Publié le 21 décembre 2016 - Mis à jour le 12 décembre 2025
Comment organiser un Noël festif et vert ? France Nature Environnement vous livre ici quelques idées pour célébrer les fêtes de fin d’année en respectant notre environnement.
Mon beau sapin, roi de Noël
1 - Osez le sapin design avec vos objets du quotidien
Pour offrir un coup de jeune au traditionnel sapin de Noël, osez le Do It Yourself - DIY, et la récup ! Dans cette configuration, vous avez avant tout besoin d’imagination, énergie aucunement polluante. Et si vous manquez un peu d’inspiration, le web regorge d’idées. Tapez « Sapin récup », « fabriquer son sapin » ou encore « sapin do it yourself » dans votre moteur de recherche préféré et une avalanche d’ingéniosité défilera sous vos yeux.
Customisation d’une simple échelle en bois, patchwork de jolies photos, sapin dessiné à la craie sur un mur en ardoise, arbre de Noël cultivé avec de beaux livres… Votre créativité épatera sans aucun doute vos convives, l’activité amusera vos bambins, votre portefeuille vous dira merci et vous n’aurez plus à balayer les épines du sapin.
Notez que vous n’avez pas besoin d’être le roi ou la reine du bricolage pour réussir avec brio certaines de ces déco. Une fois la fête terminée, chaque objet peut retrouver sa place ou être réutilisé pour une autre décoration, les gaspillages sont évités.
2 - Louez un sapin vivant, il sera replanté après les fêtes !
Passez vos fêtes en compagnie d’un sapin vivant. Le principe ? Vous louez un sapin en pot, livré directement chez vous. Ce dernier passe les fêtes en votre compagnie puis un livreur vient le récupérer une fois les festivités terminées : direction la nature pour être replanté. L’année suivante, il sera l’invité d’honneur d’une autre famille et quand il sera devenu trop grand pour une habitation, il ne sera plus jamais déplanté. Si, par malheur, il n’a pas supporté la chaleur des lieux (20 % à 30 % des cas), votre sapin sera transformé en copeaux de bois ou en biogaz.
Un sapin loué, cela évite une exploitation intensive des conifères : chaque année, près de 5 millions de sapins sont coupés pour les fêtes. Et si le concept est bien développé en Amérique du Nord, il essaime encore timidement en France avec seulement deux loueurs repérés par France Nature Environnement : Écosapin et Global Végétal. Vous pouvez également aller chez un paysagiste ou un pépiniériste : ils proposent de plus en plus d’arbres de Noël à la location.
Ma jolie déco anti-gaspi
3 - Faites trôner vos rouleaux de papiers toilette dans le salon !
Les fins de rouleaux de papiers toilette et d’essuie-tout ont désormais toute leur place dans… votre salon avec ces jolies idées de réemploi. Transformez-les en fleurs, feuillages, père Noël, Rennes ou encore hiboux. Pour accompagner ces rouleaux, vous aurez besoin d’une agrafeuse, d’un joli coup de crayon ou encore de papier couleur pour enjoliver ces petits ronds de cartons. Prix moyen ? 0 euro, un coût écologique quasi nul mais votre fierté personnelle, elle, y verra une grande valeur. Vous trouverez quelques idées de bricolage sur Deavita.
4 - Feuilles, branches, pommes de pins… invitez la nature chez vous
Pourquoi ne pas faire de la nature l’objet même de votre déco ? Récupérez par exemple quelques feuilles mortes, emparez-vous d’un marqueur écologique puis laissez parler votre inspiration. Pourquoi ne pas faire également honneur au petit hérisson en testant le collage de feuilles autour d’une agréable frimousse ? Les pommes de pins ont aussi toute leur place pour créer une ambiance de Noël. En guirlande, transformées en lutin avec quelques chutes de feutrine ou dans son plus simple appareil, la pomme de pin de décoration se décline de multiples façons. Avec les branchages et morceaux de bois, là encore la seule limite est celle de votre imagination. Pour les outils de type marqueurs, peintures ou colles, préférez ceux qui affichent des labels environnementaux. C’est une garantie que ce matériel n’est pas nocif pour l’environnement mais aussi pour votre santé.
5 - Offrez des livres (mais pas n’importe lesquels) !
Pour les petits :
Suite à une campagne de crowdfunding réussie, le nouveau tome de la série naturaliste Sève est Dune est arrivé dans vos librairies ! Faites découvrir les aventures de deux jeunes sœurs, Sève et Dune. Des histoires originales et des personnages et animaux attachants, que l’on pourra reconnaître lors d’une balade dans la nature ou au détour d’un sentier. Pour une éducation à l’environnement ludique, poétique, avec relecture scientifique. 🦔
En plus, on peut écouter l’histoire et des musiques ! Le livre est à partir de 3 ans, mais ravira tous les enfants !
En achetant le tome 2 de Sève et Dune : La nuit au potager, vous soutenez également FNE, car nous sommes partenaires de la maison d’édition du collectif Plume, Pinceau & Portée (C3PO) créée par Arzhella et Rekyua, respectivement autrice-compositrice et illustrateur. Ils conçoivent des livres illustrés et musicaux en Bretagne, imprimés en France et accessibles dès le plus jeune âge.
Pour les grands :
Nous vous recommandons ces deux super bandes dessinées : - Horizons climatiques, d’Iris-Amata Dion et Xavier Henrion,pour partir à la rencontre de neuf scientifiques du G.I.E.C et en savoir plus sur les causes et solutions au dérèglement climatique, mais aussi sur les émotions qui accompagnent les prises de conscience écologiques. Une bande dessinée documentaire à ne pas rater ! - Champs de bataille, d’Inès Léraud et Pierre Van Hove à qui on doit également Algues vertes, l’histoire interdite. Dans cette BD on revient sur les politiques de remembrement agricole qui ont permis et orienté le déploiement de l’agriculture intensive. Un retour sur l’histoire de nos terres qui éclaire les problématiques auxquelles nous faisons face aujourd’hui.
6 - Le temps, le plus précieux des présents
Un emballage minimal, peu de ressources naturelles exploitées et des souvenirs impérissables : le temps a bien des atouts pour trouver sa place dans la hotte du père Noël. Une séance de massage, une sortie nature, un concert de rock ou d’opéra, une place pour assister à un spectacle d’humour, de théâtre, découvrir un festival ou profiter d’un salon… les idées de cadeaux dématérialisés sont aussi multiples que les passions.
Pour les adeptes de la table, pourquoi ne pas offrir une invitation dans un bon restaurant, une séance de fabrication de bière, de cours de cuisine ou d’initiation à l’oenologie ? Pour les âmes sportives, les possibilités vont du saut à l’élastique à l’initiation au tango, une après-midi escalade, en raquette ou à cheval… Certains préfèreront peut-être simplement admirer leurs sportifs préférés à l’occasion d’un match ? Vous pouvez également prévoir une escapade, du week-end à la découverte d’une ville à l’après-midi randonnée contée dans un parc naturel, vous trouverez immanquablement un cadeau sur-mesure et adapté à votre budget.
En plus d’avoir bien des atouts sur le plan écologique, la plupart de ces cadeaux s’achètent en deux clics sur internet, ce qui permet d’éviter la foule en ces périodes de forte consommation. Quelques idées sur Wecandoo.fr ou Boomrang.gifts
7 - Promenez-vous dans le rayon jouets en bois
Le charme du bois n’a pas d’égal dans le rayon jouets. Bien plus joli et solide que le plastique, il s’avère également plus écologique s’il arbore un label de qualité garantissant une gestion écologique, sociale et culturelle durable de la forêt pour les générations actuelles et futures. Et vous pouvez lier ce label à une production locale : elle permet de réduire les nuisances dues au transport et de favoriser l’emploi près de chez vous. Et contrairement aux idées reçues, ces jouets ne sont pas forcément plus chers. Pour trouver votre bonheur, direction Jeu jouet éthique, Janod ou encore l’annuaire de la fabrique hexagonale.
8 - Pour Noël, adoptez les jouets de seconde main !
« Qu’est-ce qu’il/elle a grandi ! ». Cette année encore, vous serez probablement surpris·es par la croissance fulgurante de ces chérubins. Des centimètres qui défilent aussi vite que leurs goûts changent. Pour rester dans la course sans pour autant ruiner les ressources naturelles et votre portefeuille, osez l’adoption de jouets de seconde main. Du vélo au jeu de construction en passant par les indémodables déguisements ou jeux de société, les ressourceries, recycleries et autres lieux de réemploi proposent un panel varié de jouets. N’allez pas croire que vous n’y trouverez que des peluches déchiquetées et poupées sans bras. De nombreux acteurs de la réutilisation, à l’image de l’association francilienne Rejoué, ont adopté une « charte du don » afin que les âmes généreuses ne confondent pas « donner » et « jeter ». Pour connaître les ressourceries près de chez vous, direction le site des ressourceries. Pensez aussi aue-shop Label Emmaüs, dédiés aux objets d’occasion.
Vous pensez que vous n’arriverez pas à sauter le pas du cadeau d’occasion ? Dans ce cas-là, tournez-vous plutôt vers des marques écoresponsables comme Greenweez, La Boutique Zéro Déchets…
À cadeaux épatants, emballages stupéfiants
9 - Furoshiki : impressionnez vos convives avec un bout de tissu
Le furoshiki est une technique de pliage et de nouage de tissu apparue au Japon au 8ème siècle. L’emballage faisant partie du cadeau, la pratique s’est érigée en art. Mais à la sortie de la seconde guerre, les sacs plastiques et papiers se généralisent au détriment de la pratique. Depuis une dizaine d’années, le Ministère de l’environnement japonais a décidé de remettre au goût du jour cet art qui s’avère bien plus écologique que les emballages jetables. Un art accessible à tous : un grand carré de tissu, un tutoriel vidéo et vous n’êtes plus qu’à quelques plis d’un fantastique emballage cadeau, réutilisable à l’envi et qui épatera vos amis. Sur le site Paké vous trouverez un large choix de furoshiki 100 % recyclés et fabriqués en France.
10 - Récupérez des papiers (sans passer pour un radin)
Autre option : récupérez des papiers que vous pensiez mettre dans la poubelle du recyclage. Les internautes ont déjà prouvé que l’idée est très loin d’être vilaine. Du papier journal ou un vieux sac en papier brun peuvent apporter un indéniable cachet à vos emballages cadeaux. Vous pouvez également peindre sur du papier afin de sublimer vos paquets !
Dégustez un repas succulent ET bon pour l’environnement
11 - Et si vous invitiez les légumineuses à votre table ?
Haricots, pois chiche, lentilles, fèves… Les légumineuses sont injustement les grandes oubliées de nos assiettes. Les intérêts nutritionnels de ces légumes riches en protéines et minéraux sont avérés tout comme leurs atouts environnementaux. En effet, leur culture permet de réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides. De plus, ces légumes secs ont de longues capacités de conservation, un grande qualité pour éviter le gaspillage alimentaire. Mais leurs bénéfices sont également gustatifs : testez par exemple les tartinades de lentilles corail et haricots rouges, vous y reviendrez.
12 - Une assiette qui encourage un modèle soutenable
Acheter une viande ou un légume, c’est choisir un modèle agricole. Concernant la viande, de trop nombreux animaux vivent dans des conditions indignes, entassés dans des bâtiments, parfois mutilés. Pour l’environnement, vos papilles mais également le bien-être des animaux, abandonnez l’industriel, préférez les élevages en plein air, la viande label rouge ou bio. Ils assurent une vie plus respectueuse de l’animal.
Pour les légumes, vous connaissez également le principe : avec du bio, vous évitez de croquer des pesticides mais vous réduisez également la pollution causée par ces produits dans l’environnement. Les abeilles, les cours d’eau ou encore les sols vous en remercieront.
Ainsi, grâce à votre bon petit plat de Noël, vous encouragerez des élevages et des cultures plus soutenables tout en bénéficiant d’une qualité de produits bien meilleure pour votre palais.
Avec de nombreux convives pour le repas de Noël et pour être sûr.e.s de ne pas manquer, la menace du surdosage plane au dessus de vos plats. Si vous avez été victime de ce syndrome, partagez les restes pour éviter le gaspillage alimentaire. Pourquoi ne pas livrer à la fin de la fête ces surplus de nourriture dans des boîtes hermétiques ? Côté pain, évitez de pré-découper toutes vos baguettes. Si chacun joue de son coup de couteau pour se servir, cela vous évitera de jeter le surplus. À la fin de la fête, vous pourrez congeler le pain en trop pour le conserver.
Et si vous mettiez toutes les chances de votre côté cet été pour profiter d’un ciel dégagé, d’eaux limpides et de nuits étoilées ?
Découvrez votre guide « Pas de nuage sur l’été : les clés pour des vacances sans pollution » pour des conseils simples, concrets et pratiques. Car cet été, on savoure la nature en toute sérénité, tout en la respectant !
Dans ce guide vous découvrirez :
🛢️ 5 pollutions estivales à connaître (et comment les éviter),
🦎 Des gestes simples pour préserver l’eau, l’air, les sols, la biodiversité,
🗓️ Une semaine type de vacances responsables, jour par jour,
🌿 Des applications, astuces, idées d’activités pour petits et grands,
👣 Et des pistes pour aller plus loin… même depuis chez soi !
Les nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM) issus des nouvelles techniques génomiques (NTG) pourraient être bientôt largement autorisés, et répandus massivement et discrètement dans les champs et les assiettes. Une proposition de la Commission européenne de juillet 2023, actuellement négociée par les 27 ministres de l’agriculture de l’UE, prévoit en effet de supprimer, toute obligation d’évaluation des risques, d’étiquetage et de traçabilité pour la quasi-totalité des OGM-NTG à venir. Et ce en dépit des graves menaces que représente cette dérégulation.
Après avoir présenté les 5 bonnes raisons pour ne pas croire aux fausses promesses d’une agriculture durable, FNE dénonce les 5 dangers associés à l’arrivée des nouveaux OGM-NTG.
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Agriculture
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Plus de 200 organisations issues de 20 pays de l’Union européenne donnent l’alerte sur les risques de cette déréglementation des nouveaux OGM en Europe, dans une déclaration commune, publiée le 11 février, et signée par une cinquantaine de représentants du secteur agricole, plusieurs dizaines de sélectionneurs et de distributeurs, et plus de cent associations de la société civile, dont FNE. La liste des dangers associées aux nouvelles techniques génomiques (NTG) est vertigineuse.
Pour tout savoir sur les risques et les enjeux liés aux nouveaux OGM, voir cette vidéo :
Un danger pour la santé, l’environnement et la biodiversité
La proposition de la Commission européenne actuellement débattue inclut la suppression de toute évaluation et surveillance des risques liées aux OGM-NTG. Or, le développement incontrôlé des NTG menacerait l’environnement, la santé et la biodiversité. Ils représentent un danger écosystémique majeur.
La volonté d’exempter les OGM issus des NTG de cette exigence repose sur l’idée que les végétaux issus de ces techniques ne présenteraient pas de risques particuliers, par rapport aux végétaux issus de l’agriculture conventionnelle. Or ce postulat est battu en brèche par des agences nationales et des experts scientifiques, en France, en Allemagne et en Autriche.
En France, en particulier, l’ANSES met en lumière « des risques liés à une modification inattendue de la composition de la plante pouvant générer des problèmes nutritionnels, d’allergénicité ou de toxicité, ou de risques environnementaux à moyen et long terme, comme le risque de flux de gènes édités vers des populations sauvages ou cultivées compatibles ».
Cultiver en plein champ des plantes modifiées par NTG sans une évaluation approfondie et systémique peut être un danger pour la biodiversité, l’agriculture et la santé des populations. Cela reviendrait à transformer l’Europe en un terrain d’expérimentation.
La dissémination non contrôlée, rapide (compte tenu de la facilité à utiliser les NTG) et irréversible de matériel génétiquement modifié risquerait d’accélérer artificiellement l’évolution des écosystèmes naturels, ce qui pourrait gravement bouleverser leurs équilibres.
Parmi les risques possibles, on peut citer l’apparition de résistances chez les ravageurs, la transmission de gènes à la flore sauvages ou encore des effets toxiques sur la faune. Pourtant, ces dangers ne sont pas pris en compte dans le texte proposé. Enfin, ces plantes n’ont pas évolué naturellement avec leur environnement, ce qui les rend comparables aux espèces envahissantes. Or, ces dernières sont déjà la deuxième cause de la disparition de la biodiversité.
Aucune expertise actuelle ne prend en compte les risques systémiques liés aux NTG, alors que c’est à ce niveau que les conséquences risquent d’être sont majeures. Une fois que les produits issus des NTG seront disséminés (sans avoir été pleinement évalués, ni tracés et étiquetés) dans la nature et les cultures, on ne pourra pas revenir en arrière, et les impacts négatifs seront irréversibles.
Ainsi, loin d’être précises et anodines comme promis par la Commission européenne et par les industriels de l’agrochimie, les NTG représentent des risques singuliers par rapport aux plantes issues de l’agriculture conventionnelle, et ne doivent en aucun cas être présumées « équivalentes » à celles-ci.
Face à tous ces constats inquiétants pour la santé et la biodiversité, l’ANSES recommande une évaluation « au cas par cas » des « risques sanitaires et environnementaux » associés aux plantes obtenues par la technologie des ciseaux moléculaires (CRISPR-Cas). Elle propose aussi de mettre en place un suivi après leur autorisation, avec un système de traçabilité et de contrôle des plantes et produits issus des NTG.
Ces mesures existent déjà pour les OGM, mais la Commission européenne veut justement les supprimer pour la plupart des nouveaux OGM-NTG.
Par ailleurs, les critères proposés par la Commission pour exempter ces OGM des règles actuelles sont si larges que presque toutes les nouvelles plantes modifiées voulues par l’industrie seraient concernées.
La dérégulation des nouveaux OGM-NTG présenterait des effets délétères sur les agriculteurs et agricultrices, les petits et moyens sélectionneur·ses de l’Union européenne, les secteurs bio et sans OGM, et enfin l’ensemble la chaîne alimentaire de l’UE :
La privatisation des semences et l’appropriation du vivant par les brevets encouragerait la biopiraterie.
Les poursuites judiciaires contre les agriculteur·rices et les sélectionneur·ses pourraient se développer en raison de plaintes pour violation de brevets
La viabilité et l’existence des secteurs économiques biologiques et sans OGM seraient menacées.
La dépendance des agriculteur·rices à l’égard d’un petit nombre de semencier·es s’accroîtrait de manière irréversible, et leurs coûts de production augmenteraient. À noter que le développement des NTG est dominé par des multinationales comme Bayer-Monsanto ou Corteva via des brevets exclusifs. La dérégulation renforcerait la concentration du secteur des biotechs, ajoutant une dépendance génétique à l’actuelle dépendance chimique de la plupart des agriculteurs, et restreindrait la liberté de circulation du matériel génétique pour les sélectionneurs et les agriculteurs.
La diversité des semences adaptées aux conditions locales et au changement climatique se réduirait, mettant en danger la sécurité alimentaire.
La chaîne alimentaire de l’UE deviendrait plus vulnérable.
Sur ces points et pour plus de détails, voir l’annexe à la déclaration européenne commune du 12 février dernier (traduction Pollinis).
La fin du libre choix des consommateurs et consommatrices
La procédure de déclaration des OGM végétaux issus des NTG telle que prévue par la Commission européenne pour la catégorie 1 (c’est-à-dire, en réalité, pour la quasi-totalité des OGM qui vont arriver sur le marché) prévoit une obligation d’étiquetage limitée aux semences. Ceci implique qu’il n’y aurait plus de traçabilité au-delà du cultivateur d’OGM-NTG, ni d’étiquetage pour les consommateur·rices intermédiaires et finaux.
Ce manque de transparence, inacceptable compte tenu des risques évoqués précédemment, signifierait la fin de la liberté de choix pour les consommateur·rices - comme pour les agriculteur·rices.
Or, lorsqu’ils sont interrogés, les Français·es souhaitent à 91 % que les enseignes de la grande distribution affichent clairement sur leurs produits la présence de nouveaux OGM. Et 77 % estiment que les nouveaux OGM doivent être soumis à une réglementation stricte au niveau européen, la même que celle appliquée actuellement aux OGM.
Actuellement, la réglementation européenne et française assurent aux citoyen·nes, et ainsi aux agriculteur·rices, la liberté de choix de produire et consommer avec ou sans OGM.
Cette liberté est actuellement assurée « sans que cela nuise à l’intégrité de l’environnement et à la spécificité des cultures traditionnelles et de qualité, est garantie dans le respect des principes de précaution, de prévention, d’information, de participation et de responsabilité ». Autant de garanties vouées à disparaître.
Une déréglementation à marche forcée
Malgré les signaux d’alarme lancés par les scientifiques indépendants, des représentant·es du secteurs agricoles et des associations environnementales, les pouvoirs politiques demeurent sous l’influence des lobbies des biotechnologies et de l’agroalimentaire. Comme les médias restent discrets et les citoyen·nes très peu informé·es, les avancées vers une déréglementation des NTG se poursuivent sans que jamais les risques ne soient pris en compte.
Cette progression est facilitée par des manœuvres qui occultent les risques :
Un mensonge stratégique : industriels et politiques répètent dans les médias que « les NTG ne sont pas des OGM », une affirmation fausse tant sur le plan scientifique que juridique. Plus subtilement, la réforme proposée repose sur une « équivalence » entre végétaux issus des NTG et ceux issus de l’agriculture conventionnelle, ce qui est formellement réfuté par des organismes d’expertise comme l’ANSES.
Des conflits d’intérêts et des études biaisées : à plusieurs niveaux, et notamment dans le domaine de l’expertise, des intérêts privés influencent les décisions européennes, compromettant l’impartialité des « évaluations ».
Des retards intentionnels : publication différée des rapports de l’ANSES, report et allègement des projets de recherche sur la traçabilité des NTG - autant de moyens d’éviter des débats éclairés.
Juillet 2023 : la Commission européenne propose la déréglementation des NTG.
Février 2024 : le Parlement européen donne son feu vert.
Février 2025 : les 27 ministres de l’agriculture de l’UE négocient un compromis, dont la conclusion se heurte pour l’instant à la problématique sur les brevets.
Après 30 ans de promesses non tenues par les anciens OGM (qui ont entraîné une hausse des pesticides et renforcé la dépendance des agriculteurs et agricultrices), voici venir de nouveaux discours trompeurs sur les prétendus bienfaits des OGM-NTG. Pourtant, aucun avantage prouvé en termes de durabilité n’existe. Associées à une agriculture intensive, ces technologies ne résolvent pas les défis actuels, elles les aggravent.
Des inquiétudes éthiques balayées
Tous les OGM, y compris ceux issus des NTG, posent des questions éthiques fondamentales liées à la manipulation et l’accaparement du vivant par le biais des brevets. Ces questions exigent la transparence la plus complète jusqu’aux consommateur·rices finaux.
Les OGM recèlent en effet une dimension éthique liée à la relation entre l’homme et la nature, une dimension qui touche aux libertés : l’artifice s’immisce à l’intérieur des processus biologiques, interroge la liberté de la nature à suivre « naturellement » son cours. Avec l’idée d’une certaine responsabilité de l’humanité à l’égard de la « nature », les manipulations génétiques posent des questions éthiques, d’autant plus que cette artificialisation se fait au bénéfice de quelques-uns (appropriation sur le vivant), contre les droits et libertés d’autres.
Or, le texte proposé ne se contente pas de remettre en cause le principe d’information et de transparence pour ces technologies, il ouvre aussi la porte à un précédent dangereux. Il faciliterait à l’avenir l’approbation, sans évaluation préalable sérieuse des risques, de NTG appliquées aux humain·es et aux animaux, et ce du fait de la reconnaissance d’un principe d’« équivalence en substance » entre des produits issus des NTG et ceux issus d’une production conventionnelle ou naturelle, ainsi qu’à la banalisation de ces nouvelles techniques. En réalité, les institutions européennes encouragent déjà le développement des biotechnologies dans des domaines comme la santé, les bioproductions, les micro-organismes et les animaux.
De fait, l’encouragement au développement des biotechnologies appliquées à la santé, aux bioproductions, aux micro-organismes et aux animaux est actuellement à l’ordre du jour des institutions européennes !
Pour aller plus loin
Déclaration commune sur la déréglementation des nouveaux OGM - Protéger l’activité des petits et moyens sélectionneurs, des agriculteurs et des secteurs biologiques et non OGM dans l’UE, 11 février 2025 En anglais et En français .