitative des déchets, un soutien aux ressourceries et recycleries (objectif d’un équipement obligatoire pour 25 000 habitants) et l’extension du principe de Responsabilité Élargie du Producteur aux secteurs non couverts.

• Financements

Le programme LR veut supprimer les financements publics à l’énergie éolienne.

La volonté de mettre en œuvre une véritable politique nationale de prévention, avec une augmentation du budget dédié, est une mesure positive. Néanmoins, le lien avec notre environnement se semble pas avoir été fait, le mot n’apparaissant pas dans le livret santé. 

• Agriculture et alimentation

Le programme annonce vouloir « soutenir une agriculture de production et d’innovation tout en respectant l’environnement ». La lecture des propositions montre rapidement que la première partie de la phrase est plus importante que la seconde. Pas de mesures fortes pour sortir des pesticides, pas de volonté de soutenir l’agriculture biologique ni d’améliorer la qualité des produits servis dans les cantines.

Ici aussi, une approche très techniciste de l’agriculture, notamment via le développement des nouveaux OGM (les NBT, new breeding technologies).

• Substances chimiques

Rien sur le sujet.

• Qualité de l’air 

Le sujet est assez longuement développé dans le programme. Les mesures détaillées sont généralement plutôt positives mais loin d’être suffisantes.  Certaines sont peu contraignantes : une campagne de communication sur les polluants ou encore l’installation de capteurs de mesures de la pollution de l’air et des purificateurs dans les établissements scolaires. D’autres manquent d’ambition : pérenniser des dispositifs existants : fonds air-bois, aide à l’acquisition de véhicules utilitaires légers électriques. Les dernières agissent essentiellement sur les symptômes plutôt que sur les causes : installation de dispositifs de dépollution et de purification de l’air en milieu urbain.

Il manque des mesures fortes pour le transport routier de marchandises, un des secteurs les plus nocifs pour la qualité de l’air. A noter néanmoins la volonté positive de repenser l’urbanisme et l’architecture pour réduire l’impact de la pollution, de créer des commissions locales de l’air intégrant tous les acteurs concernés afin d’arriver à une co-gouvernance partagée et améliorer la dotation des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air.

• Qualité de l’eau

Pas de proposition concrète sur le sujet.

Le sujet de la démocratie environnementale n’est pas abordé dans le programme. Le Grenelle de l’Environnement semble avoir été oublié. 

• Moyens

Les moyens prévus pour la transition écologique ne sont pas non plus détaillés.

• Rapport aux associations

Elles ne sont pas mentionnées dans le programme.

• Suivi

Pas de nouveaux indicateurs prévus, on risque donc de garder la mesure de la croissance économique comme unique critère d’évaluation des politiques publiques.

• International/ Europe

Les LR veulent mettre en place une taxe carbone aux frontières européennes (déjà en cours de négociation entre Etats membres de l’UE), et interdire l’importation de produits qui ne respectent pas nos normes.

Ce qui nous met en boule 

La biodiversité s’effondre, les scientifiques parlent d’une sixième extinction, mais les Républicains ne semblent pas considérer qu’il y a là un enjeu. Pas de livret dédié à la biodiversité dans leur programme. Elle est pourtant vitale pour notre survie.  

De façon générale, les enjeux environnementaux ne représentent pas une priorité dans ce programme. De plus, la volonté de réduire les normes, notamment dans l’industrie et l’agriculture, est régulièrement rappelée, ce qui est fondamentalement contradictoire avec les objectifs de réduction des impacts environnementaux des activités économiques.  

Coups de cœur  

On note une certaine réflexion sur certains sujets santé. 

Hériscore global des Républicains

• Protection des milieux

La NUPES propose beaucoup de mesures protectrices pour les forêts : interdire les coupes rases, diversifier les essences pour que les forêts résistent mieux au changement climatique, encadrer l’usage du bois dans la production d’énergie et mieux lutter contre la déforestation.

Pour les océans, elle propose de créer des aires marines protégées, mais sans aller plus loin que l’objectif déjà prévu par la loi ni augmenter le niveau de protection. Elle propose également de défendre un moratoire sur les forages en Méditerranée et sur l’extraction minière en eaux profondes, de développer la pêche artisanale et de lutter contre les pratiques de pêche illégales ou destructrices. Enfin elle prévoit de lancer un plan de dépollution de nos façades maritimes et fonds marins.

• Protection des espèces

La NUPES prévoit d’interdire les pratiques de chasse cruelles pour les animaux et d’instaurer des jours sans chasse les week-ends, les jours fériés et durant les vacances scolaires. Nous aurions aimé plus de détails sur la cohabitation avec les espèces sauvages.

• Artificialisation

La NUPES veut stopper l’artificialisation des sols et la disparition de surfaces agricoles utiles avec des mesures courageuses : renoncer aux grands projets d’infrastructures inutiles et écologiquement néfastes et aux projets d’entrepôts géants, rapprocher les bassins de vie et les bassins d’emploi, planifier le développement urbain et économique en fonction de l’impératif de maintien de la biodiversité et de lutte contre l’artificialisation.

• Elevage

La NUPES promet déterminer de nouvelles normes pour les conditions d’élevage: accès à l’air libre, densité, et organiser progressivement la sortie de l’élevage en cage avant la fin du quinquennat …

• Transports

Pour les marchandises, la coalition propose un plan de développement du fret ferroviaire, du ferroutage (un mode de transport des marchandises combinant rail et route) et de report modal.

Pour les personnes : un vaste plan d’investissements dans le train avec réouverture des lignes ferroviaires et gares du quotidien, l’augmentation du nombre de trains et des tarifs accessibles, le développement des usages partagés de la voiture et de la mobilité active (plusieurs mesures pour le vélo notamment). Elle propose aussi de supprimer les lignes aériennes quand l’alternative en train est inférieure à trois heures. Une attention est portée aux plus démunis notamment avec un système de mise à disposition de parcs de véhicules à faibles émissions pour les ménages à faibles revenus.

• Energie

Les objectifs sont complètement partagés : viser un mix 100% énergies renouvelables et la sortie du nucléaire avec un double mot d’ordre : sobriété et efficacité. Arrêter les subventions aux énergies fossiles, y compris à l’étranger. 

Nous regrettons néanmoins qu’il n’y ait pas plus de précisions sur les énergies renouvelables à part maritimes. Concernant le nucléaire, à l’exception du PCF, les membres de la NUPES s’engagent à ne pas construire de nouveau EPR. Rien sur le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure.

• Logement

Le programme annonce 700 000 logements rénovés par an. Pour atteindre l’objectif, des mesures concrètes : privilégier les rénovations complètes, cibler les aides à la rénovation en fonction des revenus des ménages, avec un reste à charge zéro pour les plus modestes et un dispositif d’avance de trésorerie. Mais pas d’interdiction des locations des passoires énergétiques.

• Industrie 

On trouve des mesures très concrètes et incitatives pour une économie plus circulaire : former aux métiers de la réparation et du réemploi ; interdire les plastiques à usage unique ; généraliser les consignes ; créer un service public de la réparation et du réemploi; rendre obligatoire l’écoconception des produits ; généraliser l’indice de durabilité des produits, baisser la TVA sur les services de réparation…

La coalition promet de développer la santé environnementale, notamment en faisant du plan national santé environnement (PNSE) un moyen d’éradiquer les maladies chroniques liées à la pollution de l’air, à la malbouffe et à l’exposition aux pollutions dans un cadre professionnel (pesticides, radioactivité, amiante, produits chimiques). 

• Agriculture et alimentation

La NUPES promet l’interdiction immédiate des pesticides les plus dangereux (néonicotinoïdes et du glyphosate), l’interdiction d’épandre tout pesticide autour des zones habitées et une réduction progressive des engrais et de pesticides de synthèse.

Elle promet également de porter l’alimentation dans la restauration collective à 100% biologique et locale, avec une option végétarienne quotidienne pour réduire la part des protéines carnées au profit des protéines végétales.

Pour réorienter complètement notre agriculture vers l’agroécologie, elle propose de réviser immédiatement le Plan stratégique national (document de déclinaison nationale de la PAC) afin de répartir plus justement les aides et les orienter vers l’agriculture écologique et paysanne. L’objectif final : atteindre 30 % de la surface agricole utile en agriculture biologique en 2030 et 100 % en 2050.

• Qualité de l’eau

La NUPES veut atteindre le très bon état écologique des cours d’eau dans le mandat, notamment en adoptant une «règle bleue»: ne pas prendre à la nature davantage qu’elle ne peut reconstituer pour l’usage de l’eau et sa qualité. Pour cela, elle prévoit de renforcer les effectifs de la police de l’eau pour contrôler plus strictement le captage par les industries d’eau en bouteille, et empêcher toute pollution industrielle ou agricole. Mais la redevance pour pollution diffuse, outil d’incitation précise, n’est pas mentionnée.

• Qualité de l’air

La NUPES veut étendre à la Méditerranée les normes écologiques applicables en mer Baltique, notamment en matière de limitation des émissions liées au trafic maritime. Nous aurions aimé un peu plus de détails sur ce sujet.

• Substances chimiques

Nous aurions aimé un engagement fort sur l’étiquetage de ces substances.

La NUPES veut « Engager une planification écologique démocratique pour mettre en œuvre la règle verte, en partant du local et en s’appuyant sur la participation des citoyens, des syndicats, des associations, des collectivités et des branches professionnelles », ce qui nous semble très positif.  

• Suivi

De nouveaux indicateurs de progrès humains sont prévus.

• Moyens

La NUPES veut « lancer un plan massif de 200 milliards d’euros sur cinq ans pour investir, développer l’emploi et la formation, et rétablir des pôles publics dans l’énergie, les transports et la santé, gérés démocratiquement, afin de réindustrialiser le pays par des plans de filières au service de la bifurcation écologique ». 

Elle veut donner les moyens humains et financiers à l’État et ses opérateurs publics (comme le Cerema, l’Office national des forêts, l’Office français de la biodiversité ou Météo France) pour mener à bien leur rôle de planification. 

Elle promet également de supprimer les niches fiscales nuisibles écologiquement.

• Rapport aux associations

La NUPES promet de soutenir le tissu associatif local en maintenant les subventions, en généralisant les conventions pluriannuelles et en sortant de la logique des appels à projets.

• Droit de l’environnement

La coalition prévoit de revenir sur les affaiblissements des normes environnementales et des mécanismes de participation publique décidés lors du précédent quinquennat. Par contre, le principe de non-régression écologique pourtant soutenu par plusieurs des partis de la coalition pendant la présidentielle a disparu du programme.

• International/ Europe

La coalition veut mettre fin aux accords commerciaux internationaux dont les conséquences affectent le climat et la biodiversité et contribuent à la déforestation importée, renforcer la lutte pour le climat au niveau international (notamment : relever les objectifs européens de production d’énergies renouvelables), transformer la politique agricole commune au service de l’agroécologie et de l’agriculture paysanne et relocalisée, dédier au moins 50 % du budget européen au climat et la biodiversité, en s’assurant que le reste du budget n’y nuise pas.

Ce qui nous met en boule  

Pas facile d’évaluer quand des questions clés sont « à la carte » ! Sur certains points (environ «5 % du total»), les membres de la NUPES n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Par exemple, concernant la transition énergétique, le Parti communiste français ne s’associe pas à l’objectif 100 % renouvelables et à l’abandon des projets d’EPR. Le Parti socialiste propose de prolonger l’exploitation des centrales nucléaires. Par ailleurs, le Parti socialiste et le Parti communiste français ne soutiennent pas les propositions relatives à la chasse et à la corrida. Ces points seront soumis à la sagesse de l’Assemblée, c’est-à-dire qu’en l’absence d’accord au sein de la coalition, ce sont les députés qui trancheront en votant selon l’orientation de leurs partis ou leurs convictions personnelles.  

Coup de coeur  

Un programme beaucoup plus riche et détaillé que les autres partis sur l’écologie, avec une vraie prise de conscience sur le sujet de la biodiversité et une gouvernance plutôt démocratique. Seules les incertitudes liées aux sujets non tranchés empêchent la NUPES d’être au meilleur score.  

Hériscore global de la NUPES